Les services de l’Inspection Générale des Finances dépendant de la présidence de la République ont reçu mandat officiel « auprès du Comité Multisectoriel de lutte contre la pandémie liée au Corona virus, du Ministère de la Santé ainsi que des Services spécialisés relevant de ce Ministère, dans la ville de Kinshasa ». C’est ce qu’on a pu lire dans un ordre de mission daté du 09 juillet 2020 dont AFRIWAVE.COM a pu consulter une copie.
D’une durée estimée à 10 jours calendrier et à charge du Trésor Public, l’objet de cette mission qui se veut un minutieux « audite » du Comité en charge de la riposte contre la Covid-19 étant de « Procéder au contrôle de la gestion des fonds, biens, dons et ressources de toute nature, mis à la disposition de ce Comité Multisectoriel, du Ministère de la Santé ainsi que des services spécialisés, notamment l’Institut National des Recherche Biomédicales, en sigle l’INRB ; Contrôler la destination et la justification des affectations données aux ressources susmentionnées ainsi que la régularité des engagements conclus par ces services ».
Une nouvelle affaire de corruption ?
C’est la question qui taraude l’opinion depuis que plusieurs scandales liés à la corruption et aux détournements des deniers publics autour des programmes multiples den chantier depuis l’accession au pouvoir de Félix Tshisekedi en janvier 2019.
Et dans cette nouvelle affaire, c’est un proche du président de la République et membre de son parti l’UDPS, Eteni Longondo ; ministre de la Santé publique qui est sur la sellette dans la gestion des fonds liée à la Covid-19.
Tout est parti d’un mémorandum daté du 29 juin 2020 dit « Très confidentiel » adressé au premier ministre Sylvester Ilunga Ilunkamba avec copies au président de la République, au ministre des Finances et au SG du gouvernement portant sur la « Gestion financière du Ministère de la Santé et Fonds Covid-19 ».
Dans ce document de trois pages qui a fuité sur les réseaux sociaux signé Albert M’Peti Biyombo, vice-ministre de la Santé au sein du même gouvernement qu’Eteni Longondo ; il y est question des graves dénonciations portant sur une « gabegie financière et de l’affairisme », mais surtout de « l’existence des solides réseaux mafieux créés à dessein pour détourner des fonds » au sein du Ministère de la Santé Publique.
Dans son intime conviction, le vice-ministre de la Santé dénonce « la gestion calamiteuse et opaque des fonds covid-19 avec une gabegie financière et l’affairisme ayant élu domicile » dans leur ministère.
Pour lui, « Des réseaux maffieux exigeant des retro commissions jusqu’à hauteur de 35 % auprès des structures bénéficiaires de ces fonds, certains membres du Cabinet, en intelligence avec ces réseaux mafieux, dilapidant systématiquement les fonds alloués par le gouvernement et les partenaires ».
Albert M’Peti dit subir « régulièrement des pressions pour signer des documents financiers non prioritaires et complaisants » alors que le ministre titulaire ne l’a jamais associé à la gestion des fonds alloués par le gouvernement et ceux reçus des partenaires techniques et financiers ; Eteni Longondo « signant seul le décaissement de gros montants » et ne l’a jamais « associé dans la gestion de ces fonds sauf des petites sommes ; alors qu’il devait « contresigner » tous les documents.
Pour preuves de ses dénonciations, le vice-ministre de la Santé cite les décaissements non prioritaires en faveur de la Polyclinique Pierrot Nketi et Mme Diazelomoka Walela Gina, Administrateur Gestionnaire Titulaire de l’Hôpital Kimbanguiste de Kinshasa ; ce dernier hôpital n’étant même pas répertorié parmi les structures hospitalières dédiées au traitement de la pandémie de Corona virus.
Évaluant ces dépenses « non éligibles qui s’élèvent déjà à plus de 8 millions de dollars auprès de la Banque mondiale, le Fond Monétaire International et autres partenaires techniques et financiers » ; Albert M’Peti conclut son rapport que « me taire serait synonyme de la trahison devant la Nation ».
Bien que venant d’un vice-ministre FCC, querelle maison révèle au grand jour l’antagonisme et la méfiance entre les partenaires de cette coalition que d’aucun n’hésite pas à qualifier de contre nature. En attendant ses voies et moyens de défense dans la gestion des fonds alloués à la lutte contre le coronavirus par Eteni Longondo, ce nouveau scandale financier renforce davantage le discrédit du personnel politique au sein de l’opinion. Sinon, comment comprendre que le petit peuple qui vit avec moins de 1 dollars par jour puisse encore croire dans le discours politique des individus qui détournement et volent dans les caisses de l’Etat ?
Pendant ce temps, la grogne du personnel dédié à la lutte contre la Covid-29 s’agrandie, leur « prime de risque » n’étant pas payé depuis des mois ; plus de 7 700 personnes étant concernées à travers le pays. Les manifestations ayant eu lieu à Kinshasa comme en provinces où dans certaines villes, les protestateurs ont été dispersés à coup de gaz lacrymogène par la police.
Thaddée Luaba Wa Ba Mabungi