C’est en principe ce jeudi 25 juillet 2019 que s’ouvre le procès du Lieutenant-Général John Tshibangu Bonso Bamusua devant la Cour militaire de la Garnison de Kinshasa, rue Lubefu dans la commune de la Gombe.
Extradé à Kinshasa au matin du 05 février 2018 après son arrestation rocambolesque en Tanzanie lors d’un transit, l’ancien officier des Forces Armées de la RDC en rébellion contre sa hiérarchie avait d’abord été détenu au secret avant un transfert dans la prison militaire de Ndolo à Kinshasa.
Pour rappel, c’est dans la nuit du dimanche 28 au lundi 29 janvier 2018 que John Tshibangu s’était fait arrêter sur dénonciation à Dar-es-Salam en Tanzanie alors qu’il transitait par l’aéroport de ce pays en provenance de Nairobi au Kenya. Jusqu’à présent, on n’en sait exactement rien sur ce qui se serait passé et où il se rendait malgré les affirmations sans preuve de l’ancien ministre de Justice Thambwe Mwamba qui annonçait « qu’il aurait été arrêté à la frontière entre la Tanzanie et la RDC ».
Entre les mains du Renseignement militaire (Demiap) où son arrestation lui avait été signifié, John Tshibangu avait fait l’objet d’un « interrogatoire serrée sur sa présumée rébellion, ses contacts politiques, son réseau extérieur qui l’avait aidé dans sa cavale ainsi que ses connexions avec des soi-disant groupes islamistes dont la triste Seleka centrafricaine ».
Dans la foulée, un autre ancien fugitif de l’armée congolaise en la personne de Freddy Libeba Laongoli avait été appréhendé et transféré à Kinshasa. Cet ancien bras droit de John Tshibangu fut arrêté à Bangui le 09 juin 2017 au cours d’une opération conduite par le ministre de l’Intérieur de l’époque en personne, Jean-Serge Bokassa, avant de s’évader spectaculairement le mercredi 18 janvier 2018 de la prison du Camp militaire Roux à Bangui à l’issue d’une visite médicale. En compagnie d’un autre codétenu congolais du nom d’Alexandre Mitshiabu, ils étaient présentés comme des anciens lieutenants de Tshibangu et membres de son mouvement politico-militaire le Front du Peuple pour le Changement et la Démocratie (FPCD).
Inquiétudes de la famille et des proches
S’étant battus contre son extradition vers Kinshasa, ce fut une réelle déception et une peur tangible qu’avait toujours exprimé sa famille comme ses proches depuis le transfèrement de John Tshibangu à Kinshasa par la Tanzanie. Là où son épouse Charlène Lukanu parlait d’une « mort » certaine si son mari était livré à Kinshasa, son mouvement politico-militaire ; par son Directeur de Cabinet Thierry Kyalumba Kabonga disait craindre qu’il y ait une « atteinte à sa vie » dans un bref communiqué publié depuis Dar Es Salam en Tanzanie.
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L’avènement du nouveau président de la République Félix Tshisekedi a redonné espoir à tous qui ne réclament que la libération pure et simple de John Tshibangu. Et pour motif, la grâce présidentielle accordée aux détenus politiques et autres d’opinion. Ses proches expliquant que « Si John Tshibangu avait pris les armes, c’était pour réclamer la vérité des urnes et la restitution de l’imperium à Etienne Tshisekedi dont la victoire à la présidentielle de 2011 avait été volée par Joseph Kabila ».
Pour son mouvement politico-militaire, « La lutte continue » et la « Victoire est au peuple congolais ».
Tshibangu otage ?
En cette veille de son procès, les associations de défense des droits de l’homme sont montées au créneau pour dénoncer ce qu’elles considèrent comme étant une prise en otage de John Tshibangu. Eccha-RDC, Asadho, FIDH et ANMDH, L.E. et NICS-HR « considèrent que le colonel John Tshibangu est détenu pour autres motifs que ceux présentés dans la décision de renvoi » devant la Cour d’ordre militaire du 06 mai 2019 après « une année et six mois de détention » jugée irrégulière.
Ainsi, les « organisations signataires du communiqué du 24 juillet 2019 exigent « sa libération conformément à l’ordonnance du président de la République auprès de qui elles sollicitent le bénéfice des mesures de décrispation prévues en faveur des détenus et des exilés ou condamnés pour s’être opposé au régime de Kabila ».
Mais aussi à la « Cour militaire de permettre à John Tshibangu de présenter ses moyens de défense, de tenir compte de la volonté du président de la République de le libérer et de permettre à John Tshibangu les dispositions pour bénéficier des soins médicaux adéquats exigés par son état de santé ».
Thaddée Luaba Wa Ba Mabungi et Roger DIKU