Le désormais feuilleton « la vérité des urnes », cher au candidat malheureux Martin Fayulu va de revers à revers. Tel un match de tennis, le combat de Fayulu pour réclamer la présidence de la république se déroule en plusieurs manches.
Devant la Cour constitutionnelle: défaut des preuves
Après la publication des résultats provisoires par la CENI, Martin Fayulu a introduit une requête à la cour constitutionnelle. Mais il s’est avéré que la cour a rejeté sa requête pour faute des preuves.
Le candidat malheureux n’a pas étayé ces allégations de victoire avec des preuves suffisantes. C’est fut la première manche.
Le terrain Sainte Thérèse, transformée en haut lieu de tribalisme
La deuxième manche se joue au terrain Sainte Thérèse. Des milliers des partisans ont été invités pour écouter le discours sur la vérité des urnes.
Mais les messages d’incitation à la haine scandés par ces militants ont terni l’image de cette manifestation.
Fayulu dans l’antre de l’UA
La troisième manche se joue à la Cour Africaine de Droit de l’Homme et des Peuples.
Espérant être rétabli dans son droit de « président légitime » face au « président légal » Martin Fayulu est vite désillusionné.
En effet, si l’on en croit le Professeur Mbata, sa requête a peu de chance d’aboutir. Ce tribunal n’est pas compétent pour juger le contentieux électoral en RDC.
Deux raisons ont été évoquées par le professeur Mbata :
La première raison est que la RDC a simplement signe (9 sept 1999) mais n’est pas partie au Protocole de la Cour parce que notre pays ne l’a pas encore ratifie ni déposé son instrument de ratification auprès de l’UA.
La seconde raison est que même si elle l’avait déjà ratifié le Protocole de la Cour, la RDC n’est pas parmi les neuf pays qui ont déposé la déclaration prévue à l’article 34 (6) du Protocole autorisant la Cour a recevoir des requêtes émanant des individus ou des ONG sous leurs juridictions !
La troisième manche n’est pas gagnée. Mais Fayulu ne lâche pas l’affaire. Et pourtant c’est beaucoup de perte, en termes de temps et d’argent. Quand on connait les rémunérations des avocats et les coûts de transport.
Le dernier rêve s’écroule
Désormais la dernière carte de Martin Fayulu se joue au 32ème Sommet de l’UA tenu à Addis Abeba du 10 au 11 février.
Le 08 février, il écrit une lettre adressée aux chefs d’État et des gouvernements participant à ce sommet. La particularité de cette lettre est qu’elle écrite au nom propre de Fayulu et non de la coalition Lamuka.
Dans sa lettre à l’UA, Martin Fayulu exige deux choses :
Il demande d’abord la mise en place d’un comité spécial de vérification de la vérité des urnes. Ainsi que la réorganisation des élections dans un délai de 6 mois comme alternative à la crise de légitimité.
Une fois encore, mauvais timing de la part du candidat de Lamuka. Bien que certaines langues diront que c’est légitime. Oui son action l’est dans la forme mais pas dans le fond. Le sommet de l’UA n’est pas le lieu indiqué pour débattre sur le contentieux électoral d’un état souverain.
Les États sont astreints à la non-ingérence dans les affaires intérieures des États. Quand on sait que le président Félix Tshisekedi vient d’être élu par ses pairs 2ème Vice-président de l’UA.
Sa présidence prend en charge la zone Afrique centrale. Et dans cette optique, la lettre de Fayulu a plus de chance de tomber au bureau de la 2ème vice-présidence. Félix Tshisekedi sera chargé de traiter un dossier dont il est le principal accusé. En définitive, cette énième requête a comme ses précédentes peu de chance d’être validé.
Et comme un malheur n’arrive jamais seul, le meeting de Lamuka prévu ce dimanche 10 février a été reporté. Fabrice Puela, député proche de Fayulu, parle des raisons stratégiques et organisationnelles. Il y a moins de chance que celui prévu à Goma le vendredi 15 février puisse avoir lieu.
L’UE enfonce le clou
Un autre camouflet vient de l’UE. Elle vient de reconnaître publiquement le pouvoir légitime de Félix Tshisekedi. C’est dans une lettre datant du 5 février et signée par Donald Tusk et Jean-Claude Juncker. Les deux sont respectivement présidents du Conseil européen et de la Commission européenne. L’UE se dit prête à travailler avec le nouveau régime et voir son représentant rentrait en RDC.
Il reste à Martin Fayulu de briguer le poste de porte-parole de l’opposition. Question de faire le contrepoids du pouvoir certes avec les avantages d’un ministre d’État. Mais là encore, rien n’est garanti. Les poids lourds de Lamuka ne lâcheront certainement pas le morceau.
Bemba, Katumbi, et Muzito seront certainement de la course. De loin, on sent déjà sonné le glas d’une fin. La fin d’une ambition aux allures démesurées d’une obsession : « Président à tout prix »!
Ketsia Keredjim
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