Il y a 23 ans, Mobutu Sese Seko Kuku Ngbendu Wa Za Banga, le président du Zaïre était chassé du pouvoir par la rébellion de Laurent-Désiré Kabila, après 32 ans de règne. En trois semaines, le sort du maréchal est scellé : affaibli par la maladie, acculé par les forces de Kabila, il s’envolait pour Lomé au Togo le 18 mai 1997 avant de rejoindre Rabat, où il décède le 07 septembre, à l’âge de 66 ans.
La mort du léopard. La célèbre chanson sud-africaine « Dans la jungle, terrible jungle, le lion est mort ce soir » et que l’on pouvait transformer en « Dans la jungle, terrible jungle, le léopard est mort ce soir » a eu tout son sens pour le Peuple congolais jadis « zaïrianisé ».
En effet, le dimanche 07 septembre 1997, dans une chambre anonyme de l’Hôpital militaire Mohamed V de Rabat au Maroc et entouré de ce qui lui restait comme famille et carré des fidèles ; « le fauve » rendait l’âme, des suites d’un cancer de la prostate qui le rongeait depuis plusieurs années.
Une fin déshonorante pour un individu qui était habitué aux honneurs et aux louanges d’un peuple brimé et qui avait passé sa vie à s’incliner sur les dépouilles mortelles des dignitaires du monde entier. « On ne dira jamais de moi exit le Président du Zaïre. On dira ci-gît le Président du Zaïre » aimait crier l’autocrate à qui voulait l’entendre.
Autrement dit, c’est dans l’exercice du pouvoir quoi qu’il en coûte, que Mobutu avait choisi de mourir. Et pour s’accrocher et perdurer à ce même pouvoir, il s’appuyait sur sa soldatesque composée de sa garde prétorienne et tribale puissamment armée de la DSP, la Garde civile et les forces parallèles dont les FAS, FIS et surtout le fameux Service d’Actions et des Renseignements Militaires (SARM).
Ce destin noble, « l’aigle de Kawele » ne le verra pas s’accomplir de son vivant, car, sa maladie conjuguée avec « la guerre de l’Est » du pays menée par l’AFDL ainsi que les actions de l’opposition intérieure ont chassé du pouvoir celui qui fut considéré pendant 32 ans comme le « maître de son Zaïre ».
Thierry Michel, le réalisateur belge du film documentaire « Mobutu roi du Zaïre, une tragédie nègre » trouve des mots justes pour décrire la fin tragique de ce monarque conspué par peuple, abandonné par ses amis et mort en exil : « C’est dans les poubelles de l’histoire que s’écrit la fin de Mobutu, une fable à l’adresse de tous les vaniteux du pouvoir » conclut-il.
Cette triste fin devrait servir de leçon aux autres orgueilleux dictateurs encore nombreux sur le continent africain y compris les nouveaux maîtres de Kinshasa. Son tombeur Laurent-Désiré Kabila en apprendra à ses dépens : il mourra violemment quatre ans plus tard assassiné le 16 janvier 2001 en plein cœur de son pouvoir au Palais de Marbre de Kinshasa où il avait établi sa résidence et ses bureaux. Comme quoi, rien ne sert de mépriser son Peuple ni d’écraser ses adversaires politiques car l’Histoire ne se souviendra que du mal des individus aussi lugubres que Mobutu et Kabila.
En attendant le rapatrient de son corps promis par le nouveau président et fils de son ex-opposant radicale Félix Tshisekedi et quoi qu’on en dise, 23 ans après sa mort ; les Congolais n’ont pas oublié Mobutu et certains le regrette même : « Le maréchal-président du Congo-Zaïre reste l’homme qui a pacifié ce pays, l’a unifié en le dotant d’une armée nationale qui a fait la fierté de tout un peuple. Il fut un grand homme politique au de l’Afrique et qui a fait la dignité de ce continent » peut-on entendre dans les rues de Kinshasa la capitale.
Pour notre analyste Jeff Bunduki, « Concernant feu le Maréchal Mobutu, il est vraiment dommage qu’il ait laissé les Congolais sur une note d’insatisfaction totale. Le Congo n’a connu ni progrès économique, politique, social. La seconde République n’a pas été capable de pérenniser les acquis de la colonisation belge qu’étaient les hôpitaux, les routes, les écoles, les soins de santé, la mobilité sociale, etc. Et la seconde République qui se targuait de « la paix retrouvée » n’a pas été capable d’ajouter une plus-valu qui aurait fait que les meilleurs de ses enfants n’auraient pas choisis le chemin de l’exil. Non ! Quand on voit l’état dans lequel les successeurs de Mobutu issus de l’AFDL ont mis la RDCongo, c’est simplement effarant. À tel point qu’Etienne Tshisekedi s’était lancé dans la course à la présidence du pays en 2011 car, disait-il, en cas d’immobilisme ; il lui serait reproché une non assistance à un peuple en danger. 23 ans après, je ne sais pas si le Maréchal aurait été fier de son œuvre. L’Histoire donnera son verdict ».
PS. Cette page fait partie intégrante de mon livre : Congo-Zaïre 24 Avril 1990 – 17 mai 1997, L’INSAISISSABLE DEMOCRATIE Périls d’une Transition à paraître bientôt.
Roger DIKU
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