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RDC : Compte à rebours explosif avant les élections dimanche

Par SudOuest.fr avec AFP

La République démocratique du Congo, qui élit le 30 décembre le successeur du président Joseph                          Kabila, est un pays instable d’Afrique centrale, parmi les plus pauvres au monde malgré son fort potentiel minier.

Après trois reports depuis fin 2016, les Congolais doivent désigner dimanche le successeur du président Joseph Kabila à la tête du plus grand pays d’Afrique sub-saharienne, qui stocke d’immenses richesses minérales, mais dont la pauvreté des habitants entretient l’instabilité chronique. 

Fait sans précédent, Joseph Kabila, 47 ans, a renoncé à briguer par la force un troisième mandat interdit par la Constitution.

Trois candidats se détachent dans la course à sa succession : son « dauphin » Emmanuel Ramazani Shadary, donné perdant par les sondages de trois organismes, et les deux opposants, Martin Fayulu et Félix Tshisekedi. Ces trois hommes promettent d’injecter en cinq ans des dizaines de milliards de dollars dans l’économie pour élever le niveau de vie moyen des Congolais (458 dollars par personne et par an).

Frontières fermées

Quelque 1,2 million d’électeurs (sur 40 d’enregistrés) ne pourront pas voter, principalement dans les poudrières de Beni et Butembo (Nord-Kivu, Est), où les élections ont été reportées à mars par la Commission électorale nationale indépendante (Céni). Raison invoquée : les tueries de civils et l’épidémie d’Ebola.

« Illégal », « inacceptable »… : l’opposition affirme que la Céni exclut du vote des bastions anti-président Kabila. Une partie de l’opposition avait appelé ce vendredi à une grève générale, peu suivie. Des manifestations ont été dispersées par les forces de l’ordre.

Jusqu’à la dernière minute, des polémiques émaillent ces élections, dont la tenue ne sera certaine qu’à l’heure de l’ouverture des bureaux de vote dimanche matin. Le ministre de l’Intérieur Henri Mova a indiqué que les frontières « terrestres, lacustres et fluviales » de la RDC seraient fermées le jour prévu du vote. L’armée viendra en renfort des opérations de police, avait-il indiqué avant le dernier report d’une semaine des élections du 23 au 30 décembre.

Kinshasa a refusé toute aide financière et logistique des Nations unies présentes depuis 20 ans au Congo ou des Occidentaux pour l’organisation des élections.

À trois jours du vote, Kinshasa a demandé jeudi soir le départ du représentant de l’Union européenne dans les 48 heures. Il s’agit d’une mesure de rétorsion de la RDC après le prolongement des sanctions européennes qui visent 14 officiels congolais, dont le candidat du pouvoir à l’élection présidentielle, M. Ramazani Shadary.

Un pays sous tension

État continent

Grand comme 80 fois la Belgique, ancienne puissance coloniale, c’est l’État le plus vaste d’Afrique centrale, abritant 81,3 millions d’habitants (Banque mondiale, 2017), majoritairement catholiques. Il partage ses frontières avec neuf pays : Congo-Brazzaville, Centrafrique, Soudan du Sud, Ouganda, Rwanda, Burundi, Tanzanie, Zambie et Angola.

Un peu d’histoire

Le Congo belge devient indépendant en 1960, dirigé par le président Joseph Kasa-Vubu et le Premier ministre Patrice Lumumba.

En 1961, Lumumba est assassiné. En 1965, Kasa-Vubu est renversé par Mobutu, qui rebaptise le pays Zaïre et règne sans partage jusqu’en 1997, année où il est lui-même renversé par Laurent-Désiré Kabila, qui renomme le pays République démocratique du Congo.

Le pays est ravagé par deux guerres régionales (1996–1997 et 1998–2003). Ces conflits, entamés dans le Kivu (est) par des rébellions qui se sont élargies, ont impliqué jusqu’à sept pays africains sur le sol congolais, dont le Rwanda. Plus d’un million de Rwandais hutu s’y étaient réfugiés en 1994 après le génocide.

Crise politique

En 2001, Joseph Kabila succède à son père assassiné. Il est élu président en 2006 lors des premières élections libres depuis l’indépendance, puis réélu en 2011, lors d’un scrutin marqué par des violences et des fraudes.

En 2015, la perspective d’un maintien de Kabila au pouvoir au-delà de son dernier mandat déclenche de violentes manifestations avec des dizaines de morts. Fin 2016, un accord politique lui permet de rester jusqu’à des élections prévues fin 2017. Mais le scrutin sera repoussé à fin 2018. Plusieurs manifestations réclamant son départ sont sévèrement réprimées.

Crise sécuritaire et humanitaire

Malgré la présence de la plus importante mission de l’ONU, la Monusco (17 000 soldats), la RDC est en proie à de nombreux conflits. Plus d’une centaine de groupes armés sont répertoriés dans le Kivu (Est).

Les rebelles ougandais musulmans de l’ADF sèment la terreur dans la région de Béni, où ils sont accusés d’avoir tué des centaines de civils, ainsi qu’une quinzaine de Casques bleus. L’armée affronte aussi la milice congolaise Yakutumba dans le Sud-Kivu. Le Kasaï (centre) a lui basculé dans la violence en septembre 2016 après la mort d’un chef coutumier tué par les forces de sécurité. .

Des violences intercommunautaires ont lieu également en Ituri (nord-est) et dans le Tanganyika (sud-est). En mars 2018 l’ONU faisait état de 7,7 millions de personnes en situation d’insécurité alimentaire. La RDC est également confrontée à des épidémies d’Ebola et de choléra qui ont fait plusieurs centaines de morts.

« Scandale géologique »

Ce pays parmi « les plus pauvres », pourrait, selon la Banque mondiale, devenir un des plus riches du continent s’il surmontait son instabilité politique, grâce à ses richesses minières qualifiées de « scandale géologique ».

La RDC est le principal producteur de cobalt, indispensable aux téléphones portables, qui vient d’être classé « minerai stratégique ». Parmi ses autres richesses : or, cuivre, diamants, fer, nickel, manganèse, bauxite, uranium, étain, coltan… En 2017 la croissance s’est établie à 3,7% selon la Banque mondiale.

Foisonnement artistique

Vivier de créativité artistique, la RDC est un royaume de la rumba et de ses dérivés (la danse ndombolo, les chorus de guitare sebene…), avec des chanteurs parmi les plus populaires d’Afrique comme Papa Wemba, décédé en 2016, ou Koffi Olomide.

Le foisonnement de la culture congolaise, de la photo à la peinture en passant par la sculpture, a été célébré en 2015 par l’exposition « Beauté Congo » à la Fondation Cartier à Paris. Article à lire sur : République démocratique du Congo : compte à rebours explosif avant les élections dimanche https://www.sudouest.fr/2018/12/28/republique-democratique-du-congo-compte-a-rebours-explosif-avant-les-elections-dimanche-5691724-4803.php

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