C’est le début de la fin d’une errance territoriale avec l’obtention par Moïse Katumbi de son tout nouveau passeport biométrique congolais qui lui permettra à coup sûr un retour au pays, bien « qu’aucune date pour ce retour n’a été arrêtée, les conditions politiques et sécuritaires n’étant pas remplies » selon sa plateforme politique Ensemble pour le Changement.
Les démarches entamées le mercredi 27 février 2019 auprès de la chancellerie congolaise à Bruxelles se sont avéré plus rapides que l’on ne s’y attendait. Selon des sources, une instruction stricte du nouveau chef de l’État Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo « jadis ami et frère de Katumbi » serait à la base de ce déblocage.
La copie dudit passeport ci-dessous circulant sur les réseaux depuis le jeudi 28 février 2019.
Pour rappel, c’est depuis mai 2016 que Moïse Katumbi vit en exil à Bruxelles après des démêlées judiciaires avec ses anciens amis du régime Kabila. Candidat déclaré à l’élection présidentielle qui s’est finalement tenue le 30 décembre 2018, il n’avait pu regagner le Congo pour déposer sa candidature ; le même pouvoir Kabila l’en ayant empêché de traverser les frontières depuis la Zambie où il se trouvait.
Condamné à trois ans et demi d’emprisonnement dans une affaire de spoliation immobilière, qu’il a toujours affirmé montée de toutes pièces ; Katumbi demeure poursuivi dans plusieurs affaires dont le recrutement présumé de mercenaires et aussi l’usurpation de la nationalité congolaise, pour avoir acquis et détenu un temps la nationalité italienne alors celle congolaise est exclusive. Des faits qu’il a toujours niés.
Katumbi otage d’un clan ?
Affirmant vouloir continuer son combat politique au sein de l’opposition, Moïse Katumbi malgré son silence depuis l’élection de Félix Tshisekedi a semblé être devenu l’otage « d’un clan » au sein de la coalition Lamuka créée jadis pour soutenir la candidature de l’opposition en novembre 2011.
A travers la déclaration de la plateforme Ensemble pour le Changement et celles de certains de ses leaders à l’instar de Gabriel Kyungu Wa Kumwanza qui se dit ne pas être dans l’opposition contre le pouvoir actuel, Christophe Lutundula pour qui la coalition Lamuka a fait son temps, Delly Sesanga, Claudel Lubaya, José Endundo ; l’on sent bien une volonté réelle de « libérer » le président Katumbi du « carcan clanique opportuniste » qui lui semble imposé par Muzito, Matungulu sans compter Bemba autour de Fayulu avec des revendications jusqu’auboutistes sans lendemain.
Comme l’a affirmé Pierre Lumbi, « la vérité des urnes » certes, mais maintenant le combat politique devra se tourner vers « l’édification d’un État de droit et la restauration de la démocratie, dans la paix et la sécurité » pour la reconstruction du pays. Une décision certes sage sur la voie de la raison alors que personne n’est aujourd’hui obligé à s’allier au nouveau président de la République dans un quelconque gouvernement pour la gestion du pays.
Certes qu’Ensemble pour le Changement va s’engager dans la voie de la construction d’un Etat de droit. Mais toutes choses restant égales par ailleurs, il serait mal venu de la part de ce groupement politique de mettre sur le dos de Félix-Antoine Tshiskedi les dérives que ce dernier veut corriger.
Les animateurs d’Ensemble ont été tous au pouvoir avec Kabila et n’ont jamais montré beaucoup de préoccupations pour mettre en place, à leur niveau ; les fondements de cet Etat de droit dont ils prétendent devenir les gardiens et les garants. Ne leur faudrat-t-il pas une sérieuse dose d’humilité dans leurs propos ?
Roger DIKU
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