A peine ouvert et sitôt reporté au 25 mai 2020 pour « poursuite de l’instruction », ainsi en a décidé le président du tribunal de Grande Instance de la Gombe à l’issu du premier jour du procès pour corruption de Vital Kamerhe.
Amaigri avec une barbe grisonnante, chapelet catholique sur sa poitrine, concentrer mais avec des traits tirés, ainsi est apparu Kamerhe Lwa Kanyiginyi Nkingi dit Vital dans sa veste bleu- jaune de prisonnier pour le premier jour de son procès au pénal lundi 11 mai 2020 en « audience foraine », délocalisée dans l’enceinte même de la prison de Makala.
En détention préventive depuis le 8 avril 2020, Vital Kamerhe a comparu avec deux co-accusés pour le détournement présumé de près de 57 millions de dollars destinés au financement de travaux publics du Programmes de 100 Jours du chef de l’Etat lancés en mars 2019.
Les poursuites contre Kamerhe et ses coaccusés entrent dans le cadre d’une vaste enquête anti-corruption et la lutte contre l’impunité lancées par la justice congolaise. Le pays s’est constituée partie civile dans ce dossier sans précédent.
Comme il fallait s’y attendre, ce premier jour d’audience du procès de l’affaire du détournement de fonds du Programme des 100 jours du chef de l’Etat ; rien de spécial n’a été révélé en dehors de l’identification des prévenus. Le spectacle ayant tout de même été assuré par Kamerhe en personne.
La meilleure défense reste l’attaque…
Prenant la parole et profitant de la retransmission en directe de sa comparution sur sa chaîne de télévision privée canal Future et celle nationale la RTNC, Kamerhe explique d’emblée avoir intervenu dans le dossier Programme de 100 Jours en tant que « Directeur de Cabinet et au nom du président de la République qui ne pouvait rien faire sept mois durant sans un gouvernement en place » ; ainsi lie-t-il son sort au chef de l’Etat.
Et enchaine qu’ « ils étaient neuf superviseurs de ce programme d’urgence des 100 jours, en plus du coordinateur principal qu’il était » dont le conseiller du chef de l’Etat Nicolas Kazadi ; comme pour s’étonner qu’il soit aujourd’hui seul devant les juges.
Lire aussi : RDC : « Programme des 100 Jours », Nicolas Kazadi dément une quelconque implication personnelle https://www.afriwave.com/2020/02/16/rdc-programme-des-100-jours-nicolas-kazadi-dement-une-quelconque-implication-personnelle/
Mensonges et Reniements entre coaccusés…
Malgré ses traits tirés surement à cause de sa détention de plus d’un mois en prison, Kamerhe concentré a continué son spectacle Kamerhe en jurant n’avoir jamais rencontré le libanais Samih Jammal qui par Allah dit la même chose.
Pourtant, des photos sur les réseaux sociaux montrent ce libanais conduit à la présidence de la République (Palais de la Nation) pour y rencontrer qui même si la question demeure. Le maître de la cérémonie n’étant autre que son neveu Daniel Shangalume Nkingi dit Massaro, chargé d’études au ministère du Budget dirigé par l’UNC Baudouin Mayo et aujourd’hui en fuite.
Il en est de même pour Jeannot Muhima Ndoole dont il attendait de découvrir le visage le jour du procès. Or à moins encore d’un montage de ses « ennemis », d’autres photographies existent où on voit Kamerhe assis à côté de Muhima, fonctionnaire de son administration dans une manifestation officielle.
Ce dernier de son côté, chargé d’import-export de la présidence et à qui plus de 2 millions de dollars avaient été remis pour le dédouanement des containers des maisons préfabriquées ; affirme s’être rendu à Dar-es-Salem pour le dédouanement de la marchandise et précise que son patron direct était bel et bien le Directeur de cabinet, Vital Kamerhe .
Dans ce qui parait être sa future stratégie de défense en revendiquant « les garanties procédurales et plaider l’implication collective de tous les membres de la coordination du programme dans la délinquance. Le prévenu VK refuse qu’on fasse focus sur lui et de mourir seul » note sur Twitter et Facebook le député et professeur de Droit Sam Bokolombe, un ancien de l’UNC ; le parti de Kamerhe. Car pour lui, les choses risquent pourtant de se compliquer pour Kamerhe.
#ProcèsDesCentsJours. La stratégie de la défense se précise : revendiquer les garanties procédurales et plaider l’implication collective de tous les membres de la coordination du programme dans la délinquance. Le prévenu VK refuse qu’on fasse focus sur lui et de mourir seul.
— Sam Bokolombe Batuli (@SamBokolombeBat) May 11, 2020
Pour terminer, Kamerhe n’a pas manqué néanmoins de dénoncer ce qu’il considère être « un piège et des questions tendancieuses » lorsqu’on lui demande de « préciser sa fonction et son rôle dans ce programme ». « On choisit ce qui va créer la confusion, personne ne parle par exemple de la gratuité de l’enseignement primaire » enchainait-il.
Sur demande des accusés et leurs avocats, l’audience a été rapidement levée presqu’au bout d’une heure, et le procès a été renvoyé. Le motif évoqué étant celui de n’avoir pas eu toutes les pièces du dossier pourtant disponibles au greffe du tribunal selon le ministère public qui mène l’accusation en indiquant qu’il revenait à chaque partie de s’y référer.
Lire aussi : RDC : Procès télévisé Kamerhe, un « couteau à double tranchant » https://www.afriwave.com/2020/05/11/rdc-proces-televise-kamerhe-un-couteau-a-double-tranchant/
Roger DIKU et Thaddée Luaba Wa Ba Mabungi