Ce mois de septembre 2019 marque la commémoration des tragiques événements des 19, 20 et 21 septembre 2016 où des manifestations pour réclamer la tenue des élections et le départ de l’ancien président Joseph Kabila avaient été durement réprimées ; faisant du coup plusieurs victimes tant à Kinshasa qu’en provinces.
Avec sa nouvelle chanson « Reposez en Paix, Hommage à nos Martyrs », le rappeur Junior Nlabu Mapeki dit Radek Suprême se rappelle le souvenir de ces « dignes fils et filles du pays tombés » pour avoir réclamé une alternance politique pacifique.
Il y dénonce ce qu’il considère être « les crimes d’Etat où personne n’en parlait, la justice étant réduite au silence » sous le régime Kabila ; les images du clip officiel se déroulent aux cimetières de la Nécropole Entre Ciel et Terre de la commune rurale de la N’Sele où sont enterrés certaines de ces victimes.
Pour cet artiste engagé, « célèbres ou anonymes », il fallait rendre « un hommage mérité » en la mémoire de ces héros, « immortaliser le combat » qui leur a couté la vie ; mais aussi et surtout lancer un « plaidoyer » pour que justice leur soit rendue ainsi qu’à leurs familles. « Ils sont partis et ne reviendront plus, ainsi le destin en a voulu ; la mort n’étant qu’une suite logique de la vie, vos corps pourrissent mais pas vos esprits » rappelle-t-il dans la chanson.
Parmi ces victimes innocentes tombés en 2016, il cite Rossy Mukendi Tshimanga, Déchadé-Thérèse Kapangala Mwanza, Éric Bokolo, Hussein Ngandu, Papy Tshiswaka… Le politique Daniel Boteti, le journaliste Serge Maheshe, le militaire Mamadou Ndala, le défenseur des Droits de l’homme Floribert Chebeya et son chauffeur Fidèle Bazana, l’activiste Luc Nkulula, Armand Tungulu n’ayant pas été oubliés.
Droit d’images YouTube Radek Suprême
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Pour rappel, Radek Suprême fut arrêté le 19 mai 2015 et incarcéré 9 mois durant dans le cachot de l’Agence Nationale des Renseignements (ANR) sous Kalev Mutond. Libéré le 14 décembre 2016, il aura passé 210 jours pour cause de ses textes et chansons de revendication.
Sa plainte déposée le 18 décembre 2015 auprès du Procureur Général de la République (PGR) contre Kalev Mutond (ancien Chef des Services de Renseignements de la RD Congo) et compagnies pour enlèvement, tortures, traitement inhumain et séquestration est demeurée sans suite jusqu’à ce jour. Celle du 12 février 2016 auprès du Bureau du Casier Judiciaire de Kinshasa réclamant soit une simple interpellation ou encore un début de procès de ces gens-là est également restée lettre morte.
De son incarcération était sorti l’album « Billet d’Ecrou » avec sa chanson phare « Mr le Président », une demande expresse à Joseph Kabila de quitter le pouvoir à la fin de son deuxième et dernier mandat constitutionnel et qui lui avait valu son arrestation pour subversion présumée.
Pour celui qui se dit « Rappeur combattant », Radek Suprême explique « être venu pour l’éveil et la prise de conscience du peuple congolais, le changement de mentalité et la prise en charge de la jeunesse, bref pour un réveil citoyen sur la bonne gouvernance, la démocratie, le respect des Droits de l’homme ».
Musicien atypique pour ses détracteurs comme ses fans, Radek Suprême impose pourtant une réalité : son rap est une musique de résistance qui dénonce les maux la politique et les politiques (hommes et femmes du pouvoir sans distinction ni frontières). C’est du reste la trame centrale dans toute son œuvre musicale jusqu’à ce jour : dénoncer l’homme et le drame de la société congolaise.
Roger DIKU et Thaddée Luaba Wa Ba Mabungi