PAR D.F.
Cela s’est passé vendredi à Kinshasa. Le nouveau président Félix Tshisekedi a participé à sa première cérémonie de vœux au corps diplomatique. Son discours était très attendu, puisqu’il devait indiquer les orientations de politique internationale prises par le nouveau chef de l’État, après la période de relatif isolement diplomatique dans lequel son prédécesseur a placé le pays.
Félix Tshisekedi marque sa différence, puisqu’il souhaite une normalisation diplomatique avec ses partenaires européens. Son discours a aussi fait apparaître un désaccord entre l’ancien et le nouveau pouvoir congolais. Le président n’a pas prononcé une partie du discours qui lui avait été préparé par le ministère des Affaires étrangères. Le passage sauté demandait la levée des sanctions imposées par l’Union européenne contre plusieurs responsables de l’appareil sécuritaire congolais.
Dans le texte du discours distribué à la presse, le président lançait une » appel pressant pour la levée du sanctions « . L’Union européenne a adopté des mesures (gel des avoirs et des visas) contre 14 personnes impliquées dans des entraves au processus électoral et dans la répression violente des manifestations anti-Kabila. Des membres de l’UDPS, le parti de Felix Tshisekedi, ont été les victimes de ces exactions.
Incompréhension de la présidence
La présidence congolaise a fait part de son incompréhension sur la présence de ce passage dans la version écrite du discours. Un proche du président a expliqué à RFI que le texte avait été préparé par le ministère des Affaires étrangères, toujours dirigé par Léonard She Okitundu, un pilier du régime de Joseph Kabila. » On a essayé de lui forcer la main « , assure ce collaborateur.
La République démocratique du Congo vit une période de transition. En attendant la désignation d’une nouvelle équipe, le gouvernement nommé par son prédécesseur Joseph Kabila est toujours en place et expédie les affaires courantes.
Dégel des relations entre le Congo et l’Europe
Dans le discours finalement prononcé par Félix Tshisekedi, le nouveau président prône un « dégel des relations entre la République Démocratique du Congo et nos partenaires européens « . Il préconise l’échange mutuel d’ambassadeurs dans les plus brefs délais. Pour le moment, la RDC n’a plus d’ambassadeur à Bruxelles, ni auprès de l’Union européenne, ni auprès de la Belgique. De même, il n’y a plus d’ambassadeur de l’UE ni de Belgique à Kinshasa. Félix Tshisekedi honore ainsi la promesse faite fin décembre, s’il était élu, de rappeler à Kinshasa l’ambassadeur européen, le Belge Bart Ouvry.
Cette normalisation diplomatique souhaitée par le nouveau chef de l’État congolais concerne également la Maison Schengen. Ce dispositif consulaire géré par la Belgique délivre à Kinshasa les visas pour 20 pays européens. Elle produisait, avant sa fermeture par Joseph Kabila en janvier 2018, quelque 25.000 visas par an. Félix Tshisekedi demande sa restructuration et sa réactivation.
Cette expulsion de l'Amb. de l'UE illustre bien la nervosité et l'incertitude qui règnent dans le camp sortant. Je présente, au nom de la RD Congo, mes excuses à Bart Ouvry et à l'UE, et m'engage à le rappeler à Kinshasa et à rouvrir la Mson Schengen, dès mon élection prochaine.
— Félix A. Tshisekedi (@fatshi13) 28 décembre 2018
Article à lire sur : « On a essayé de lui forcer la main » : Félix Tshisekedi résiste aux demandes de l’ancien gouvernement congolais : https://www.rtbf.be/info/monde/detail_on-a-essaye-de-lui-forcer-la-main-polemique-autour-d-un-discours-de-felix-tshisekedi-en-rdc?id=10147323