Plus de 200 églises chrétiennes dites de « réveil » sont descendues dans la rue de Luanda le samedi 1er décembre 2018 pour dénoncer les tracasseries dont elles font l’objet de la part de la police angolaise depuis le lancement de l’opération « Resgate » sur ordre du gouvernement João Lourenço.
Selon la ligue des églises chrétiennes angolaises qui a organisé cette marche, « le gouvernement João Lourenço n’a aucune considération pour les églises évangéliques ». En effet le mois de novembre aura été un mois noir pour les hommes de Dieu servant dans les églises de réveil.
Plus de 500 églises évangéliques ont été fermées sur toute l’étendue du territoire national. La police envahit certaines églises en plein culte, frustrant les fidèles qui finissent par éviter de fréquenter les lieux de prières par crainte d’arrestations. La télévision nationale est devenue, selon les pasteurs des églises évangéliques une véritable tribune pour censurer et ridiculiser les serviteurs de Dieu.
L’Angola, selon sa constitution, est un état laïc. Mais les pasteurs des églises de réveil ont fait un constat triste: le gouvernement afficherait ouvertement son penchant pour les églises catholiques, méthodiste et taoïste.
Ce parti pris aux allures d’une véritable persécution à la hérodienne exige d’une part aux églises de construire des édifices dignes d’être considérées comme des lieux de culte. D’autre part, le gouvernement exige à chaque dénomination un acte juridique de personnalité civile. Pourtant, en Angola les derniers actes de personnalité civile pour les églises datent de 1998. Depuis aucun document officiel n’a été signé bien que les églises qu’on appelle ici les sectes n’ont cessé de naître et de croître.
Les églises de réveil ont joué un rôle important pendant la guerre d’Angola. Des services de prières étaient hebdomadairement organisés pour soutenir le retour à la paix au pays. Luanda dans le cas d’espèces, est une ville dont les indices de délinquance et de banditisme à mains armées sont parmi les plus élevés en Afrique.
Les évangéliques ont réussi tant soit peu à convertir des braqueurs de grand chemin, certains alcooliques et drogués, des femmes prostituées à des serviteurs et servantes de Dieu. Des salles de consommation et ventes de drogues sont devenues des églises dans les ghettos de Sambizanga ou de Cazenga, affirme un homme de Dieu. « Tout ce travail est récompensé en monnaie de singe par un gouvernement qui se disant laïc sur papier a choisi son camp pour combattre l’œuvre du Seigneur » déclare le pasteur Antonio Neves.
Les serviteurs de Dieu sont donc décidés à faire entendre leur voix même jusqu’à l’intérieur du palais de « Nebucadnetsar » à Babylone. « Pendant que des voyous circulent en paix dans cette ville, ils volent, violent et tuent sans être inquiétés, nous sommes devenus les ennemis d’un régime qui oublie que nos églises avaient été sensibilisés pour voter en sa faveur », poursuit le pasteur Ricardo Marques d’un ton plaintif.
La marche qui a commencé aux environs du cimetière Santa Ana non loin du commissariat provincial de la police a pris fin à la Place Primeiro de Maio devant le siège de la Télévision nationale Tpa.
Depuis le lancement de l’opération Resgate au début de mois de novembre 2018, la ville de Luanda a enregistré plus de 8 marches de protestation contre la politique du gouvernement ; une moyenne de 2 marches par semaine. Un record à l’actif de Resgate.
Pedro da Conceição