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LUANDA : Les vendeuses ambulantes de Rangel protestent devant le palais présidentiel

Luanda, à Rangel ce lundi 03 décembre 2018 au matin, la police municipale fait irruption, cassant les portes des dépôts de fortune où les vendeuses ambulantes ont l’habitude de garder leurs marchandises. Dans une opération de grande envergure lancée ce lundi matin à Rangel quartier commercial du centre-ville de Luanda, la police municipale équipée d’armes, chiens et chevaux a assiégé les dépôts de stockage des marchandises des vendeurs ambulants.

Brisant les portes des vieilles maisons reconverties en dépôts de fortune, les policiers ont emporté dans leurs véhicules de patrouille tout ce qu’ils pouvaient trouver, sous les pleurs des femmes vendeuses. « Une opération aux allures d’un pillage organisé que la police a menée » déplore un commerçant dépité.

« Si Resgate interdit la vente sur la voie publique, le rôle de la police est à la limite d’empêcher les vendeuses à envahir les trottoirs ou d’arrêter les contrevenants. Curieusement, pour la police urbaine à Luanda, Resgate est devenue une aubaine pour dépasser les bornes de la loi » dit un autre vendeur ambulant.

Selon des témoins sur place, se comportant en véritables spécialistes de vol, les policiers ont décidé de quitter les trottoirs pour contrôler des parcelles censées abriter les dépôts des « zungueiras ». Ces vendeuses dont le capital de petit commerce atteint difficilement 50 $ ont perdu pour certaines jusqu’à leur vie de suite de certaines violences policières depuis le début de la controversée opération Resgate.

Une protestation dans la rue

Sans force et face à des forces de sécurité surarmées, les vendeuses réunies ont improvisé une marche pour manifester leur ras le bol contre une police sans compassion. Plus de cinq cent femmes ont traversé les avenues de la luxueuse cité de Mutamba jusqu’au palais présidentiel du bord de l’océan Atlantique.

Scandant des chansons hostiles à une police devenue ennemie du peuple, elles sont allées solliciter le recours du président de la République. A quelques dizaines de mètres du palais, la garde présidentielle est intervenue d’un ton très conciliant pour convaincre ces femmes à parler avec un responsable chargé pour la circonstance à les écouter afin de transmettre leur doléances au chef de L’État.

Marisa, une cinquantaine révolue peut crier : « moi et mes deux amies, nous étions des vendeuses de chanvre. L’âge que nous avons atteint nous a convaincu de laisser de vendre du chanvre pour nous débrouiller autrement dans la rue ». Son amie Teresa intervient brusquement : « on nous incite alors à retourner à vendre du chanvre pour nourrir nos enfants ».

Si les vendeuses de rue souscrivent à l’idée de s’incorporer dans les marchés municipaux pour exercer leur activité, elles se plaignent du fait qu’il n’existe pas suffisamment d’infrastructures pour accueillir cette masse humaine dans les marchés. La ville aurait au préalable construit des marchés en sites appropriés à l’exercice du petit commerce pour résorber ce problème érigé en un véritable phénomène social.

Aujourd’hui, Resgate apparaît comme un rideau de fer dressé pour cacher la pauvreté et la misère de la population. Donnant à Luanda une image de luxe sur ces avenues pendant que la vie dans les ghettos est loin d’être rose.

João Figuereido Manuel

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