Par Serge GONTCHO
Aux derniers jours de la deuxième guerre, Hitler s’était rendu à une évidence qu’il avait fait trop de mal pour pouvoir échapper à la sentence immanente du ciel. Il a cependant continué à arborer une façade de caïd, alors qu’il avait déjà conçu dans son cœur le plan de mettre fin à sa vie et à celle de sa maîtresse Eva Braun. Moins d’une heure avant leur suicide, il était sorti de son bunker pour décorer et féliciter son dernier pré carré sans rien leur communiquer de son plan.
N’en serait-il pas de même avec Joseph Kabila qui a perdu son pouvoir, lui qui était persuadé de le conserver d’une manière ou d’une autre, tant on lui avait fait croire que le peuple congolais était stupide et manipulable à souhait ?
Il avait vingt-sept ans quand, dans les colonnes de l’AFDL avec son père Laurent-Désiré Kabila, il est entré en RDC en conquérant, pour chasser Mobutu. En 2001, il succède à son père assassiné dans des conditions non encore élucidées, pour un règne dix-huit ans qui aura détruit le pays à tous les étages.
Que des morts qui lui sont imputées, à tort et à raison, directement et indirectement : Armand Tungulu, Floribert Chebeya, certains allant aussi loin que lui trouver une intelligence avec les responsables de l’assassinat de son père. Il est également pointé du doigt pour les massacres à l’est où les hauts responsables militaires, sous son commandement, en tant que chef des armées, sont clairement pointés du doigt. Le trafic des minerais du sang, la déstabilisation de l’est, qui fait les affaires d’un certain plan de balkanisation de l’est, voilà autant d’autres problèmes où son rôle est loin d’être limpide et patriotique. Il se dit même que Bosco Ntaganda, jugé dernièrement à la CPI pour crimes contre l’humanité, a indirectement fait allusion à lui comme « Autorité morale » des crimes qui lui sont reprochés.
Toutes ces casseroles, ces morts dans les placards, seraient passés sous un « certain silence » semble-t-il, selon les termes de l’accord qu’il aurait passé avec Félix Tshisekedi pour une passation pacifique du pouvoir.
En tout état de cause, ce deal ne dérangeait pas outre mesure le peuple congolais, toujours prompt à passer l’éponge, pour autant qu’on lui « foute » la paix. Force est de constater cependant que c’est Kabila lui-même qui scie la branche sur laquelle il est assis en multipliant les crocs-en-jambe à Félix.
En voulant imposer un premier ministre au pedigree par trop maffieux, en bloquant la promulgation du gouvernement avec des exigences exorbitantes et vexatoires, en imposant un président du Sénat aussi venimeux que Thambwe Mwamba, Kabila a mis Félix dans une situation très inconfortable qui l’a cabré. Tout se passe comme si, pour JKK, il n’y aurait plus de choix qu’entre la CPI, et le combat pour un pouvoir à vie.
Le même choix impossible semble s’imposer à Thambwe Mwamba et Evariste Boshab. Le premier, mal aimé dans son Maniema natal qui lui préfère Augustin Matata Ponyo, traîne derrière lui le souvenir des dizaines de civils morts dans le crash de l’avion abattu par un missile du RDC dont il était inopportunément cadre et porte-parole.
Quant au second, il semble qu’il est hanté par l’esprit du Chef Kamwina Nsapu qu’il ordonna d’assassiner, par les deux experts de l’ONU qui lui valent une poursuite de la part de la Communauté internationale, et par les centaines de victimes du pogrom Kasaïen. Pour les trois, c’est soit le pouvoir à vie, soit la perspective d’une justice qu’ils pressentent sans pitié pour eux.
Ainsi, Joseph Kabila Kabange (JKK) place aux postes stratégiques des gens qui ont tout à perdre dans un état tranquille, où l’on pourrait leur demander des comptes. Il tient tellement à ce profil particulier qu’il est prêt à sacrifier une portion importante de ses effectifs, l’AFDC-A notamment, de Bahati.
Ce dernier, en effet, se pose en rival de Thambwe Mwamba au sein du FCC, pour le perchoir du sénat. Si tous les deux partagent le bilan négatif de la majorité du temps de Kabila, le second, contrairement au premier, n’a pas autant à craindre que le premier d’un état en paix. Il n’a pas la gueule de l’emploi. Ce dont Kabila à la tête du sénat c’est « Du sang sur les mains ».
La situation est grave mais il n’est pas encore trop tard. Nous invitons Joseph Kabila à ne pas persévérer dans la voie sans issue de la confrontation avec le Chef de l’Etat. Il est sénateur à vie, et cela veut dire quelque chose, pour sa sécurité.
Nous appelons Thambwe Mwamba et Evariste Boshab à renoncer à leur projet de monter au perchoir du Sénat avec l’arrière-pensée de faire un coup fourré à Félix Tshisekedi, comme ils le font déjà avec la machination de Minembwe dont le but est de mettre Félix en porte-à-faux avec le peuple congolais, à travers une campagne de communication-désinformation bien orchestrée.
Enfin, nous appelons les sénateurs FCC, s’ils ont encore un peu de lucidité, à ne pas, pour l’argent ou pour le pouvoir, vendre leur âme à un plan diabolique qui risque de leur coûter plus qu’il ne rapportera.