Par Serge GONTCHO
Ce samedi, le vote pour le Bureau définitif du Sénat a livré son verdict : Thambwe Mwamba élu Président du Sénat avec 58.3 % des voix, contre 41.7 % pour son challenger Modeste Bahati. Malheur au vainqueur, car si l’instantané des résultats place Alexis Thambwe Mwamba en tête, elle est trompeuse car cachant une cinétique en descente vertigineuse.
En effet, si l’on compte que Thambwe Mwamba est le candidat de la coalition, ses 101 candidats sénateurs réunis lui octroieraient mathématiquement 93.6 % de voix. Et donc, on assiste à une déperdition de 35 % de voix … en six mois.
S’il y a quelqu’un qui doit pleurer ce soir, ce n’est assurément pas Modeste Bahati auteur d’une « remontada » qui, même si elle n’a pas permis de remporter le graal, entre déjà dans les annales. Avec tout l’argent dépensé, l’ultimatum suivi des menaces d’exclusion aux sénateurs qui fricoteraient avec le dissident Bahati, et l’intervention personnelle de Joseph Kabila Kabange (JKK) qui a jeté toutes ses forces dans la bataille, cette maigrichonne victoire a plutôt des relents de défaite. Et comme on peut déjà le voir dans les réseaux sociaux congolais, il n’y a pas de larmes qui coulent sur les joues des anti-JKK.
D’où viennent les 41 % de Modeste Bahati ? De l’AFDC-A elle-même d’abord, mais aussi de la coalition aile CACH, de LAMUKA et d’une partie du FCC. Telle est la vérité de l’urne de cette élection à la présidence du Sénat, à savoir « le peuple, au-delà de nos bagarres, est unie dans sa lutte contre le système, et contre JKK qui s’en veut le gardien ».
C’est sur ce levier qu’il faut dorénavant appuyer, et non plus se diviser pour des broutilles improductives. JKK n’est plus au pouvoir ! Il ne peut pas tuer Modeste Bahati ni les sénateurs AFCD-A et FCC qui lui ont fait un pied-de-nez. Alors de quoi a-t-on peur ? Il n’y a plus rien, c’est l’homme qui a peur.
Steve Mbikayi et consorts ? Ce ne sont là que les derniers des flagorneurs, ministres experts en basse flatterie, qui jouent le va-tout de Matolo dans l’espoir d’avoir encore un tout petit poste quelque part dans les institutions de demain. Le retournement de veste c’est demain. Il faut seulement les ignorer. On le verra demain venir avec leur veste déchirée mendier la pitié et une place à l’ONATRA qu’il a quittée dans les conditions que vous savez ! Car Kabila ne lui donnera rien.
Au CACH de faire la place qu’il faut à l’AFDC-A dans le nouveau paysage politique qu’impose cette redistribution. Et même LAMUKA, s’il le voulait, devrait avoir droit à la parole dans cette « Union sacrée pour la Nation ». Le camp du Changement (CACH-AFDC-LAMUKA) doit retrouver l’union qui était la sienne avant Genève et que cette élection vient remettre à l’ordre du jour « avec impact et idéologie ».
Il ne faut pas se tuer pour des postes ; laissons ce rôle au FCC, pour susciter d’autres départs massifs, car, on le sait, les vautours voudront toujours tout pour eux-mêmes et leurs épouses et enfants. C’est Dieu qui les a dotés d’un appétit mortel pour qu’ils se bouffassent entre eux, au rythme de « Mangez-vous les uns les autres ».
Ah, j’allais oublier. Où est passé Evariste Boshab, candidat vice-président ? Un petit tour puis s’en va ? Le sang de Kamwina Nsapu pèse sur sa tête. Sammy Badibanga, veuillez ne pas cracher sur la main que vous avez nourrie et qui vous a fait, oyo esali que ozala.
Modeste Bahati, aksanti sana. Uko muana ume ! (Merci beaucoup, vous êtes un homme, NDLR traduction Swahili).