RDC-ELECTIONS 2018 : Après Kinshasa, la Campagne électorale nationale du « Cap pour le Changement » s’installe dans le Nord-Est

Pour quelques jours encore, la campagne électorale nationale 2018 de l’Alliance « Cap pour le Changement » (CACH) s’est installée depuis ce jour dans le Nord-Est du pays. La première étape et son grand meeting de la tournée nationale ayant triomphé dans la ville de Goma, capitale de la province du Nord-Kivu.

Félix Tshisekedi et Vital Kamerhe accompagnés de leur épouse et compagne ainsi que certains collaborateurs ont été accueillis par une marée humaine en liesse dès la sortie de l’aéroport et sur la route menant vers le Stade AFIA où se tenait le rassemblement.

Devant cette foule en triomphe et dans une sorte de l’ironie, Kamerhe s’est interrogé de savoir « Comment expliquer que les premiers de classe soient les derniers? Comment accepter d’être président de la République pour ne diriger que pendant deux ans ? ». Il voulait ainsi  parler de ce qui s’était passé à Genève et le retrait de leurs signatures de l’accord signé dans cette ville entre opposants.

Le choix de l’Est par la ville de Goma n’est pas un hasard pour le lancement de leur campagne dans l’intérieur du  pays : le Nord-Kivu est un important réservoir de voix : 10 % de l’électorat national mais aussi la « base naturelle » de Vital Kamerhe. Une manière pour les deux opposants d’afficher leur unité dans l’espoir que les électeurs de Vital Kamerhe se reportent sur Félix Tshisekedi au profit duquel il s’est désisté en échange d’un poste de Premier ministre en cas d’élection. L’occasion aussi de tenter de faire oublier leur dissidence de l’accord de Genève, incomprise par certains.

Invitant l’Est du pays et Goma à « voter massivement pour Félix Tshisekedi, le candidat du peuple et du changement », Kamerhe n’a pas manqué de « dénoncer le sale coup » des autres compagnons de Genève dont « les recalés pour qu’ils avaient été compatissants »… sous un non en guise de réponse de la foule.

Dans un dialogue avec la même foule Kamerhe explique «Chaque fois que je commence une campagne ou un voyage, je commence toujours par ici. J’aime le Congo, j’aime Goma ; je connais les problèmes du Nord-Kivu, du Grand-Nord. Aujourd’hui dans toute la communauté Nande, les gens meurent comme des animaux et les autorités à Kinshasa se taisent. Tous les jours, les gens meurent à Beni et à Butembo. La même chose à Masisi et à Rutshuru. C’est notre priorité. Nous devons terminer cela. Moi et Félix Tshisekedi, nous allons nous installer dans le Grand-Nord  pour savoir qui envoient ceux qui tuent les gens par ici ».

Prenant la parole à son tour, Félix Tshisekedi a justifié l’entente UDPS-UNC comme étant une « Alliance entre l’expérience, le combat et la détermination » en soulignant au passage que « Kamerhe a été le meilleur président de l’Assemblée nationale de l’histoire du pays selon les députés » et qu’avec lui à la tête du gouvernement « Nous allons avoir le meilleur Premier ministre de l’histoire de la RDC ». Comme Kamerhe, Tshisekedi a conclu son message en présentant le ticket UDPS/UNC comme « le ticket du changement ».

Sans pour autant rentrer dans le fond de leur programme, Félix Tshisekedi et Vital Kamerhe ont insisté sur la question du rétablissement de la paix et de la sécurité dans cette partie du pays meurtrie depuis plus de 20 ans au travers d’une promesse : « Nous allons établir l’état-major, ici, président et Premier ministre, jusqu’à ce que la paix revienne dans la ville. Toutes ces atrocités que nous voyons à Béni, tous ces massacres, toutes ces violences, nous allons les éradiquer ».

En cas de victoire de leur alliance, les deux politiques comptent offrir des nouvelles « possibilités » d’épanouissement aux jeunes dans le pays pour Kamerhe : « Nos jeunes aujourd’hui, s’ils sont des clients des groupes armés, c’est parce qu’il n’y a aucune politique qu’on a à proposer pour les jeunes dans ce pays. Les jeunes seront formés de façon accélérée aux métiers : électricité, bâtiment, mécanique… Parce qu’il est écœurant de voir que, même que pour conduire les bulldozers, ce soient les étrangers qui viennent ici. Non, non, non ! ».

Pour sa part, Félix Tshisekedi promet l’instauration d’un « Service à la patrie » soit militaire ou civil pour les jeunes Congolais après leurs études secondaires, afin, explique-t-il, qu’ils apprennent « à aimer leur pays et à défendre leur patrie ».

Parlant de Félix Tshisekedi, Vital Kamerhe  « l’enfant de l’Est » explique son choix de le soutenir en le présentant comme : « humble, visionnaire et calme. Il connaît les priorités des Congolais, il sait très bien que les Congolais vivent dans des conditions infrahumaines. Et je vais demander à toute la population du Nord-Kivu de voter massivement pour le candidat numéro 20, Félix Tshisekedi ».

Echange d’amabilités obligent, Félix à son tour estime que « Vital Kamerhe a été le meilleur président de l’Assemblée de l’histoire du pays et sera le meilleur Premier ministre ». Les deux opposants n’ont pas manqué de critiquer leurs anciens alliés de Genève et leur choix de refuser la machine à voter : « Ils sont incapables de dire si oui ou non, le 23 décembre, ils vont aller aux élections. Et nous, nous disons, ça c’est une position qui permet de maintenir Joseph Kabila et sa médiocrité aux affaires ».

Selon le programme établit, le marathon de la campagne devra se poursuivre dans le Nord-Est du pays  et la province de la Tshopo du côté de Kisangani le 10 décembre. En attendant, ce sont les territoires de Walikale, Bukavu, Uvira et Bunia ce 06 décembre courant.

Thaddée Luaba Wa Ba Mabungi