C’est une « note » sans équivoque datée du jeudi 23 avril 2020 que le président national du Mouvement de Libération du Congo (MLC), Jean-Pierre Bemba Gombo « recadre » ses troupes quant à « l’organisation du travail parlementaire ».
« Il me revient de constater depuis quelques temps un foisonnement des initiatives des élus du MLC sur des sujets cruciaux et politiques, signes évidents de la vivacité du personnel politique du parti. Cependant, il me parait opportun de rappeler que les élus du MLC, députés nationaux, députés provinciaux et sénateurs représentent le peuple dans leurs assemblées respectives, malgré le caractère chaotique de dernières élections et sont détenteurs des mandats du parti » écrit le chairman.
« Aussi, dans le but de maintenir la discipline et de garantir la cohérence de la ligne politique du parti, toute initiative parlementaire des élus MLC dans les assemblées délibérantes doit être définie comme une cause commune, par conséquent, il est impérieux qu’elle soit au préalable concertée au sein du groupe parlementaire » poursuit-il.
Et pour conclure, Jean-Pierre Bemba met en garde : « Toute initiative parlementaire non concertée, n’engagerait que son initiateur. Le groupe parlementaire comme le parti ne seront nullement comptables des conséquences politiques des initiatives individuelles »
Un constat pourtant…
La sortie de Jean-Pierre Bemba est une suite logique d’un constat pourtant, le « ton » de liberté adopté par certains élus de son parti face aux enjeux politiques de l’heure. Ce sont les cas notamment du sénateur Jacques Djoli et du député national Jean-Jacques Mamba qui en « une sorte d’électrons libres, ont en quelques sorte engagé le parti sans en informer ni le chef, encore moins la hiérarchie » déplore un cadre du MLC Kinshasa sous couvert d’anonymat.
En effet, le Pr Jacques Djoli, en sa qualité de constitutionnaliste ; a été associé à la réunion de travail des présidents de deux chambres du parlement du 08 avril 2020 qui préparait la contestation de l’ordonnance du chef de l’Etat Félix Tshisekedi sur la proclamation de l’« État d’urgence sanitaire » en raison de la pandémie du Covid-19 sans être passé par le congrès.
« Le hic dans cette participation ne demeure pas le droit et son application » commente un autre cadre du MLC. Mais c’est plutôt dans cette « association inattendue avec le Front Commun pour le Congo (FCC) de Kabila dont on connait tout le mal fait à ce pays et son peuple représentés lors de cette réunion par Alexis Thambwe Mwamba et Jeannine Mabunda Lioko ; respectivement présidents du Sénat et de l’Assemblée nationale et Evariste Boshab Mabudj-ma-Bilenge, un autre sénateur et cadre du PPRD » poursuit ce cadre.
Quant au député Jean-Jacques Mamba, « ses interpellations commencent à exaspérer tout le monde au sein même du parti, notre camarade n’en a cure de la hiérarchie ni de qui que ce soit. Qu’il quitte aussi le parti s’il le veut » explique comme dépiter mais en colère un proche de Bemba sous anonymat également.
Dans sa dernière interpellation, il invitait le 1er Vice-président de l’Assemblée nationale, l’UDPS Jean-Marc Kabund à démissionner de son poste pour avoir menti avec ses « allégations » sur les 7 millions des dollars américains qu’auraient coute le Congrès.
Cette sortie « parlementaire » qui lui a valu une volée des bois verts sur les réseaux sociaux est à la base des « menaces » dont il serait victime de la part de certaines personnes alors qu’il attend toujours des explications de Kabund.
L’élu national de la circonscription électorale de la Lukunga à Kinshasa non démissionnaire du parti mais seulement de ses fonctions de porte-parole du MLC du 25 juillet 2019 avait pourtant prévenu dans sa lettre que « désormais, son expression était libre et n’engageait que lui ».
Une question demeure : Jean-Pierre Bemba aurait-il perdu la main sur ses troupes depuis sa sortie de la prison de la Cour Pénale Internationale (CPI) de La Haye aux Pays-Bas qui l’avait éloigné de cette base presque 10 ans ? La réponse semble non, raison de son coup de poing sur la table qui dira dans les jours et les mois à venir comme l’estime un commentateur de la vie politique de la place de Kinshasa.
Roger DIKU
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