Invitée à une émission dans un média de la place, un haut cadre de l’Envol, parti membre de Ensemble, déclare que Moïse Katumbi sera le porte-parole de l’opposition.
Une déclaration qui bien que non officielle vient relancer la polémique sur le prochain porte-parole de l’opposition.
Décidément la prochaine désignation du porte-parole de l’Opposition politique risque d’être un fiasco comme en 2006 et en 2011. Et pourtant ?
Toute l’opinion est unanime pour reconnaître ce titre à Martin Fayulu du fait qu’il est 2e des élections de 2018. Cela lui confère tant soit peu l’avantage, d’autant plus qu’il est présent sur terrain avec son fameux : combat pour la vérité des urnes.
Les ambitions affichées par les uns et les autres présagent déjà un signe de division et de fracture au sein de la coalition Lamuka.
Avec l’investiture du gouvernement, les bureaux de l’Assemblée nationale et du Sénat devront fixer la désignation du porte-parole.
Donc, les jours sont comptés pour l’Opposition politique qui a l’obligation légale et constitutionnelle de désigner son porte-parole dans les dix jours à venir.
Fayulu-Bemba-Katumbi: qui cèdera la main à l’autre ?
Pourtant, des ambitions affichées au sein de Lamuka se dégage une fracture qui risque de mettre en mal le consensus à dégager sur le choix du porte-parole de l’Opposition.
Pour rappel, les dispositions de l’article 19 de la loi portant statut de l’Opposition en RDC stipule :
«Le porte-parole de l’Opposition politique est désigné par consensus, à défaut par vote au scrutin majoritaire à deux tours dans le mois qui suit l’investiture du gouvernement par les députés nationaux et les sénateurs de l’Opposition politique».
Cacophonie au sein de Lamuka
Or il s’avère qu’au sein de Lamuka, les ambitions de Katumbi bien que non dites mais telle une iranienne émancipée, ne sont pas voilées.
En effet, depuis l’investiture de Félix Tshisekedi, ce dernier s’est montré très aphone. Or certains leaders d’Ensemble se montrent plus enclins à soutenir Félix Tshisekedi. Delly Sessanga et Claudel Lubaya ont été les premiers à reconnaître la victoire de Félix Tshisekedi.
Ensuite, il y a Kyungu Wa Kumwanza qui a même déclaré que « Moïse Katumbi ne sera jamais un opposant de Félix Tshisekedi ». Et d’ajouter : « La RDC n’a qu’un président et il s’appelle Félix Tshisekedi ». Une position qui tranche avec celle de Martin Fayulu qui se bat pour la vérité des urnes et qui ne reconnaît pas la victoire de Tshisekedi.
Lutundula est venu éventrer le boa en déclarant que la coalition Lamuka qui est une plateforme électorale n’existe plus. Une déclaration choc qui a ressuscité les cadavres des placards de Lamuka. Ce qui a poussé certains militants de Lamuka a exigé qu’il donne sa position officielle.
Réaction immédiate du vice-président
d’Ensemble, Pierre Lumbi.
Ce dernier qualifie de personnel les avis exprimés par ces membres mais ne les
sanctionnent pas. Liberté d’expression oblige !
Toutefois, dans un communiqué, il promet de donner officiellement la position de son mouvement le dimanche 24 février.
Cette communication a été reportée à mardi 26 février sans que la cause ne soit évoquée.
La reconnaissance de Tshisekedi par Lamuka comme préalable
« Nous voulons simplement rappeler que le moment est venu pour que
les membres de Lamuka se mettent en tête qu’ils ne peuvent pas se tromper de
cible.
C’est ce qui a fait que lors des élections de 2011, au lieu que l’Opposition
s’organise en front commun contre Kabila, ils se sont mis à se mutiler entre
eux. Il appartient aux membres de Lamuka de reconnaître d’abord le président
élu Félix Tshisekedi et se déclare être l’opposition républicaine »,
a déclaré Vicky Mbiya, vice-président de de GSP.
Il ajoute que:
» Si Martin Fayulu peut se prévaloir de ce statut pour son classement lors des derniers scrutins et sa popularité actuelle. Il ne doit pas oublier que Moïse Katumbi a 64 députés nationaux. Ce qui fait d’Ensemble dans ses regroupements AMK et G7 comme la première plateforme de l’opposition au parlement. »
.
La désignation du porte-parole doit se faire selon certains critères
Par ailleurs, Sylvain Kamany, acteur politique et ancien vice-président du parti le démocrate, se veut réaliste.
Selon lui, le choix du porte-parole doit se faire sur des critères objectifs.
« Le premier élément, c’est que le porte-parole de l’Opposition doit être un acteur politique disposant d’un leadership avéré. Il doit maîtriser l’environnement micro et macro politique de notre pays et il doit être un rassembleur pour porter la voix de cette communauté hétérogène ».
Répondant à une question relative à l’hypothèse de la prise en compte de l’ordre d’arrivée à la présidentielle de 2018 parmi les critères, Sylvain Kamany n’exclut personne : «Au sujet du critère lié au suffrage exprimé, ce que nous faisons entre dans le cadre d’un apprentissage démocratique. Si Martin Fayulu arrivait à refuser ce poste, et que les critères établis par l’Opposition donnent droit à Moïse Katumbi ou Bemba, je crois que nous serons appelés à agir objectivement en lui laissant la place, sans jalousie, sans considération subjective. Pourvu que cela se fasse suivant les règles démocratiques».
Martin Fayulu n’est-il pas preneur ?
Du côté de LAMUKA, on ne se donne aucune illusion: Fayulu n’est preneur d’aucun poste.
» Martin Fayulu est le président légitime de la RDC. Pourquoi se battrait il pour un poste de subalterne, » déclare un haut cadre du MLC qui a requis l’anonymat.
Mais pourtant sa tournée de la vérité
des urnes semble dire le contraire.
Il s’affirme de plus en plus comme tel.
Déjà dimanche à Matadi, il a posé la question aux militants venus nombreux au terrain Damar : « On m’a demandé d’être Premier Ministre, qu’est-ce que vous en dites ? »
Au cours des législatures 2006-2011 et 2011-2016, les deux bureaux des Chambres du Parlement n’avaient pas réussi à procéder à la désignation de son porte-parole. La démarche constitutionnelle de désignation du porte-parole de l’Opposition a pour but de renforcer et de consolider la démocratie pluraliste.
Mais elle favorise aussi la participation de l’ensemble des forces politiques à la construction nationale. Elle vise à fixer le débat politique dans les limites de la légalité et du respect réciproque et assurer l’alternance acceptée, pacifique et apaisée.
Thierry Bishop Mfundu
Article à lire sur : Porte-Parole De L’opposition : La Guerre Est Lancée Au Sein De LAMUKA https://capsud.net/2019/02/25/porte-parole-de-lopposition-la-guerre-est-lancee-au-sein-de-lamuka/