La journée de colère et de manifestation civile à Beni en province du Nord-Kivu du lundi 25 novembre 2019 s’est soldée par un lourd bilan : au moins quatre civils tués par balles, la mairie de Beni incendiée après saccage ainsi que la base civile de la Mission des Nations unies au Congo (Monusco) à Boikene vandalisée et partiellement incendiée.
Tout est partie d’une nouvelle tuerie de 8 personnes attribuée aux troupes ADF-ougandais dans la nuit de dimanche 24 à lundi 25 novembre 2019 à Boikene au nord de la ville de Beni que des appels à manifester lundi ont circulés. Au total, 77 civils ont été tués depuis le 5 novembre à Beni et ses environs selon un décompte de la Société civile.
Et pour cause disait ces appels, « se prendre en charge contre l’inertie de l’armée et l’inaction” des Casques bleus de l’ONU face aux massacres quotidiens » qui ensanglantent l’Est du pays depuis plus de vingt ans. Car pour la population de Beni, la Monusco doit « agir ou partir ».
Selon le parquet militaire, au moins quatre morts ont été enregistrés, la possibilité d’une cinquième victime étant envisagée : « Il y a dix civils blessés, ainsi que trois militaires congolais blessés », ajoute le parquet. En conséquence, un couvre-feu a été décrété jusqu’à nouvel ordre par les autorités provinciales du Nord-Kivu entre 18h et 06h à Beni et ses environs, lundi soir en vue de juguler ces manifestations violentes.
Pour rappel, l’es FARDC, l’armée congolaise a lancé le 30 octobre dernier sa «Grande offensive contre les ADF» avec des résultats aussi mitigés comme d’habitude. Il se fait aussi que depuis le début de cette opération militaire, il y a une forte recrudescence des attaques des ADF dans la zone en guise des représailles des ADF contre leurs bases.
Se défendant des accusations de son inaction, la Monusco explique sa non-participation à ces opérations par le fait qu’elle n’y a pas été associée dans leur planification ; soulignant par la même occasion que l’armée congolaise a lancé ses opérations de manière unilatérale : « On ne peut pas participer aux opérations des FARDC si elles ne nous invitent pas à y participer » expliquait dimanche 24 novembre 2019 le représentant spécial adjoint du Secrétaire général de l’ONU en RDC, François Grignon.
Pour sa part en visite à Paris, la présidente du parlement Jeanine Mabunda, s’est publiquement interrogée sur le rôle de la Monusco, estimant que cette mission, dont le coût avoisine le milliard de dollars chaque année « ne pouvait pas rester indéfiniment ». Pour elle, « Il y a un malaise entre la présence, le coût de la Monusco en RDC, et les résultats obtenus », ce qui « légitime que les populations se demandent pourquoi cette force persiste en RDC ».
Thaddée Luaba Wa Ba Mabungi
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