Le souvenir du 20ème anniversaire de l’assassinat de Laurent-Désiré Kabila a été l’occasion de signature d’un nouveau pacte avec réconciliation entre les catholiques congolais et les héritiers de feu l’ancien président autoproclamé de la République.
Le régime de son successeur Joseph Kabila en froid avec l’Eglise catholique avait livré un « bras de fer » fut plus qu’épique durant des années, allant jusqu’à accuser le Cardinal-Emérite et ancien Archevêque de Kinshasa ; Laurent Monsengwo d’avoir « d’avoir mené quelques tentatives subversives contre les intérêts nationaux » au travers du Comité Laïc de Coordination (CLC) avec ses manifestations contre un 3ème mandat de Kabila qui ont connus plusieurs morts.
Pour marquer ces retrouvailles, une messe d’actions de grâce a été célébrée en la Cathédrale Notre Dame du Congo par le n°1 des catholiques du pays, le Cardinal Fridolin Ambongo Besungu en personne comme l’indiquait un communiqué publié la veille : « A tous les fidèles et agents pastoraux de l’archidiocèse de Kinshasa. A l’occasion de la commémoration de la disparition du héros national Mzé Laurent Kabila, 20 ans après, Son Éminence Fridolin Cardinal Ambongo Besungu archevêque métropolitain de Kinshasa, présidera une messe d’action de grâce en sa mémoire demain samedi 16 janvier 2021 à la cathédrale Notre-Dame du Congo à 9 heures00. A cet effet, la communauté diocésaine de fidèles, en particulier les agents pastoraux sont invités à communier à cet événement en y prenant massivement part. Cordiale bienvenue à tous ! Abbé Aloïs Konde / Directeur du CDPL ».
Faut-il tout de même rappeler que durant la période des tensions avérées entre l’ancien régime et l’église, des appels à la violence contre les prêtres catholiques de la pat de jeunes dit bérets rouges du PPRD avaient été lancés. Des badauds se réclamant d’être les « soldats politiques du Raïs » n’avaient-ils pas pour mission de se saisir des prêtres qualifiés « d’imposteurs » pour avoir manifester dans la rue avec les fidèles du CLC et de les acheminer à la police…
Lire aussi : KINSHASA : « Les jeunes leaders PPRD » ou l’apologie de la violence contre les prêtres et les opposants https://www.afriwave.com/2018/02/25/kinshasa-les-jeunes-leaders-pprd-ou-lapologie-de-la-violence-contre-les-pretres-et-les-opposants/
L’Eglise du Christ au Congo (ECC) et le sermon mémorable du pasteur François David Ekofo
Les retrouvailles entre l’Eglise catholique et les proches de Kabila intervient deux ans après la « sanglante prêche » du pasteur protestant François David Ekofo de ce mardi 16 janvier 2018 qui lui a valu une espèce d’exil « volontaire » aux Etats-Unis d’Amériques où vivent ses enfants après qu’il ait reçu des menaces claires de la part des anciens dignitaires de Kabila.
En effet, ce jour-là dans un Temple Protestant du Centenaire de l’Eglise du Christ au Congo (ECC) plein comme un œuf, les caciques du régime Kabila et sa famille sont réunis pour un culte d’actions de grâce dit « Culte Héros national Mzée LD Kabila », la seule manifestation officielle autorisée sur l’étendue de la ville de Kinshasa comme le rappelait le communiqué de la veille de l’Hôtel signé le gouverneur PPRD Kimbuta Yango.
Deux ans plutôt, la fondation Laurent-Désiré Kabila dirigée par sa famille au travers de Jaynet Kabila et l’ensemble du régime avaient déserté l’Eglise Catholique pour ses critiques récurrentes contre Joseph Kabila tenté de briguer un 3ème mandat à la tête du pays. Le dévolu étant jeté sur celle protestante pour toutes les manifestations officielles car l’ECC ne critiquait presque jamais le pouvoir en place dans ses dérives autoritaires.
Ce à quoi l’on ne s’attendait le moins ce matin fut cette sanglante « leçon de bonne gouvernance » assenée à tous : famille et proches sauf Joseph Kabila lui-même jamais dans les commémorations, institutions du pays et courtisans de la dernière heure pour commémorer le 17ème anniversaire de l’ignoble assassinat de l’ancien président de la République.
« L’Etat Congolais n’existe pas. Nous devons léguer à nos enfants un pays de droit où tous les hommes sont égaux, tout le monde doit être traité sur un même pied d’égalité par la justice quel que soit son rang. Le Congo nous appartient, Dieu a donné la gestion du pays aux Congolais, pas aux étrangers et c’est devant Dieu que les congolais rendront compte. Dieu nous a donné beaucoup de richesses, il nous jugera sur base de ce qu’il nous a donné » avait martelé le prédicateur du jour.
