AFP
La présidence congolaise est accusée d’avoir une « mainmise » sur deux institutions chargées d’assurer la transparence du processus électoral en République démocratique du Congo (RDC), à moins de deux mois des scrutins cruciaux censés organiser la succession du président Joseph Kabila, selon une étude.
Deux institutions de contrôle mises en cause
« La Commission électorale nationale indépendante (Céni) et la Cour constitutionnelle sont contestées, leurs membres taxés de partialité », selon cette étude publiée jeudi par le Groupe d’Étude sur le Congo (GEC), basé à l’Université de New York.
Pour les auteurs de l’étude, une grande partie de la faiblesse de ces institutions provient de « la capacité de la présidence de la République à contrôler, coopter ou diviser » les différentes forces politiques et sociales qui devraient servir de contrepoids.
Cette « mainmise sur les institutions chargées d’assurer la transparence du processus électoral rend quasi-inopérants les garde-fous existants dans les différents textes qui régissent ces institutions », affirme l’étude.
« Ces accusations de manipulation du processus politique, l’absence de consensus au sein de la classe politique et les contestations qui pourraient en résulter risquent de plonger la RDC dans un nouveau cycle de conflits », estiment les experts dans ce rapport intitulé, « RDC : les élections de tout le danger ».
« Toutes ces accusations gratuites visent à préparer le terrain à ceux qui veulent boycotter les élections. Il y a des actions coordonnées pour éviter que des élections se tiennent », a réagi le directeur de cabinet adjoint du président Kabila, Jean-Pierre Kambila.
L’armée congolaise en soutien logistique
Les forces armées congolaises ont été désignée pour aider à la mise en place des élections. 150 véhicules, 5 hélicoptères et 11 avions ont été mis à la disposition de la Commission Électorale Indépendante (Céni); organe justement mis en cause par l’étude.
Les élections présidentielle, législatives et provinciales clefs du 23 décembre 2018 doivent organiser la succession du président Joseph Kabila. Ces scrutins ont déjà été reportés à deux reprises en 2016 et 2017.
Le président Kabila, qui ne pouvait plus se représenter après deux mandats constitutionnels, a désigné son ex-ministre de l’Intérieur Emmanuel Ramazani Shadary comme « dauphin ».
Vingt et un candidats sont en lice pour cette présidentielle dont deux ténors de l’opposition: Félix Tshisekedi, président de l’Union pour la Démocratie et le Progrès social (UDPS, parti historique de l’opposition) et Vital Kamerhe, de l’Union pour le Congo (UNC), ancien président de l’Assemblée nationale passé à l’opposition.
L’opposition dans son ensemble affirme qu’elle ne boycottera pas les élections bien que la majeure partie continue à réclamer l’abandon de la machine à voter le jour du scrutin que Kinshasa veut organiser seul, sans soutien de la communauté internationale.
« Si la date des élections est maintenue pour le 23 décembre 2018, il est clair que les contrôles institutionnels en place ne suffiront pas à garantir l’intégrité et la crédibilité du processus », conclut l’étude.
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