Cela fait des années que le dossier est en cours au niveau de la justice belge. Une quinzaine d’enfants congolais auraient été enlevés par une association peu scrupuleuse. Ces enfants ont ensuite été mis à l’adoption, moyennant frais à payer, dans des familles belges. Les parents de ces enfants auraient été abusés sur place, l’association prétendant organiser des camps de vacances.
Au fur et à mesure de l’enquête, un vaste réseau a été mis au jour, et serait soupçonné d’avoir facilité le « vol » de ces enfants. Au centre de cette organisation, aux ramifications internationales, se trouverait la belgo-congolaise Julienne Mpemba, à la tête de l’orphelinat de Tumaini, qui a été actif plusieurs années en RDC.
Pour attester de la filiation de ces enfants avec les parents congolais qui affirment avoir été trompés, la justice belge a donc demandé aux parents adoptifs de faire parvenir des échantillons ADN de l’enfant qu’ils ont accueillis.
Cette situation dramatique frappe de plein fouet de nombreuses familles congolaises, mais aussi des familles d’accueil en Belgique.
Plusieurs parents adoptifs d’enfants provenant de l’orphelinat congolais Tumaini ont décidé de se constituer partie civile dans le volet pénal du dossier de séquestration d’enfants et de trafic d’êtres humains. Georges-Henri Beauthier est l’avocat de trois de ces familles d’adoption. Il a répondu à nos questions.
Est-ce que ces tests ADN vont permettre de faire avancer le dossier ?
Pour moi c’est un faux débat. Et certainement pour mes clients. Depuis trois ans mes clients ne contestent absolument pas qu’ils sont les victimes comme les parents congolais de filières qui vendent des enfants volés. Donc il est très clair que le test ADN ne viendra rien changer, puisque personne que je sache conteste ici que les enfants qui sont ici sont venus dans une filière avec des faux papiers. Et que leurs parents, dont certains ont des contacts éloignés mais ont des contacts avec mes clients par intermédiaires, manifestement sont des gens qui eux aussi vivent un cauchemar.
Ce que mes clients demandent depuis deux ans et demi, c’est que les véritables responsables de ces filières soient interrogés, interpellés et répondent de leurs actes.
Il y a des responsables de ces filières de vols d’enfants au Congo, et nous le disons haut et fort, il y en a en Belgique. Il y en a d’ailleurs en France, il y en a d’ailleurs au Etats-Unis puisque d’ailleurs le dossier fait apparaître que les commissions rogatoires sont parties dans différents pays et que les filières ne sont pas uniquement dirigées vers la Belgique. Mais il y a des filières qui ont œuvré en Belgique.
Est-ce qu’il y aurait des personnes éclaboussées en Belgique ?
L’enquête et l’instruction doivent être menées de façon très approfondie. On est au cœur d’un système qu’il faut absolument dénoncer, puisqu’on a vu que, non seulement il y avait des filières en Belgique, mais également aux Etats-Unis. Il y a donc des gens qui sont dans des situations de décideurs qui sont à mettre mis en cause. Nos clients se retrouvent avec des faux certificats, avec de fausses attestations. Il est clair que ce n’a pas pu tomber du ciel comme ça.
Il est évident qu’une filière qui s’organise depuis le Congo, avec des ramifications internationales dont la Belgique doit compter sur des criminels qui sont en Belgique qui ont pu faciliter ce genre de trafic odieux. Mes clients, comme les familles d’origine, sont dans une situation cauchemardesque qui dure depuis trois ans au moins.
Est-ce que la Communauté française (compétente pour ces matières, ndlr) a correctement fait son travail ?
Il est important que le juge d’instruction, dans une instruction complète, nous dise qui sont les responsables en Belgique de ce qui s’est passé dans cette véritable tragédie.
Article à lire sur : Enfants « volés » en RDC : « Il y a des responsables en Belgique » https://www.rtbf.be/info/monde/detail_les-enfants-voles-en-rdc-il-y-a-des-responsables-en-belgique?id=10131300