Ce qui paraissait tout au début de la matinée comme un canular de mauvais goût sur les réseaux sociaux s’est portant révélé une réalité cauchemardesque. La brève interpellation ce samedi 22 mai 2020 avec comparution immédiate en flagrance du député national du Mouvement de Libération du Congo (MLC) Jean-Jacques Mamba Kabamba a soulevé un tollé de protestations à travers la capitale congolaise.
En effet, sur plainte de l’un de ses collègues députés dont le nom et la signature se sont retrouvés sur sa pétition pour la destitution du premier vice-président du parlement, l’UDPS Jean-Marc Kabund ; Mamba a été inculpé de « faux en écriture et usage de faux » par le Parquet Général Près La Cour de cassation de la Gombe.
Dans son Pro-Justitia valant mandat d’amener daté du 22 mai 2020 à l’encontre de Mamba, le premier avocat général notre « qu’il existe contre l’inculpé des indices graves de culpabilité et qu’il y a lieu de craindre qu’il ne tente de soustraire par la fuite aux poursuites ou de faire disparaître les preuves de ces infractions ».
Raison de la décision du juge de procéder à une comparution immédiate en « matière répressive en procédure de flagrance » lors de l’audience publique de ce samedi 23 mai 2020 à 12H30’.
Une affaire complexe…
C’est le moins que l’on puisse dire dans cette affaire entre des députés se réclamant de l’ancienne opposition à Kabila alors que la chambre basse du parlement comme le sénat sont dominés à majorité par le Front Commun pour le Congo (FCC), plateforme politique de l’ex-président aujourd’hui en coalition avec le Cap pour le Changement (CACH) du président de la République Félix Tshisekedi.
Jean-Jacques Mamba, l’élu national de la circonscription électorale de la Lukunga à Kinshasa non démissionnaire du parti mais seulement de ses fonctions de porte-parole du MLC du 25 juillet 2019 avait pourtant prévenu dans sa lettre que « désormais, son expression était libre et n’engageait que lui
Dans sa dernière interpellation, il invitait le 1er Vice-président de l’Assemblée nationale, l’UDPS Jean-Marc Kabund à démissionner de son poste pour avoir menti avec ses « allégations » sur les 7 millions des dollars américains que devraient coûter le Congrès. Une sortie « parlementaire » qui lui avait valu une volée des bois verts sur les réseaux sociaux et dont il disait être à la base des « menaces » dont il serait victime de la part de certaines personnes alors qu’il attend toujours des explications de Kabund.
Il se fait que parmi la soixantaine des signatures présentées par Maba dans sa pétition de déchéance contre Kabund et soutenue en sous-mains par le FCC, trois collègues députés dénoncent « n’avoir jamais paraphé le document », contrairement à celui remis par le député du MLC au président de l’Assemblée nationale, Jeanine Mabunda, laquelle a officiellement notifié le président intérimaire de l’UDPS de la procédure qui a été enclenchée à son encontre. Ce qui avait provoqué une lettre au vitriol de Kabund à Mabunda où il dénonçait clairement le camp Kabila.
Exaspération au sein du MLC
Le « ton » de liberté et d’association contre nature adopté par certains élus de son parti face aux enjeux politiques de l’heure exaspèrent au plus profond même du parti en pleine recomposition depuis la sortie de son leader de la prison de la CPI en 2018. Ce sont les cas notamment du sénateur Jacques Djoli qui accompagnait le député national Jean-Jacques Mamba se samedi lors de son interpellation.
« En une sorte d’électrons libres, ces élus ont à plusieurs reprises en quelques sorte engagé le parti sans en informer ni le chef, encore moins la hiérarchie » déplorait un cadre du MLC Kinshasa sous couvert d’anonymat.
En effet, le Pr Jacques Djoli, en sa qualité de constitutionnaliste ; avait été associé à la réunion de travail des présidents de deux chambres du parlement du 08 avril 2020 qui préparait la contestation de l’ordonnance du chef de l’Etat Félix Tshisekedi sur la proclamation de « l’État d’urgence sanitaire » en raison de la pandémie du Covid-19 sans être passé par le congrès.