Et de poursuivre en rappelant l’état du délabrement généralisé du pays : « Quand on parcourt l’Afrique, il y a des routes qui permettent aux gens de circuler librement mais c’est seulement en arrivant à la frontière de la RDC qu’on remarque qu’il n’y a pas de route. Que ce soit du côté Nord ou Sud, c’est la même chose. Pourtant la libre circulation des personnes et des biens pourra permettre aux Congolais de se connaitre davantage et d’apprendre à cohabiter. La libre circulation permet aussi de consolider l’unité nationale ».
Il conclut par cet avertissement directe et sévère aux pays voisins de « Ne pas être tenter de prendre une partie du Congo car même s’il est faible aujourd’hui, il se réveillera un jour et nos enfants récupéreront ce que les voisins ont ravi ».
Têtes baissées, confus et mine de mauvais jours ; l’assemblée avait encaissé toutes ces vérités qui font mal car ce jour-là avec le pasteur Ekofo, « On aurait cru entendre un Cardinal Monsengwo protestant parler » expliquait un participant de l’époque à la fin du culte.
En direct de la télévision nationale malgré une tentative d’interruption du signal, ce qui était un moment de méditation et de recueillement s’était transformé en une véritable leçon administrée à tous et à chacun, présents et absents sur la conduite des affaires de l’Etat.
Lire aussi : Culte d’action de grâce en mémoire de Laurent-Désiré Kabila : Une leçon de bonne gouvernance https://www.afriwave.com/2018/01/16/culte-daction-de-grace-en-memoire-de-laurent-desire-kabila-une-lecon-de-bonne-gouvernance/
Victimes des intimidations
Quelques heures seulement après son sermon, le pasteur David François Ekofo se retrouvait dans une situation inconfortable pour sa personne et celle de sa famille : des intimidations de la part du régime à cause de sa prêche qui n’avait pas du tout plu au sommet de l’Etat. Se sentant inquiété, avec son épouse ; ils entamaient une vie de clandestinité en un lieu sûr avant d’être exfiltrés de Kinshasa et du pays pour leur sécurité.
A l’époque, une source vérifiée rapportait des propos pour les moins ambigus mais surprenant à l’endroit du pasteur Ekofo de la part d’un haut responsable du PPRD. A la fin du culte et comme cela se fait chez les protestants, les officiants saluent les participants et ce cadre du PPRD lui lance : « Maintenant que vous avez allumé le feu, j’espère que vous tiendrez bien le coup… ». Que voudrait signifier ces paroles et pourquoi les avoir prononcées se demandaient les collègues du pasteur Ekofo ?
Lire aussi : RDC : 16 février 2019, un an après le « sermon » du pasteur François David Ekofo et quid de son « exil » involontaire ? https://www.afriwave.com/2019/01/16/rdc-16-fevrier-2019-un-an-apres-le-sermon-du-pasteur-francois-david-ekofo-et-quid-de-son-exil-involontaire/
Dans ce qui était devenue un feuilleton à propos de la sécurité et de la vie du pasteur Ekofo au point que l’Eglise du Christ s’en inquiète, c’est la Monusco qui aura joué un rôle important pour un « happy end ». Après l’avoir exfiltré au soir du samedi 03 février 2017 par ses moyens sûrs pour un endroit sécurisé en compagnie de son épouse, ils furent d’abord conduits dans un pays limitrophe de la RDC ; en l’occurrence l’Ouganda via Entebbe après un transit dont ils ne sont jamais sortis de l’avion à Goma dans le Nord-Kivu. Depuis l’Ouganda ils avaient pu prendre un avion pour les Etats-Unis vers New-York, et delà pour parvenir auprès de leurs enfants en Caroline du Nord dans la ville de Charlotte où ils étaient arrivés lundi 05 février 2018 au soir.
Sains et saufs selon des proches même si l’interrogation demeure : pourquoi en êtes-t-on arrivé là ? Une précision par contre, le pasteur Ekofo n’est pas en exil et n’a pas non plus sollicité un quelconque asile politique comme le racontait certains médias…Car étant un résident américain normal titulaire d’une green card.
Les hommages de Tshisekedi
De son côté, le président de la République Félix Tshisekedi a pris part à une cérémonie officielle d’hommages et de commémoration des 20 ans de la disparition de Mzée Laurent Désiré Kabila, ancien Président de la RDC assassiné en 2001. C’était en présence des membres de la famille dont Olive Lembe Di Sita et Jaynet Kabila.
Cette cérémonie s’est déroulée devant le Mausolée de Laurent-Désiré Kabila en face du Palais de la Nation de Kinshasa en présence de nombreuses personnalités tant politiques, sociales que et religieuses. Le moment de recueillement du Chef de l’État avait été précédé d’un dépôt d’une couronne de fleurs sur la tombe de l’illustre disparu.
Roger DIKU et Thaddée Luaba Wa Ba Mabungi
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