A peine nommé et alors même que son gouvernement n’est pas encore connu, le premier ministre Sylvestre Ilunga Ilunkamba est pointé du doigt. Il a été vite rattrapé par son passé récent de gestionnaire sous Mobutu d’abord et sous Kabila ensuite.
Cette indexation intervient quelques jours seulement après sa présentation aux cadres et militants du Parti du Peuple pour la Reconstruction et le Développement (PPRD). « Premier ministre nommé d’un pays, Ilunga Ilunkamba en tant que personnalité de la République a commis une grave faute politique en s’affichant ainsi car il n’appartient plus à sa famille politique. Que faut-il encore pour que les gens comprennent que les époques ont changés, et que les mœurs et coutumes politiques doivent suivre ? » s’indigne sous anonymat un cadre de la plateforme Cap pour le Changement (CACH) pourtant en coalition de gestion du pouvoir avec le Front Commun pour le Congo (FCC) auquel appartient le PPRD, parti du chef du gouvernement.
En effet, celui que l’on présente comme « l’homme du consensus » et le « moins conflictuel » de tous ; mais qui s’est affiché paré des couleurs de son parti politique le mardi 21 mai 2019 n’est pas simplement le technocrate proclamé. Il a été épinglé lors de la tenue des assises de la Conférence Nationale Souveraine (CNS) dans les années 1990 par la Commission des Assassinats et Biens mal acquis.
Dans une longue liste de près de 200 personnes ; tous anciens cadres du MPR parti- État, ministres et autres mandataires de l’État, Ilunga Ilunkamba figure en bonne place au numéro 38.
Il faisait partie de ces « personnes assujetties à une contribution spéciale pour la reconstruction de la Nation et un rapatriement de la moitié de richesse liée à leur participation à la gestion des biens publics sous le 2ème République et la pré-transition » note les archives de la CNCS.
« 29 ans plus tard après la CNS et avec son retour aux affaires, qu’est-ce qui a changé dans la personnalité de Ilunga Ilunkamba » se demande une bonne partie de l’opinion nationale ; raison même des réticences d’une autre partie de la classe politique avec son dernier passage à la tête de la Société Nationale des Chemins de Fer du Congo (SNCC) dont le bilan n’est que peu réluisable. « C’est l’avenir proche qui nous dira plus » commente un autre politique.
Thaddée Luaba Wa Ba Mabungi