A Rangel le quartier commercial de Sao Paulo enregistre ce matin des difficultés d’accès. Les voies routières devenues impraticables suite aux pluies torrentielles de ces deux derniers jours. Les vendeuses ici peuvent se réjouir dans les rues boueuses transformées en marché de fortune parfois à côté des dépôts d’immondices.
« C’est ça notre lot quotidien » s’exclame Denise une vendeuse de T-shirts. « Nous sommes ici vautrées dans la boue, nous avons libéré les trottoirs pour laisser les riches circuler comme ils l’entendent. S’ils s’aventurent à nous poursuivre ici, ils nous auront sur eux », insiste Lena, une mère de famille avec 6 enfants sans mari et locatrice.
Le parking des « armazens » habitué à recevoir en stationnement des minibus de transports collectifs est presque vide. Dona Maria, une vendeuse s’en inquiète : « Ce soir nous risquons de faire le pieds. La majorité des conducteurs de taxis ont croisé les bras » parce qu’eux aussi sont la cible des « Manos gomitos », un péjoratif utilisé pour désigner le policier.
Chez Macon Transportes, le géant des transports routiers par autobus, les salles d’attente sont presque vides. Les lignes desservant surtout les provinces de l’Est du pays, Malanje Lundas, Muxico tournent au ralenti ; les passagers sont devenus rares et les dépôts de fret vides. Alfredo un agent de la société y voit un mauvais sort : « Notre entreprise ressent déjà les conséquences des refoulements massifs dans les provinces. Nous vendions des billets sur réservation. Aujourd’hui faire le plein des passagers pour un autocar de Luanda en province surtout à l’Est devient une utopie. Ce mardi vient encore nous porter un coup dur », poursuit- il.
Si du côté de services de la police on agit pour « remettre le citoyen sur la voie de la civilisation » dit-on, rien qu’aujourd’hui un bon nombre d’angolais travaillant dans les boutiques de certains sans papiers craignent de se retrouver demain au chômage. C’est le cas de Xavieira Manuel vendeur chez un sujet 0uest-africain dans le quartier Cassenda connu mouvementé, mais inerte en ce mardi.
Branca elle aussi est à la limite de cracher sur un gouvernement qu’elle qualifie de tous les noms : « Depuis que j’existe, je ne les ai jamais vu venir à mon secours. Aujourd’hui, ils sont les premiers à combattre celui qui m’a octroyé un emploi grâce auquel je survis, étranger soit-il? »
Elle grince les dents. Pourtant, Ils sont nombreux en Angola, ces nationaux travaillant pour le compte des étrangers sans papiers. On peut bien les percevoir devant les rideaux de fer baissés de certains magasins et boutiques de Cassenda. Le visage tout triste, ils ne savent plus à quel saint se vouer.
Dans sa mise au point faite ce mardi, Paulo de Almeida sensibilise les zungueiros, vendeurs ambulants, à se conformer aux nouvelles normes. Il évoque « une bonne orientation des vendeurs de rue vers des sites appropriés où le secteur informel pourra désormais être contrôlé ». Les « endroits appropriés » qui n’existent que dans la pensée du commissaire général.
D’aucuns se demandent pourquoi agit-il avec autant d’empressement pour un problème qui aurait été étudié et solutionné sans un recours à la coercition. A Sao Paulo par exemple dans les après-midis de ce mardi 06 novembre, un chien policier a mordu au bras une femme au passage ; après s’être subitement détaché des mains de l’agent qui le tenait.
Pedro Da Conceição