Dans son allocution de moins de dix minutes et comme promis, le président de la République s’est adressé à ses compatriotes le vendredi 23 octobre 2020 au soir. Là où l’on attendait le début d’une « crise institutionnelle » avec des décisions inconsidérées du genre « dissolution du Parlement » ou « révocation du Premier ministre », la surprise a été de taille à l’aune du suspens et des supputations divers imaginés dans les têtes des gens.
D’un ton martial et autoritaire, déterminé et ferme avec des gestes forts pour l’accompagnement ; Félix Tshisekedi a fait montre de sa modération que de son sens de responsabilité en annonçant son intention d’élargir désormais vers un « rassemblement » plus large pour se « réunir au-delàs des familles politiques traditionnelles » et ce, face à la situation politique dans un contexte de fragilité du pays.
Par-là, Tshisekedi a rappelé cet « effort de recomposition » politique ayant touché le régime sortant tout comme l’ancienne opposition en mettant ensemble les farouches opposants d’hier pour diriger le pays qui se révèle inefficace : « Nous avions choisi de gérer le pays au sein d’une coalition qui semblait constituer la solution idoine pour sortir le pays de ses différentes crises récurrentes et préserver ainsi les acquis de l’alternance. Malheureusement, près de deux ans après, les divergences qui persistent entre les parties signataires de cette accord qui plombent les ailes de l’espoir de notre envole vers le développement. Ces divergences touchant à la paix et à la sécurité nationale, à la Commission électorale nationale indépendante (Céni), à l’organisation des élections (2023 NDLR), à la gestion du portefeuille de l’Etat, à la territoriale, à la diplomatie, à l’indépendance de la justice et à l’instauration de l’Etat de droit » a constaté amèrement le chef de l’Etat.
Pour le président de la République, la gestion de ces questions ne peut être laissée à un seul groupement politique (le PPRD et son FCC NDLR) ; mais plutôt mérite un « large consensus national ». Raison de son intention d’entamer des nouvelle discussions avec tous les acteurs majeurs de la classe politique dans le but de trouver une nouvelle coalition plus large dans une union sacrée autour des valeurs prônées par lui.
D’un doigt de reproche aux uns et aux autres, Félix Tshisekedi souligne que face à l’ampleur des défis majeurs du pays ; « Le peuple congolais n’accordera aucun pardon à ceux qui, dans la classe politique, s’évertueront à créer ou à entretenir des entraves au progrès, animés qu’ils sont par une simple stratégie de survie politique ou de positionnement individuel, la haine tribale, la rancœur ou par la poursuite de la prédation en toute impunité ».
Ainsi Tshisekedi explique que l’Etat de droit qu’il prône n’est pas un « leurre » mais « le fruit d’une volonté politique » qui « énerve certains nostalgiques habitués à l’impunité et aux traitements de faveur » et conditionne le partenariat aux actions de son mandat au partage des « valeurs liées à l’Etat de droit et à la justice ». Un Etat de droit aujourd’hui conforté par le prestation de serment de trois juges de la Cour constitutionnelle qui assure désormais à cette juridiction un fonctionnement régulier.
Responsabilisant les uns et les autres face au devenir du pays en commençant pat lui-même, Félix Tshisekedi rappelle que : « Chaque année, plus de 2 millions d’enfants congolais naissent et s’ajoutent au nombre déjà important de notre population. Nous sommes individuellement et collectivement responsables de leur destin. Nous ne pouvons laisser leur avenir à la merci de pesanteurs ou écueils inhérents aux pratiques politiciennes, qui retardent ou affaiblissent la réalisation du programme pour lequel vous m’avez élu ».
Evoquant l’article 69 de la Constitution, Tshisekedi se pose en garant de l’Etat et du bon fonctionnement des institutions et avertit : « Je ne laisserai aucun engagement politique de quelque nature que ce soit primer sur mes prérogatives constitutionnelles et sur l’intérêt supérieur du peuple. Je ne transigerai jamais avec les intérêts supérieurs de la nation. Je ne céderai jamais la moindre portion de notre souveraineté nationale. Je ne ménagerai aucun effort pour préserver la paix et l’unité nationale ».
Ainsi en a-t-il décidé de « l’entame, dès la semaine prochaine, une série des contacts visant à consulter les acteurs politiques et sociaux et ensembles représentatifs du pays pour créer une union sacrée de la Nation » car « Aucun engagement politique ne saurait primer sur l’intérêt supérieur de la population ».
A la lecture de ce discours, plusieurs interprétations selon le camp dans lequel l’on se trouve : si pour les uns ce fut un non discours car Tshisekedi dans les cordes avec d’énormes difficultés politiques face à Kabila et son camp ; pour les autres, c’est un nouveau départ qui se dessine à l’horizon. Le président Félix Tshisekedi ayant trouvé des mots justes pour décrire la situation de blocage du pays et ainsi réintroduit son leadership au sommet de l’Etat.
Message du reste salué par l’Eglise du Christ au Congo (ECC) qui trouve que « l’adresse du chef de l’Etat va dans le sens de la création d’un nouveau paradigme de gestion du pays et dont le sort ne serait plus le seul apanage d’une infime minorité au détriment de la majorité ».
Pour notre analyste Jeff Bunduki Kabeya, « L’adresse du président de la République ne peut dérouter que ceux qui n’ont pas compris ce qu’il a dit ou ceux qui effectivement attendaient de lui des actes ou propos incendiaires qui auraient été susceptibles d’embraser la ville et/ou le pays d’autant que le déploiement des forces de l’ordre dans les points stratégiques de la ville de Kinshasa laissait augurer des débordements. Fatshi a parlé de manière autoritaire, chose qu’il n’avait pas encore faite depuis son accession au pouvoir. Je peux me tromper mais personne ne l’attendait dans cette posture de chef ».
Et de poursuivre : « Fatshi a parlé mais c’est l’implicite du discours qui est éloquent. Sans faire allusion à une crise, il l’a laissé entendre quand il a rappelé ses objectifs à la tête de l’état. Pas une seule fois, il n’a nommé son partenaire de la coalition. Mais en annonçant de larges consultations de la classe politique, il déclare que son partenariat avec le FCC est mort le jour de la prestation de serment des juges de la cour constitutionnelle ».
Jeff Bunduki Kabeya conclut : « À ceux qui le prennent pour un peureux ou une marionnette, il leur dit implicitement que toutes les options sont sur la table. Soit une nouvelle majorité parlementaire soit un retour aux élections. Ce faisant, c’est un signal clair et fort qu’ils donne aux futurs candidats à la coalition. Soit on marche en cadence pour le développement du pays soit c’est le retour au choix du souverain primaire. Il le dit subtilement, le pays ne pardonnera pas à tous ceux qui sont des obstacles à son développement. Ferme et clair dans ses propos, Fatshi attend de voir ce que donneront les consultations pour décider de la marche à suivre. Le fils du Sphinx a pris de la carrure ».
Roger DIKU et Thaddée Luaba Wa Ba Mabungi
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