Par Siméon Nkola Matamba
Une chaise vide. Le symbole était des plus éloquents. C’est un Sylvestre Ilunga Ilunkamba las et essoré par la force des événements qui a séché la plénière du 27 Janvier 2021. Le septuagénaire aux allures pourtant affables, flairant la fin, s’est barricadé dans le refus à la manière des forcenés, quitte à commettre le suicide de l’honneur en entraînant avec lui l’équipe gouvernementale.
301 députés ont signé une motion de censure contre le Gouvernement. La majorité parlementaire en cours de reconfiguration a démontré, depuis la chute de Jeanine Mabunda du perchoir de l’Assemblée Nationale en Décembre 2020, que le FCC ne pouvait plus compter sur la supériorité numérique dont il était assuré au sein des institutions. C’est ce que Sylvestre Ilunkamba a tenté d’ignorer, à ses dépens.
Les circonstances de son élévation au poste de Premier Ministre n’ont pas besoin d’être rappelées. C’est au contraire, la dimension qu’un camp politique, le sien, a voulu donner au statut de Premier Ministre, au sein d’une coalition de surcroît, qui permet de tirer les leçons de sa dégringolade vers les abîmes du désaveu. D’entrée de jeu, pour l’opinion habituée aux stratagèmes d’un FCC gourmand de pouvoirs, le Gouvernement Ilunkamba donnait le ton d’un bras de fer qui devait inévitablement s’installer au sein de l’exécutif jusqu’à paralyser les institutions.
Le pire s’est produit quand forts de cette Primature et d’une majorité parlementaire jusque-là acquise à l’autorité du FCC, des caciques revanchards ont conduit dans l’arène le Premier Ministre, tel un béjaune inexpérimenté, en inspirant la rébellion, pour que ce dernier se déclarât d’une préséance flagrante au sein de l’exécutif. C’est ainsi qu’à la faveur d’un éblouissant tour de magie, pour le besoin de la cause, Sylvestre Ilunkamba se fera dire par le fiévreux Evariste Boshab qu’il était à la tête d’un régime primo-ministériel.
Ce Premier Ministre à qui l’expérience politique et académique devaient interdire des errements d’apprenti y a paradoxalement cru, poussant l’outrecuidance et l’incivisme politique jusqu’à interpeller par voie de communiqué le Président de la République, marquant sa soumission aux intérêts de son regroupement politique en lieu et place d’être le Premier Ministre de la République.
C’est par le même réflexe, devenu naturel chez lui après un conditionnement intense, qu’il préfèrera mettre le cap vers Lubumbashi pour rendre compte à son autorité morale au lieu de faire le déplacement pour présenter ses moyens de défense à la représentation nationale réunie en séance plénière. Comme prévu, la plénière a fait tomber le Premier Ministre.
Ainsi s’achève la Primature Ilunkamba, dans le désaveu, au pays où à la faveur de l’appel pour l’Union Sacrée, la classe politique malgré ses imperfections encore notoires, tente de se libérer du régime des autorités morales. Et c’est le régime primo-ministériel fantasmé qui s’en trouve annihilé.
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Siméon Nkola Matamba est un éditorialiste, blogueur et commentateur de l’actualité sociopolitique de la République Démocratique du Congo. (Twitter : @Simeon_5)