samedi, novembre 23, 2024
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L’opération « Resgate » et son risque aggravé de l’insécurité et de la pauvreté à Luanda

L’annonce d’une rigoureuse opération policière lancée contre les sans-papiers et les vendeurs ambulants par les autorités angolaises continues à susciter des débats sur la place publique à Luanda.

Nombreux sont ceux qui estiment que Resgate risque de bouleverser l’ordre social, en créant le chômage et l’insécurité à outrance. Des manifestations de rue enregistrées ces derniers jours illustrent à suffisance que le phénomène Zunga est véritablement social. Alfredo Nunes, un sociologue s’étonne que « le gouvernement au lieu de combattre la pauvreté s’applique à combattre les pauvres ».

Parmi les vendeurs et vendeuses de rue, on compte plusieurs anciens effectifs des gangs armés reconvertis en zungueiros comme on les appelle ici, terme signifiant « habitué à faire la ronde ». Ces jeunes gens sont partout sur les trottoirs de rue  la ville. Ils vendent tout. De la petite bouteille d’eau au téléphone portable, en passant par du jus, des vêtements et même des préservatifs à des prix défiant toute concurrence.

Si le luandais les trouve très utiles pour leur service de porte à porte, le gouvernement les considère trop encombrants pour la simple raison qu’ils salissent l’image de la capitale qui n’est pas loin de ressembler aux plus belles villes du monde, entend-on généralement dire.

En réalité le phénomène des vendeurs à la sauvette est apparue à Luanda dans les années 2004, à la fin de la guerre civile. Le retour à la paix a provoqué un exode massif des populations rurales vers la capitale en quête des conditions de vie meilleures. Des centaines de milliers de personnes sans emploi ni qualification ont ainsi envahi la capitale, y compris dans sa périphérie.

Pour survivre, cette couche sociale vulnérable a choisi la vente à la criée sur les trottoirs des rues et avenues de Luanda. Contrairement à ce que d’aucuns affirment, les zungueiros ne sont pas seulement congolais, ils sont aussi et pour la plupart originaires des provinces de Benguela, Kwanza Norte, Kwanza Sul, Uige et Zaïre. Même des natifs de Luanda s’adonnent aussi à cette activité.

Alfa Pemba, une luandaise affirme « je vis de la zunga depuis 15 ans ». Zunga qui signifie circuler est une expression tirée de la langue locale, le  Kimbundu. Ces femmes et hommes qui circulent avec des paniers d’articles sur la tête ou dans des brouettes de fortune pour  vendre sous le soleil ont été donc baptisés zungueiros. Alfa soutient que cette activité l’aide à s’occuper de sa vie et de celle de ses enfants.

Dans une ville où l’indice de banditisme et gangstérisme est parmi les plus élevés en Afrique, nettoyer les trottoirs pour faire disparaître les zungueiros risque de multiplier le chômage, l’insécurité et la criminalité. Quand on sait qu’il ne se passe jamais un jour sans qu’il y ait quelque part dans Luanda une attaque à mains armées qui se solde par mort d’homme.

Pedro Da Conceição

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