La visite annulée en dernière minute du Secrétaire d’Etat (Ministre des Affaires Etrangères) Michael Richard Pompeo, dit Mike Pompeo à Kinshasa en janvier dernier a fait couler beaucoup d’encre, des commentaires en divers sens ayant été entendus selon que l’on se trouve dans un camp ou un autre.
Dans sa tournée africaine depuis le 14 février courant, une étape était prévue à Kinshasa pour le 17 février 2020. Ce passage pourtant annoncé par le président de la République Félix Tshisekedi lors de sa rencontre avec la diaspora congolaise de Londres en marge de UK-Afrique Summit, n’aura été que postposée selon des sources ; et ce malgré son passage aux frontières proches du Congo à Luanda en Angola.
La réalité ce que le chef de la diplomatie américaine ne voulait pas arriver à Kinshasa dans un contexte de « bisbilles » entre le président de la République Félix Tshisekedi et son prédécesseur Joseph Kabila au sujet des proches de ce dernier en maille avec des affaires judiciaires en vue.
Raison du reste du déplacement précipité de l’envoyé spécial américain pour les Grands Lacs, le Dr J. Peter Pham à Kinshasa pour tenter de calmer la situation et de rapprocher les deux hommes selon des sources confirmées. Si la rencontre avec Tshisekedi avait été officielle, celle avec Kabila discrètes bien que révélée ; tous les sujets ont été abordés selon les mêmes sources.
De la lutte contre la corruption pour laquelle les américains insistent auprès de Tshisekedi et dans laquelle corruption nombre des proches de Kabila sont cités, sanctionnés ou en passe de l’être ; il en avait été question. Des noms comme ceux de l’israélien Dan Gertler contre qui des sanctions américaines sont prises, Albert Yuma Mulimbi (PCA de la Gécamines) jadis pressenti pour la primature et aujourd’hui empêtré dans des détournements des fonds publics ont été évoqués.
Pour les officiels américains, Kabila devra « négocier » avec son successeur sur toutes ces questions. Ce n’est du reste pas une simple coïncidence que l’oligarque israélien et le Président du Conseil d’Administration ont été tous deux reçus cette semaine par Kabila dans son ranch de Kingakati dans la périphérie de Kinshasa.
L’envoyé spécial @DrJPPham a rencontré l’ancien président Kabila & a discuté de la façon dont les gouvs américain & congolais font progresser notre partenariat privilégié pour la paix & la prospérité, en mettant l’accent sur la lutte contre la corruption & la fin de l’impunité. pic.twitter.com/7sC0FND5h2
— U.S.Embassy Kinshasa (@USEmbKinshasa) February 14, 2020
Pour un observateur avertit de la politique kinoise, « il serait désastreux pour les USA qui ont déclaré instaurer un partenariat privilégié avec la RDCongo d’avoir à faire face à deux situations complexes. C’est le sens même de l’avertissement donné à Kabila d’opter pour un profil bas et de privilégier sa sécurité et celle de sa famille au détriment des ex-caciques du MPR convertis en pprdistes malfaisants » .
Dans cette quête pour une « entente cordiale » entre Tshisekedi et Kabila, l’administration américaine aurait même sollicité l’aide du chef de l’Etat angolais João Manuel Gonçalves Lourenço en jouant le médiateur entre les deux politiques congolais.
En ce qui concerne le déplacement de Mike Pompeo en Angola est plutôt révélateur des difficultés que rencontre João Lourenço et Peter Pham l’a dit au micro d’une radio FM de Kinshasa sans entrer dans les détails. On peut spéculer que le combat mené contre la famille Dos Santos est plus difficile que prévu, d’où le fait de se concentrer sur ce qui est un dossier plus difficile.
Thaddée Luaba Wa Ba Mabungi