C’est le site en ligne www.orientalinfo.net qui l’annonce dans son édition du dimanche 29 novembre 2020, la chute d’un second ballon « Loon » ; cette fois-ci dans la province de Haut-Uele. Le fait se serait passé le samedi 28 novembre 2020 dans une ferme des éleveurs Hema, groupement Talukiso à une dizaine de kilomètres de Gombari centre sur la route Mungbere, territoire de Watsa.
Selon les dires des témoins sur place, « l’appareil équipé des panneaux solaires et d’un sac à vent bien que tombé, continuait à fonctionner notamment avec le moteur en marche et toutes les lampes laser allumées » rapporte le site internet.
Pour rappel, c’est à un spectacle insolite qu’avait assisté les villageois de la localité de Bulumakate non loin de Buta en province de Bas-Uélé le lundi 24 août 2020 aux environs de 14 heures locales avec la découverte d’un engin tombé du ciel. C’était à environ une dizaine des kilomètres de la Route Nationale N°4 reliant Buta à Kisangani.
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Il s’était avéré par la suite qu’il s’agissait bien d’un ballon aérostat de Google. Dans le cas d’espèce et pour rappel, Loon, projet scientifique porté par la société X (au départ Google X Lab), filiale d’Alphabet Inc. ; travaillant sur l’accès à l’Internet dans les zones les plus reculées de la planète en utilisant des ballons stratosphériques gonflés à l’hélium.
Avec environ 15 mètres de diamètre, ce ballon flotte à une vingtaine de kilomètres d’altitude (soit deux fois plus haut que les avions de ligne. Il est équipé des panneaux solaires et est capable de faire 7 fois le tour de la terre. Avec les récentes avancées technologiques, chaque ballon peut maintenant relayer la 4G sur un rayon de 80 kilomètres.
En juillet dernier, Loon avait mis en service une flotte de 35 ballons sur une région de 50 000 kilomètres au Kenya. L’opération a été effective grâce notamment au partenariat avec l’opérateur local Telkom Kenya. Le Congo Brazzaville a également signé en 2019 un accord avec Loon.
Pour des internautes et certains sites spécialisés, l’engin qui s’était écrasé dans le Bas-Uélé était bien un de ces ballons d’autant plus que Loon avait obtenu l’autorisation de survoler le Kenya et d’autres pays africains depuis le mois de mars 2020. Pour StratoCat, l’engin portant le numéro de série et dénommé #HBAL166 avait été lancé le 23 avril 2020 depuis Porto Rico.
Des chutes à répétition
Lors de la première chute, contacté par des journalistes ; un porte-parole de Loon, Scott Corell donnait sa version des faits : « le ballon a bien atterri et n’est pas tombé par accident à Bulumakete ». L’entreprise choisit de faire atterrir ses appareils afin d’étudier les données qu’ils ont récoltées au cours de leur voyages et vérifier s’ils fonctionnent correctement.
Il précisait que « Loon avait exécuté un atterrissage contrôlé de l’un de nos ballons stratosphériques dans cette région. Cet atterrissage a été effectué de manière sûre et sécurisée après coordination avec les responsables locaux du contrôle aérien. Il a été spécifiquement approuvé par l’Autorité de l’Aviation civile congolaise (AAC). Conformément aux procédures d’atterrissage de Loon, un parachute s’est déployé et le ballon a été ramené au sol à une vitesse relativement faible dans une zone isolée. À aucun moment, cela n’a posé de risque pour la population locale ».
Le porte-parole de Loon confirmait par la même occasion la trajectoire parcourue par le dispositif, établie par des internautes à partir du numéro du dispositif visible sur les images (116) : « Ce ballon a été utilisé en service au Kenya. Il a entamé son voyage depuis le site de lancement à Porto Rico et est resté en altitude pendant 122 jours. Loon ne fournit pas internet en RDC. Étant donné que nos ballons opèrent dans le monde entier, nous atterrissons souvent dans des pays en dehors de ceux où nous fournissons actuellement des services. Nous avons demandé l’autorisation d’atterrissage pour cet appareil le 24 août, l’avons obtenue et nous avons coordonné au téléphone l’atterrissage avec l’Aviation civile à Kinshasa ». Scott Corell précisait même qu’une « équipe de récupération de Loon est déjà sur place pour ramasser le ballon et ses composants ».
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Ces ballons sont composés de deux parties : la première connecte les utilisateurs à internet grâce à son antenne LTE et comporte des senseurs de surface, la seconde assure le pilotage du ballon. Le tout fonctionne grâce à des capteurs d’énergie solaire. Le Loon, précise la compagnie ; ne fournit pas lui-même le réseau internet, mais capte les réseaux existants à partir des antennes relais dans une zone donnée, et les repartage à d’autres zones ayant des problèmes d’accès à internet au sol. Le ballon stratosphérique en lui-même est composé de polyéthylène, une matière synthétique qui se dégonfle au moment de l’atterrissage.
Une inquiétude tout de même…
Alors que Loon ne fournit pas internet en RDC, ce qui devrait inquiéter les autorités du pays demeure le fait d’atterrissage à répétition de ces ballons dans le pays. Et ce, dans une région en proie à des sérieux problèmes de sécurité. Outre les groupes armées qui pullulent dans cette partie du pays, les éleveurs Mbororo du Sud-Soudan qui envahissent une partie du territoire et l’exploitation illégale des matières premières rares du sous-sol par des étrangers ; il y a lieu qu’on ouvre l’œil et le bon avant qu’il ne soit encore trop tard.
Roger DIKU et Thaddée Luaba Wa Ba Mabungi