C’est depuis le mardi 19 mars 2019 que la critiquée pour ses méthodes Agence Nationale des Renseignements (ANR), considérée comme la police politique du régime a un nouveau patron en la personne d’Inzun Kakiak qui remplace le plus craint que redouté Kalev Mutond sous sanctions européennes et en place depuis 2011 pour répression disproportionnée des manifestations de l’opposition dans les dernières années du règne Kabila.
Et ce, au terme d’une ordonnance-loi signée le président de la république Féluix-Antoine Tshisekedi Tshilombo. Trois autres hauts responsables dont l’administrateur-adjoint, les chefs du département intérieur et celui extérieur à la tête du puissant organe chargé de la sûreté de l’Etat et ses dirigeants ont été nommés dans la foulée.
Pour rappel, durant la campagne électorale comme candidat et dans ses premiers discours de chef de l’Etat, Félix Tshisekedi avait toujours insisté et promis une « humanisation » des services de renseignements présents sur tout le territoire, accusés aussi d’arrêter et de détenir hors toute procédure judiciaire des opposants politiques, des simples manifestants ou des défenseurs des droits de l’homme ; mais aussi et surtout la fermeture de tous ses cachots en dehors de ceux reconnus par la justice.
Inzun Kakiak, un vrai policier
L’ancien n°2 des renseignements et successeur de Kalev est présenté dans les milieux comme un « homme discret et un vrai flic » à l’image de François Beya, le nouveau conseiller spécial en matière de sécurité du chef de l’Etat dont il serait un proche.
Originaire du territoire d’Idiofa dans l’ancienne province de Bandundu, Inzun Kakiak est aussi considéré comme un « un pro de la sécurité » à l’instar de son prédécesseur à ce poste Kalev Mutond. Ancien Chef des Travaux à l’IPN, il est considéré comme « fils maison et un vrai flic » qui n’a jamais fait autre chose que dans les renseignements depuis la deuxième République sous le régime Mobutu selon un proche de l’ancienne Agence Nationale de Documentation (AND) devenue ANR.
L’on se souviendra de lui dans les années 1990 après un accident de circulation dans lequel il faut impliqué dans le cadre d’une filature d’un opposant.
D’Inzun Kakiak, l’opinion générale comme les défenseurs des Droits de l’Homme attendent une « vraie rupture » avec les méthodes brutales de son prédécesseur Kalev Mutond en privilégiant le respect de la Constitution et des droits humains.
Poursuites en vue contre Kalev ?
« Maintenant qu’il n’est plus là, il doit être poursuivi par la justice. Sous Kalev ces huit dernières années, l’ANR a détenu au secret des opposants, des animateurs de la société civile et des mouvements citoyens pendant de longues périodes, sans l’assistance des avocats et des familles », a déclaré à l’AFP Jean-Claude Katende, président de l’Association Africaine des Droits de l’Homme (Asadho).
Pour lui comme pour le collectif des organisations de défense des Droits de l’Homme congolaise, Kalev devrait être poursuivi entre autre pour « détention arbitraire et tortures », des dossiers étant déjà constitués et leur dépôt devant la justice prévu dans deux semaines, a-t-il ajouté.
Pour les organisations de défense des Droits de l’Homme, Kalev Mutond avait fait de l’Agence nationale de renseignement (ANR) une « police politique » au service du régime Kabila. Patron tout puissant de l’ANR depuis 2011, proche de Kabila, Kalev est l’un des 14 responsables congolais sous sanctions de l’Union européenne (UE) pour atteinte aux droits de l’Homme et entrave à la démocratie.
De son côté, l’Association Congolaise pour l’Accès à la Justice (Acaj) par son président, Me Georges Kapiamba, annonce également devoir engagé des poursuites « avec un groupe d’une dizaine de familles de victimes d’ arrestations, d’enlèvements, de détentions arbitraires, des tortures et autres mauvais traitements d’ici le mois prochain ».
Thaddée Luaba Wa Ba Mabungi
