Honoré Ngbanda Nzambo Ko Atumba dit « Honoré Atu », 75 ans en mai prochain ; Président-fondateur de l’Alliance des Patriotes pour la Refondation du Congo (Apareco) est décédé ce dimanche 21 mars 2021 au Maroc où il vivait en exil depuis des années. Une information confirmée par sa famille biologique.
Avec cette disparition s’éteint ainsi le dernier survivant de la tragédie des 16 février et 1er mars 1992 avec le massacre dans les rues de Kinshasa des chrétiens qui réclamaient la réouverture de la Conférence Nationale Souveraine (CNS) brutalement fermée par son premier ministre feu Jean de Dieu Nguz Karl i Bond.
L’ancien président de la République du Zaïre Mobutu Sese Seko, le ministre de l’Intérieur Tony Carbure Mandungu Bula Nyati, le gouverneur de Kinshasa Kibabu Madiata Nzau étant tous morts. Il en est de même des organisateurs de ladite marche le Dr François Kandolo et Pierre Lumbi Okongo ; tous deux membres du comité de la Coordination Laïque de Kinshasa.
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Pour tenter de divertir sur sa véritable localisation alors que tout le monde le savait au Maroc depuis son départ de la France, l’’ancien « flic » n’apparaissait plus en public que virtuellement face caméra par ses multiples vidéos sur fond d’incrustations aux multiples décors tantôt du Congo ou de l’Europe.
« Le PN pour dire prédisent national était beaucoup affaibli par la maladie. Il avait sérieusement maigri et le mal l’a emporté, nous laissant orphelin d’un père combattant » affirme sous anonymat un membre du Comité national depuis un pays européen.
Entouré d’un petit cercle de fidèles organisés et déterminés, il aura continué de propager ses théories du complot contre la RDC via les réseaux sociaux. De Laurent-Désiré Kabila à Félix Tshisekedi en passant par Joseph Kabila qu’il a présenté comme un « rwandais », Ngbanda ne s’était accommodé avec personne jusqu’à son dernier souffle ; radicalisant son discours contre les régimes successifs de Kinshasa au point de friser carrément la paranoïa en les qualifiants de mèche avec les occupants.
Comme dans une fidélité jusqu’à la mort par un pacte de sang, Honoré Atu a choisi de tirer sa révérence au Maroc où est mort et enterré son mentor. Avec sa disparition, l’on se demande bien si son mouvement d’Apareco lui survivra; tellement il en était l’incarnation au quotidien en même temps l’autorité morale.
Un homme d’exception ?
De l’homme de confiance du chef dont le parcours terrestre s’est arrêté en ce jour, l’on retiendra qu’il fut de tous les combats pour le maintien de la dictature de Mobutu : ex-chef des renseignements, ancien ambassadeur en Israël (1983-1985) et ministre de la Défense (1990-1992) ; Ngbanda fut également à d’innombrables reprises Conseiller spécial en matière de sécurité du même Mobutu dont certains rumeurs non vérifiés disaient qu’ils étaient oncle et neveu.
Responsable de l’Agence Nationale de Documentation (AND) entre 1985 et 1990, aujourd’hui l’Agence nationale des Renseignements (ANR) de triste mémoire, ce poste sécuritaire lui a valu même le surnom de « Terminator » du fait de la froideur dans la répression de ses services face aux velléités de contestation du régime dans le pays.
Né le 5 mai 1946 à Lisala dans l’ancienne province unifiée de l’Equateur comme Mobutu dont on dit qu’ils étaient oncle et neveu, le chrétien Honoré Atu fut l’un de ceux qui auront entêté le dictateur jusqu’à la fin brutale de son régime après 32 ans d’une règne de terreur.
Ayant vécu en exil au lendemain de la chute par sa fuite du pays de Mobutu en 1997 sous les boutoirs des petits hommes chaussés des bottes de caoutchouc de Laurent-Désiré Kabila, Nganda était visible par le Togo de feu Gnassingbé Eyadéma Togo et le Gabon d’Omar Bongo Ondimba ; deux pays dont il aurait même détenu un passeport diplomatique en un moment avant de se retrouver en France avec un passage à Abidjan, du temps de l’ancien président ivoirien Laurent Gbagbo. De ses multiples présences dans les capitales africaines, Ngbanda disait mener des « activités de conseil auprès de chefs d’État du continent ».
N’étant pas parvenu à obtenir le statut de réfugié politique au pays des Droits de l’Homme et sous la menace d’une reconduction aux frontières, il quittera la France pour un lieu tenu « secret » mais dont tout le monde savait que c’était le Maroc où vit la famille de Mobutu. Pour justifier sa situation de clandestinité quasi permanente, Ngbanda expliquait à qui voulait l’entendre que « sa vie est mise à prix par les puissances étrangères qui occupent mon pays ».
A l’avènement de Félix Tshisekedi et la décrispation politique créée avec les retours au pays des opposants Jean-Pierre bemba et Moïse Katumbi, on avait également cru en son retour ; une hypothèse qu’il avait carrément démentie en accusant le nouveau régime : « le contact téléphonique sollicité par François Beya avait plutôt pour but de le piéger, dans l’unique but de torpiller le combat de la Résistance en diffusant des fausses nouvelles annonçant son retour au pays, alors les conspirateurs ont manqué leur cible ! Car nous sommes en mesure de diffuser l’enregistrement intégral de cet entretien téléphonique de 3 minutes 49 secondes ». Un enregistrement dont on n’aura rien su jusqu’à son décès !
Lire aussi : RDC : Décrispation politique : Honoré Ngbanda dément son retour annoncé au pays et accuse… https://www.afriwave.com/2019/05/25/rdc-decrispation-politique-honore-ngbanda-dement-son-retour-annonce-au-pays-et-accuse/
Roger DIKU et TSHIKUYI TUBABELA