La photo d’illustration de cet article dit tout de la fausse ambiance entre les politiciens toujours pas honnêtes et sincères entre-eux. Chacun regardant dans sa direction comme dans un bal des pokers menteurs, l’on sait donc comment s’était passé la désignation du candidat commun.
Alors qu’il savourait son heure de gloire, Martin Fayulu Madidi s’est vu comme stoppé net avec le retrait de leurs signatures de Félix Tshisekedi et Vital Kamerhe du document qui faisait de lui le candidat commun de l’opposition.
Le revirement de deux poids lourds de la nouvelle coalition mort-née que certains esprits « bien illuminés » prennent pour un reniement s’explique par le fait d’une forte pression de leurs bases respectives qui contestaient et refusaient ainsi le choix de leurs leaders.
Comment alors Martin Fayulu Madidi avait-il été choisi alors qu’il n’était pas favori et dans les sondages réalisés tout récemment sa côte n’était pas la plus élevé et que son parti Ecide n’a pas une trop grande représentativité dans le pays ? C’est à la surprise générale et au grand dam des gros partis politiques de la coalition, l’UDPS et l’UNC que le candidat de la Dynamique de l’opposition a été désigné après une élection à deux tours.
Des politiciens pas sincères
Les langues commençant à se délier, l’on essaie de comprendre comment Fayulu a été porté à la tête de la nouvelle coalition Lamuka (Réveilles-Toi). « C’est la duplicité de ceux qu’on considéraient comme des alliés et amis politiques pas toujours sincères qui est à la base de cette implosion 24 h après la signature de l’accord » accuse un conseiller de l’un des deux grands partis ayant récusé leurs signatures.
« Le consensus chanté ne l’était que du bout des lèvres » renchérit un autre conseiller presqu’en colère car s’il l’était, « on n’aurait pas eu besoin de passer par un vote pour désigner un candidat commun ». Et le mode de désignation choisi posait déjà problème avec le vote au premier tour uniquement des 4 candidats encore en lice (Tshisekedi, Kamerhe, Fayulu et Matungulu).
Pour que les deux favoris Félix Tshisekedi et Vital Kamerhe soient qualifiés, Il aurait donc fallu qu’ils votent l’un pour l’autre ; ce qu’ils n’ont pas fait en se neutralisant l’un et l’autre alors que Fayulu et Matungulu l’ont fait l’un pour l’autre. A l’issue de ce vote, chaque candidat s’est retrouvé avec 2 voix, les favoris ayant voté pour les outsiders, en pariant qu’ils voteraient pour eux, ce qui n’a pas été le cas.
Il avait été demandé aux 4 candidats encore en course de proposer chacun deux noms, en commençant par le sien en premier, et en second celui de l’un de trois autres candidats. Outre son nom, Kamerhe avait proposé celui de Matungulu ; Tshisekedi lui, celui de Fayulu, en plus du sien. Les deux autres se sont confortés, Fayulu se choisissant en premier et Matungulu en second ; la même chose pour Matungulu lui-même en premier et Fayulu en deuxième.
Résultats de la course : Fayulu et Matungulu ont obtenu, chacun, trois (3) voix et sont d’office qualifiés pour le deuxième tour ; Tshisekedi et Kamerhe avec une voix chacun, sont éliminés.
Au 2ème tour, les 3 candidats invalidés et empêché (Bemba, Katumbi et Muzito) votaient à leur tour. Tshisekedi et Kamerhe éliminés, Fayulu se retrouvait face à Matungulu pour finalement l’emporter.
La manipulation des candidats hors-course
L’absence d’un consensus sur le candidat commun était une orchestration savamment préparée par les trois candidats hors course pour conduire à un vote où leur plan sera mis en exécution : éliminer Tshisekedi et Kamerhe.
Et le britannique Allan Doss n’avait pas compris cette tactique lorsqu’il a proposé le vote, un piège que ni Tshisekedi ni Kamerhe n’avaient compris, chacun jouant sa partition et qui leur sera fatal aux deux. En proposant un premier tour de vote entre les 4 candidats en lice et laisser les invalidés en dehors était également une stratégie savamment conçue qui les dédouanent aujourd’hui du résultat obtenu aux yeux de l’opinion publique et surtout des leaders et décideurs africains et internationaux desquels ils avaient subi d’intenses pressions depuis plusieurs mois, pour un soutien à un candidat commun qui serait le mieux placé pour le remporter face à la coalition de Kabila.
Que s’étaient dit Fayulu et Tshisekedi
L’entourage des conseillers présent à Genève explique que Félix Tshisekedi avait toujours insisté sur le fait d’avoir un ferme « engagement d’aller dans l’unité en campagne pour les élections du 23 décembre et non pas celui uniquement d’aller en campagne contre la machine à voter » et c’est aux autres aujourd’hui de dire si ce fut vrai ou faux.
Vrai ou faux Fayulu a rencontré pour une dernière fois Félix Tshisekedi pour un tête-à-tête avant le vote fatidique ? A-t-il fait allusion oui ou non à une ente des trois personnalités originaires du Kwilu (Fayulu, Matungulu, Muzito) car ces propos rapportaient sont clairs : « Félix, je voudrais t’informer que pour nous les 3 candidats du Kwilu, nous, nous sommes concertés et nous avons unanimement décidé de te donner nos voix. Tu as donc notre soutien, mais méfie-toi de Vital qui est en complicité avec Bemba et Katumbi contre toi… ».
Ce ne pas un secret de polichinelle que Fayulu n’a jamais porté Kamerhe dans son cœur, encore moins Katumbi pourtant lié par un accord écrit de soutien mutuel avec Félix Tshisekedi. Ceux qui disent tout le mal de Félix peuvent-ils confirmer si oui ou non le samedi 10 novembre il avait refusé de céder sur la position de son parti l’UDPS sur sa participation aux élections AVEC OU SANS la machine à voter ? Une situation qui avait fait retarder le communiqué final jusque dimanche.
Thaddée Luaba Wa Ba Mabungi et Roger DIKU