L’audition du Premier ministre Sama Lukonde Kyenge a eu lieu ce lundi 26 avril 2021 devant 412 députés membres de l’Assemblée nationale avec la présentation de son programme d’action en vue de l’investiture de son gouvernement. Avec une majorité écrasante, 410 députés nationaux et deux abstentions sur 412 députés présents ont approuvé le programme du gouvernement qui est investi.
Reporté plusieurs fois pour cause de frustration de certains élus, ce rendez-vous du premier gouvernement de l’Union Sacrée de la Nation voulue par le Chef de l’Etat Félix Tshisekedi devant l’Assemblée nationale s’est fait en présence de certains députés de l’ancienne majorité du Front Commun pour le Congo (FCC) de Joseph Kabila.
Selon le document officiel diffusé à ce sujet, ce programme du gouvernement repose 4 secteurs, 15 piliers, 65 axes et 340 actions sur une courte période de 3 ans sélectionnées en fonction de leur impact et de leur visibilité en vue de construire un État Fort, Prospère et Solidaire. Quinze piliers constituent la colonne de ce programme subdivisés en quatre groupes :
- Politique, justice et Administration publique (Pacification du pays, Renforcement de l’autorité de l’État, Participation au leadership à la consolidation de la paix, Lutte contre la corruption et les crimes économiques).
- Économie et Finances (Amélioration de la gouvernance, Amélioration du climat des affaires, Diversification de l’économie).
- Reconstruction du pays (Modernisation des infrastructures de base, Promotion et développement des nouvelles technologies de l’information et la communication, Lutte contre le changement climatique).
- Social (Amélioration des conditions sociales, logement, Développement du secteur de l’eau et de l’électricité, Lutte contre la pauvreté, Autonomisation de la femme et la promotion des jeunes, Construction des centres sportifs).
Avec un programme ambitieux pariant d’accroître les ressources de 300 % sur 3 ans, ainsi le gouvernement s’engage-t-il à « améliorer les conditions de vie et de travail de beaucoup de catégories socio-professionnelles dont les militaires, les politiques, les magistrats, les agents de l’Etat sur fond de la réforme du système de retraite et de sécurité sociale » explique Sama Lukonde.
Pour cela, il s’impose « une réforme de la fiscalité, la fin du système des exonérations et de compensation, le rétablissement TVA, l’uniformisation du numéro des contribuables avec l’engagement dans la lutte contre le blanchiment » a poursuivit le premier ministre.
Pour les seuls chiffres de la journée qu’il aura donné au sujet des trois ans du premier quinquennat du président Tshisekedi qui restent, « Le programme devrait coûter 36 milliards de dollars et il compte donc entre autres aussi sur la signature d’un programme avec le FMI pour 1,6 milliards. Sur le budget du pays, l’objectif est de l’augmenter à 12 milliards, un collectif budgétaire étant prévu pour cette année. Et qu’il compte aussi sur l’amélioration des prévisions conjoncturelles et les recettes pour combler le gap dans les finances publiques avec l’élaboration d’une loi des finances rectificative pour accroître le budget 2021 ».
Sur le social au sujet de l’accès à l’eau potable et à l’électricité, le nouveau gouvernement « compte améliorer la gouvernance de la Régideso et de la Snel, payer les créances étatiques leur dues sous conditions de réalisation des projets concrets ». Particulièrement pour la Régideso, « construire, réhabiliter et moderniser le réseau de distribution d’eau ».
Au plan des ressources, dans le secteur des hydrocarbures ; « Le gouvernement entend certifier les réserves pétrolières et gazières et lancer des appels d’offres sur les blocs pétroliers et gaziers certifiés et accessibles. Il compte également alléger et réorganiser la structure des prix des produits pétroliers » dans le pays.
Outre les questions socio-économiques, l’accent a été mis sur la sécurité en rapport avec la situation plus que préoccupante dans le Nord-Est du pays en allant de l’Ituri aux provinces du Nord et Sud-Kivu. De ce fait, le gouvernement entend « pacifier complètement et définitivement le pays en mettant notamment fin à l’existence des groupes armés à l’Est et sécuriser les frontières, promouvoir la cohésion, la réconciliation et l’unité nationale avec un premier sur Beni, Butembo, Ituri et Minembwe ».
Pour le premier ministre, « aucune option ne sera exclue, y compris celle de la proclamation de l’Etat d’urgence sécuritaire dans toutes les zones en proie aux violences et à des conflits armés ». Mais aussi « l’engagement du gouvernement à matérialiser le remplacement de l’administration civile par le service militaire ».
Sama Lukonde a été très applaudis lorsqu’il a parlé du recensement et de la volonté de son gouvernement de fournir une carte d’identité à tous. Son gouvernement de l’Union Sacrée devra imposer « L’obligation de rendre compte au sein des administrations publiques avec les lettres de mission et les contrats de performance ».
Des relations et de la présence de la force de l’ONU dans le pays, le premier ministre a dit « entendre la frustration de la population » et promis « une évaluation de l’action de la Monusco avec le Conseil de sécurité ». Diverses manifestations de fois violentes réclament carrément le départ de la Monusco du pays après 25 ans de présence sans aucune stabilisation ni retour de la paix.
En conclusion de son allocution devant les députés, Sama Lukonde a exprimé sa pensée envers tous ceux qui souffrent en déclarant que son « gouvernement se tiendra à vos côtés pour définir des nouvelles perspectives d’avenir. Je voudrai vs dire notre détermination à agir sous le leadership du Président de la République pour leur rendre la paix ». « Oui, il est possible de rendre à notre pays sa dignité. Oui, il est possible que la paix revienne. Oui, c’est possible. Nous devons démontrer à la face du monde qu’impossible n’est pas congolais » a-t-il dit.
Roger DIKU et Thaddée Luaba Wa Ba Mabungi