Guillaume Woelfle
C’est historique… pour la Belgique. Notre pays sera dirigé dans quelques jours, pour la première fois de son histoire, par une femme : la libérale Sophie Wilmès, choisie pour remplacer Charles Michel. La future ex-ministre du Budget rejoindra d’autres femmes à la tête de leur pays, bien que cela reste rare. Dans l’histoire européenne ou mondiale, d’autres pays avaient mis à leur tête une femme bien avant nous. Petit tour d’horizon des femmes dirigeantes politiques, actuelles ou passées.
Seulement 3 femmes dirigeantes sur les 28 pays européens
Au niveau européen, ce n’est vraiment pas glorieux. On ne compte actuellement que 3 femmes au Conseil européen (rassemblant les 28 chefs d’Etat et de gouvernement). Il y a notamment l’Autrichienne Brigitte Bierlein, la Danoise Mette Frederiksen et l’Allemande Angela Merkel. Et c’est tout.
Il y a peu, nous comptions trois femmes de plus qui ont récemment été remplacées par des hommes : la Polonaise Beata Szydło, la Lituanienne Dalia Grybauskaitė et bien sûr la Britannique Theresa May. Bref, Sophie Wilmès deviendra dans quelques jours l’une des rares dirigeantes européennes.
Au niveau européen toujours, une femme -et non des moindres- viendra augmenter ce taux : Ursula Von der Leyen, qui devrait remplacer dans quelques semaines Jean-Claude Juncker à la présidence de la Commission européenne.
La Belgique en queue de peloton européen
A l’heure actuelle, seules quinze des 28 pays européens ont déjà été dirigés par une femme. La Belgique sera donc le 16e, bien après la Grande-Bretagne, l’Allemagne, la France et les pays nordiques. Mais d’autres grands pays tels l’Espagne, l’Italie ou les Pays-Bas n’ont jamais élu de femme à leur tête.
La Dame de Fer Thatcher
La Grande-Bretagne fut la première à élire une femme. En 1979, Margareth Thatcher renverse le gouvernement travailliste dirigé par Leonard James Callaghan. Le pays est alors embourbé dans des difficultés financières et dans des grèves massives. Thatcher, qui avait pris les rênes de son parti quelques années plus tôt, fonde son discours sur son opposition aux syndicats. « Quelques syndicats défient le peuple britannique. Ils défient les malades, ils défient les vieux, ils défient les enfants. Je suis prête à me battre contre ceux qui défient les lois de ce pays. », dit-elle le 31 janvier 1979. En mars de la même année, le gouvernement Callaghan tombe. Thatcher remporte les élections du 3 mai 1979 et devient la première Première ministre d’un pays d’Europe. Son opposition aux syndicats, aux corps intermédiaires, mais aussi à tout projet de fédéralisme européen lui vaudra le surnom de « Dame de Fer ».
Edith Cresson, Première ministre pour un an
Peu après le remplacement de Margareth Thatcher, une autre femme devient Première ministre d’un grand pays européen : Edith Cresson en France. Même si dans l’Hexagone, le poste de Premier ministre est celui de N°2 dans la hiérarchie derrière le président de la République, cette femme de 57 ans devient Première ministre de François Mitterand en mai 1991. Mais très vite, elle fait face à un chômage important, à une opposition des corps constitués et même de ses propres députés au Parlement. Une défaite de la gauche aux élections régionales de 1992 pousse Mitterand à la remplacer par Pierre Bérégovoy, alors que Cresson rassemble 76% d’opinions défavorables.
« Brexit means Brexit » by Theresa May
Sans le vote du Brexit, Theresa May ne serait sûrement jamais devenue Première ministre britannique. Et pourtant, tout au long de son mandat, le mot « Brexit » aura été son pire cauchemar. Lorsque le 23 juin 2016, le peuple britannique décide par référendum de quitter l’Union européenne, le Premier ministre de l’époque, David Cameron est complètement désavoué. Lui qui comptait utiliser ce référendum pour clore une fois pour toutes ces questions et obtenir de l’Europe des avantages pour son pays fait campagne pour le « Remain » : le Royaume-Uni doit rester dans l’Union ! Il en va autrement et le lendemain, il annonce sa démission. Une certaine Theresa May, députée conservatrice depuis 1997, se présente alors à la présidence du parti conservateur (qui deviendra ensuite, de facto, Premier ministre). Dans un discours de candidature resté célèbre, elle déclare « Brexit means Brexit and we’re going to make a success of it » (Brexit veut dire Brexit et nous en ferons un succès). La réalité sera toute autre, son accord de Brexit négocié avec l’Union sera recalé par deux fois par son Parlement. Elle fait face à une défiance extrême et quitte son poste en juillet 2019 en laissant son pays dans une crise politique… et dans les mains du sulfureux Boris Johnson.
Angela Merkel, cheffe non-officielle de l’Europe ?
Difficile de ne pas parler de dirigeante européenne sans parler d’Angela Merkel. Cheffe du parti chrétien-démocrate allemand CDU en 2000, elle mène et remporte les élections pour son parti en 2005, d’une courte avance sur les socialistes du SPD avec qui elle forme une majorité. Elle succède d’ailleurs au socialiste et chancelier de l’époque Gerhard Schröder. Angela Merkel est réélue trois fois, en 2009, 2013 et 2018 ce qui fait d’elle la plus ancienne dirigeante des 28 pays de l’Union européenne, mais aussi la dirigeante du plus grand pays de l’Union. Ce qui fait dire à certains que la cheffe de l’Europe, c’est bien elle.
Helle Thorning-Schmidt, héroïne de série
Beaucoup moins connue du grand public, la socialiste danoise Helle Thorning-Schmidt est elle aussi entrée dans l’histoire de son pays en devenant la première Première ministre en 2011. Quelques mois plus tôt, une série politique danoise (Borgen) montre une femme politique centriste, mère de deux enfants, accéder au pouvoir. Pour beaucoup, l’héroïne est largement inspirée de Helle Thorning-Schmidt, bien que la série anticipe l’arrivée au pouvoir de la socialiste.
Article à lire sur : Sophie Wilmès, première Belge parmi les rares dirigeantes européennes https://www.rtbf.be/info/belgique/detail_sophie-wilmes-premiere-belge-parmi-les-rares-dirigeantes-europeennes?id=10352059