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PEOPLE : Delphine Boël, l’artiste belge (enfin) reconnue comme la fille d’Albert II

Par Chloé Friedmann

  |  Le 28 janvier 2020

Lancée dans une féroce bataille juridique depuis des années contre l’ancien roi des Belges, Delphine Boël, une artiste plasticienne de 50 ans, affirme être son enfant biologique. Après s’être soumis à un test de paternité, Albert II de Belgique a finalement reconnu sa fille illégitime, le lundi 27 janvier.

Sa quête de vérité a pris fin. Delphine Boël, une artiste plasticienne de 50 ans, affirme depuis 2013 être la fille biologique d’Albert II de Belgique. Le père de l’actuel roi des Belges, Philippe, aurait entretenu une liaison avec Sybille de Sélys Longchamps, la mère de Delphine Boël, des années 1960 à 1970.

Albert II de Belgique a finalement reconnu sa fille illégitime, le lundi 27 janvier, par voie de communiqué. «Ce soir, c’est clairement un soulagement», a déclaré Delphine Boël via son avocat. Pourtant, «rien ne pansera» sa «blessure affective», a déclaré ce dernier, fustigeant le communiqué du roi pour son «manque d’élégance, d’humanité, voire de gentillesse».

Le 28 mai 2019, Albert II, 85 ans, avait accepté de se soumettre à un test ADN. Selon un communiqué officiel cité par le site du quotidien Le Monde, il s’était rendu dans un hôpital de Bruxelles où l’échantillon était conservé dans un coffre.

Depuis, «Sa Majesté le Roi Albert II a pris connaissance des résultats du prélèvement ADN auquel il s’est prêté à la demande de la cour d’appel de Bruxelles, ont indiqué ses avocats. Les conclusions scientifiques indiquent qu’il est le père biologique de Mme Delphine Boël». L’ex-roi affirme avoir décidé «de mettre un terme dans l’honneur et la dignité à cette procédure pénible», et regrette qu’elle n’ait «pas respecté la vie privée des parties», selon le communiqué.

Une guerre juridique datant de 2013

Queen Paola and King Albert II attending the Memorial service for the victims of the attacks held at the Royal Palace in Brussels, Belgium, on May 22, 2016. Photo by Gys/Reporters/ABACAPRESS.COM | 548159_028 Bruxelles Brussels Belgique Belgium

Albert II de Belgique et Paola Ruffo di Calabria assistent à la messe en mémoire des victimes de l’attentat de Bruxelles. (Le 22 mai 2016.) Abaca

Delphine Boël a 18 ans quand sa mère, Sibylle de Sélys Longchamps, lui révèle l’identité de son père. Cette présumée filiation est rendue publique en 1999. Après une tentative de conciliation qui échoue, elle entame une procédure de reconnaissance de paternité en 2013. Alors que la même année, un sondage mené par le quotidien français Le Monde révèle qu’un Belge sur deux souhaite que le roi reconnaisse sa fille présumée, il nie. Commence alors une véritable guerre juridique.

Quatre ans plus tard, le tribunal de première instance rejette sa demande «recevable et non fondée» d’effectuer un test sur son propre père, l’industriel Jacques Boël. En parallèle, Sybille de Sélys Longchamps, la maîtresse supposée d’Albert II, décrit de façon très sombre la relation entre Albert II et son épouse Paola Ruffo di Calabria dans le documentaire Notre fille Delphine, ce qui est presque considéré comme un aveu de sa liaison avec le souverain.e

Prélèvement génétique ordonné

En septembre 2013, le quotidien Le Soir révèle que Jacques Boël fait l’objet de fortes pressions pour ne pas désavouer sa paternité. Le même journal expliquait, la veille, comment le futur couple royal avait manqué de divorcer à deux reprises, en 1969 et 1976.

Dans un arrêt datant du 25 octobre 2018, la cour d’appel de Bruxelles statue finalement que Jacques Boël «n’est pas le père légal ou biologique de Delphine». L’industriel ne conteste pas cette décision. La juridiction ordonne également à Albert II de se soumettre à un prélèvement génétique. Le père de l’actuel roi des Belges refuse, ses avocats introduisent un pourvoi en cassation en février.

L’objectif de la fille présumée d’Albert II ne semble être ni l’argent, ni le pouvoir. En 2014, son avocat Alain De Jonge affirmait dans une interview au quotidien De Morgen : «Elle est lasse d’être considérée comme une fille illégitime et veut être enfin reconnue comme enfant».

Le 16 mai 2019, pour appuyer son arrêt d’octobre, la cour d’appel indique imposer à Albert II une astreinte de 5000 euros par jour, s’il persiste à refuser de se plier au test. Sur une suggestion des avocats de Delphine Boël, elle avait aussi stipulé qu’en cas d’accord sur le test, Albert II obtenait la garantie que le résultat reste confidentiel. Cette garantie tiendrait jusqu’à la fin de la procédure en cassation.

La question de l’héritage

Cette décision représentait la première victoire pour Delphine Boël. Au micro de Soir Première, son avocat Me Marc Uyttendaele avait affirmé : «Elle (Delphine Boël, NDLR) a directement pensé à ses enfants, affirmait le magistrat sur les ondes. Elle se dit qu’ils n’auront pas à porter ce poids, ce fardeau pendant toute leur vie». Avant d’ajouter : «Je crois […] que ce test ADN est symboliquement important. La cour d’appel a dit qu’il fallait faire vite parce que le roi Albert II est âgé et que tout autre type de contrôle que l’on pourrait faire après son décès seraient des solutions compliquées. Il faut choisir la solution simple».

Selon Le Monde, l’un des avocats d’Albert II, Me Guy Hiernaux, indiquait que son client était très affecté par la situation, parlant de cinq années de persécution et indiquant que son état de santé était loin d’être bon. Delphine Boël avait quant à elle fait répondre par son avocat que son objectif était simplement de faire établir la vérité.

En ce début d’année, l’avocat d’Albert II, Alain Berenboom, a affirmé à la télévision belge RTBF : «Juridiquement, il arrête là en quelque sorte le combat judiciaire et accepte que Delphine Boël devienne son quatrième enfant».

D’après la télévision belge RTL, Delphine Boël, reconnue comme fille d’Albert II, pourrait prétendre «à un quart de ce que les autres enfants auront droit» au décès du souverain depuis qu’une récente loi sur l’héritage a été modifiée en Belgique. Mais elle ne devrait pas avoir de dotation ni d’accès au trône, puisque la constitution belge prévoit que les héritiers de la couronne doivent être légitimes, donc nés au sein du mariage.

* Cet article initialement publié le 25 mai 2019 a fait l’objet d’une mise à jour.

Article à lire sur : Delphine Boël, l’artiste belge (enfin) reconnue comme la fille d’Albert II http://madame.lefigaro.fr/celebrites/delphine-boel-la-fille-presumee-du-roi-albert-ii-remporte-victoire-test-adn-061118-151627

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