Dans un communiqué diffusé hier dimanche dans la soirée, le collectif pour la défense des droits des étrangers vivants en Angola dénommée « Solidariedade Africana » a décidé de reporter à jeudi prochain le début de la grève de protestation contre le harcèlement dont sont victimes certains étrangers depuis le début du mois d’octobre.
Ce report se justifie par la simple raison que le week-end dernier, le commissaire général de la police angolaise, Paulo Almeida a annoncé le lancement dès ce jeudi d’une vaste opération policière dénommée « Resgate » dans le but de combattre l’immigration clandestine et de restaurer la sécurité sur l’ensemble du territoire national.
Malgré ce report Luanda a connu ce lundi dans certains quartiers réputés bruyants, une journée peu mouvementée. L’avenue Ngola Kiluanje qui relie le quartier commercial de Sao Paulo au grand marché de Kicolo n’a pas enregistré ses embouteillages habituels des heures de pointe.
A Hoje ya Henda la place vestimentaire de Luanda, les magasins ont bel et bien ouvert leurs portes mais les commerçants se plaignent de l’absence remarquable des clients. On peut facilement percevoir devant les établissements commerciaux des groupuscules de quatre ou cinq personnes hommes et femmes confondues entrain de débattre sur ce qui est entrain de se préparer au niveau des autorités policières.
Sur la Grand Place Cuca habituellement noire de monde, ce lundi, il y a de la place pour tout le monde sur les trottoirs. Les boutiques tenues par les ouest-africains n’ont pas ouvert leurs portes. Les vendeurs des téléphones, congolais pour la plupart ont disparu. Les véhicules de transport en commun stationnés ont du mal à faire le plein des passagers qui y montent au compte-goutte.
Lire aussi : LU POUR VOUS / Angola : Refoulement des étrangers, les retombées politiques d’une décision mal ordonnée https://www.afriwave.com/2018/10/28/lu-pour-vous-angola-refoulement-des-etrangers-les-retombees-politiques-dune-decision-mal-ordonnee/
Marcos Teixeira, conducteur d’autocar y voit déjà un mauvais présage. Cassenda Mart, le Wall street de Luanda où dominent à plus de 70% des ouest-africains et des congolais est sans vie ce lundi. La fameuse « Rua 15 » où se brassent les devises étrangères ressemble à un couloir qui mène en enfer. Les restaurants et débits de boissons tenues par des femmes congolaises affichent : « fermé pour travaux ». Pourtant aucune présence policière n’est encore visible sur la voir publique.
Depuis l’annonce de l’opération « Resgate »qui signifie rachat en langue portugaise, tous les services de la police nationale angolaise sont en état d’alerte maximum pour « racheter une crédibilité » perdue, ternie depuis des décennies. La traque aux étrangers sans papiers devient le cheval de bataille d’une police que Paulo Almeida, le Commissaire général qualifie publiquement « de corrompue, versée dans les délits d’escroquerie, de vol et détournement des voitures, meurtres, fourniture d’armes et munition aux délinquants ».
Avec ce constat pour le moins sombre sur ses hommes, Paulo Almeida entame dans 3 jours une opération policière qui durera tout le mois de novembre, sans avoir au préalable purifié la police nationale des éléments inciviques dont les crimes commis chaque semaine sont reconnus ouvertement par le numéro un de la corporation. La charrue peut bien avancer avant les bœufs.
Pedro da Conceição