« Le hic dans cette participation ne demeure pas le droit et son application » commentait un autre cadre du MLC. Mais c’est plutôt dans cette « association inattendue avec le Front Commun pour le Congo (FCC) de Kabila dont on connait tout le mal fait à ce pays et son peuple représentés lors de cette réunion par Alexis Thambwe Mwamba et Jeannine Mabunda Lioko ; respectivement présidents du Sénat et de l’Assemblée nationale et Evariste Boshab Mabudj-ma-Bilenge, un autre sénateur et cadre du PPRD » poursuivait ce cadre.
Quant au camarade député Jean-Jacques Mamba, « ses interpellations commencent à exaspérer tout le monde au sein même du parti, notre camarade n’en a cure de la hiérarchie ni de qui que ce soit. Qu’il quitte aussi le parti s’il le veut » expliquait comme dépiter mais en colère un proche de Bemba sous anonymat également.
Pourtant, face à cette situation devenue comme délétère au sein du parti avec une sorte de libertinage de la part de ses élus, Jean-Pierre Bemba avait rappelé tout le monde à l’ordre en invitant à la discipline et à la cohérence.
Dans sa note aux élus et responsables de son parti le MLC concernant l’organisation du travail parlementaire, Bemba écrivait : « Il me revient de constater depuis quelques temps un foisonnement des initiatives des élus du MLC sur des sujets cruciaux et politiques, signes évidents de la vivacité du personnel politique du parti. Cependant, il me parait opportun de rappeler que les élus du MLC, députés nationaux, députés provinciaux et sénateurs représentent le peuple dans leurs assemblées respectives, malgré le caractère chaotique de dernières élections et sont détenteurs des mandats du parti. Aussi, dans le but de maintenir la discipline et de garantir la cohérence de la ligne politique du parti, toute initiative parlementaire des élus MLC dans les assemblées délibérantes doit être définie comme une cause commune, par conséquent, il est impérieux qu’elle soit au préalable concertée au sein du groupe parlementaire ».
En conclusion prémonitoire et comme une sorte d’avertissement en rapport avec ce qui arrive aujourd’hui à Jean-Jacques Mamba Kabamba, Bemba écrivait : « Toute initiative parlementaire non concertée, n’engagerait que son initiateur. Le groupe parlementaire comme le parti ne seront nullement comptables des conséquences politiques des initiatives individuelles ».
Lire aussi : RDC : Bemba recadre ses Elus, invite à la Discipline et à la Cohérence au sein de son parti https://www.afriwave.com/2020/04/25/rdc-bemba-recadre-ses-elus-invite-a-la-discipline-et-a-la-coherence-au-sein-de-son-parti/
Résidence surveillée
Son procès renvoyé au mercredi 27 mai 2020, le juge a décidé de placer Jean-Jacques Mamba en résidence surveillée dont le lieu reste à déterminer et qui devra être soit un hôtel de la capitale soit son domicile où il avait été interpellé. Finalement, c’est l’Hotel Belle Vue sur le Boulevard du 30 Juin en plein cœur de la ville qui a été choisi malgré la contestation et les craintes des proches du député. Car rappellent-ils, c’est dans cet établissement qu’avait été détecté le premier cas de Covid-19 dans le pays.
Se défendant seul devant le Procureur Général qui faisait office du ministère public, Mamba a soulevé plusieurs exceptions notamment celles liées à son mandat de député national et au besoin du choix de ses avocats conseils.
Sur son compte Twitter, Mamba affirmai pourtant son collègue « a reconnu devant 6 témoins (ts députés) dont 1 de son propre parti UNC qui ê pasteur avoir signé ds la salle de congrès, donner gratuitement du travail au parquet n’ê pas bon. La commission a acté la vérité & continue son travail pr les 2 autres cas. #Responsabilité ».
Dans l’autre, c’est la persistance dans la négation des faits, le député Simon Mpiana Ntumba sur plainte de qui Mamba a été brièvement interpellé promet trois choses dans un communiqué daté du même jour : « Il maintient sa plainte et que la bataille juridique sera rude, il saisit une fois de plus le parquet pour imputation dommageable et diffamation et enfin qu’il ne répondrait jamais à une quelconque négociation étant donné que l’affaire est entre les mains de la justice ».
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