Le Gouverneur de la province du Kasaï Oriental, Jean Maweja Muteba dit « Djounès Mao » et son gouvernement ont été destitués le jeudi 1er avril 2021 par l’Assemblée provinciale réunie à Mbuji-Mayi. Il lui ait reproché notamment sa faiblesse politique et son incompétence « supposée » ainsi qu’un leadership douteux dans la gestion.
Cette mise à l’écart signe ainsi la « fin d’une aventure » pour ce « diamantaire » qui voulait se convertir en politique. Son dernier coup de poker en sollicitant un délai moratoire de 12 jours pour présenter ses « moyens de défense » n’aura pas séduit des députés provinciaux issus pourtant à majorité de son parti l’UDPS. Remontés contre lui depuis plusieurs mois, 13 des 17 membres présents à la plénière du jour ont voté en faveur de la nouvelle motion de défiance initiée lundi 29 mars 2021.
Déjà mardi 30 mars 2021 lors de l’ouverture de la session ordinaire de mars 2021 à l’Assemblée provinciale, le président de cet organe délibérant Yves Muamba ; avait indiqué que la motion de défiance contre le gouverneur Jean Maweja était parmi les matières retenues pour être examinée au cours de ladite session.
S’étant tout de même présenté le même jeudi 1er avril 2021 devant la plénière pour écouter les griefs retenus contre sa personne, Jean Maweja n’aura pas survécu à la nouvelle motion de défiance introduite lundi 29 mars 2021 au greffe de l’Assemblée provinciale. Outre ses députés provinciaux, les attaques de l’Abbé Kanda de la paroisse Universitaire contre Maweja ont fini par faire très mal.
Une fin inéluctable
Considéré au départ par une frange de l’opinion comme une chance pour le Kasaï Oriental après les 11 ans de règne du PPRD de Joseph Kabila avec Alphonse Ngoyi Kasanji, « Jean Maweja s’est révélé une véritable calamité pour une province aujourd’hui en lambeau avec les choix douteux d’un entourage incompétent qui l’a plus enfoncé que l’aidé » commente sous anonymat un militant de base UDPS proche e l’ancien gouverneur.
Moqué pour son style vestimentaire propre à lui mais aussi de ses limites dans le langage, l’homme politique Jean Maweja Muteba était comme une exception. Elu député national, il pourrait toujours reprendre sa place dans le grand hémicycle du Palais du Peuple de Kinshasa à moins qu’il ne se décide autrement.
Des défis qui l’attendait à son avènement à la tête de la province, il s’en va sur un sentiment mitigé avec des manifestations quasi quotidiennes des différentes couches de la population de Mbuji-Mayi. On lui reprochait outre son incompétence supposée, l’insécurité généralisée; la hausse exponentielle des prix des denrées de première nécessité et le manque criant d’un de programme dans sa gestion de la province.
« Le quotidien d’une population abandonnée depuis des années Kabila avec les questions d’eau, d’électricité et de survie qui constituent un casse-tête est resté le même. A cela s’ajoute la remise en état des infrastructures de base provinciales, notamment les routes urbaines principales et celles de desserte secondaires qui n’existent presque plus » regrette un proche de Maweja écarté de l’entourage par des nouveaux venus sans compétences aucunes.
Et de poursuivre : « Il y a cette question d’insécurité grandissante comme dans le reste du pays aussi prioritaire au bénéfice de la population. Mais aussi la problématique des têtes d’érosions et autres ravins qui menacent géographiquement l’existence même de la ville de Mbuji-Mayi construite sur le sous-bassement minier du diamant qui a fait la réputation de la province du Kasaï-Oriental, mais aujourd’hui en passe de son engloutissement auxquels l’autorité n’a pu faire face… ».
Un autre son de cloche pour l’analyste politique Joseph Bunduki Kabeya sur la destitution de Jean Maweja Muteba : « Les initiateurs de la motion de méfiance contre Maweja Djounès doivent jubiler. Ils ont réussi un coup de poker. Faire partir le gouverneur le jour où le monde entier s’adonne à des farces de plus ou moins douteuses pour amuser la galerie. Cette destitution est dans un premier temps passée pour une blague. Mais voilà, le gouverneur est tombé et il faut le remplacer. Les causes avancées pour son éviction ne sont malheureusement pas de consécutives à son élection. Elles perdurent depuis des décennies. La Deuxième République de Mobutu n’a en rien développé cette partie du pays, les 18 ans de Kabila n’ont pas apporté une plus-value au Kasaï Oriental. Beaucoup de Kasaïens ont émigré soit au Katanga ou à Kinshasa où ils sont devenus des moto taximen appelés communément « Wewa ». Il était donc illusoire de s’imaginer que dans une province morcelée où les personnes ne paient quasi pas d’impôts et où les entreprises ne cotisent pratiquement pas pour renflouer les caisses de l’Etat que la transformation de la province se fasse en un temps, trois mouvements ». Et il poursuit : « Cette destitution a des mérites. Elle met les opposants à Maweja au défi de prouver publiquement qu’ils ont un projet de société cohérent pour le développement harmonieux de la province du Kasaï Oriental. Qu’ils ont profité de leur temps d’opposition pour préparer des solutions concrètes et réalisables à court, moyen et long terme. Elle met les opposants à Djunès au défi de prouver lors du prochain passage du Chef de l’Etat dans la province qu’une prise en charge autonome du développement local est possible et que Maweja n’avait pas la carrure pour le faire. Le prochain gouverneur n’a pas droit à l’erreur. Non seulement le temps joue contre lui mais s’il ne prend pas le pouls réel des attentes de la population, on n’aura déshabillé que St Pierre pour habiller St Paul. Il devra avoir présent à l’esprit que les mêmes causes produisent les mêmes effets. La balle est dans leur camp ».
Toute chose restant égale par ailleurs, la « faiblesse politique » dont on affabulait Jean Maweja s’est confirmée au fil de deux ans de sa gestion avant de l’emporter. Rien ne s’est transformé pour lui en « opportunités » pour le bien-être et le succès du peuple de son Kasaï-Oriental qui attendait peut-être beaucoup plus de lui.
Lire aussi : POLITIQUE : Nouveau Gouverneur Jean Maweja Muteba, un espoir pour le Kasaï-Oriental ? https://www.afriwave.com/2019/04/24/politique-nouveau-gouverneur-jean-maweja-muteba-un-espoir-pour-le-kasai-oriental/
Roger DIKU et Thaddée Luaba Wa Ba Mabungi