jeudi, novembre 21, 2024
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EDITORIAL : Paul Kagame, les crimes de guerre et le Rapport Mapping

Les déclarations de Kagame à Paris ne peuvent pas surprendre les observateurs avertis. Elles traduisent un état de fébrilité dans le chef de l’Etat rwandais qui a espéré corriger un déséquilibre qui ne joue pas en sa faveur.

En effet, sur le plan des médias, des publications comme celles de Julie Revers (Rwanda, l’éloge du sang), de Charles Onana (Rwanda, la vérité sur l’opération Turquoise; Ces tueurs tutsis au cœur de la tragédie congolaise; Les secrets du génocide, Enquêtes sur les mystères d’un président), de Robin Philpot (Ça ne s’est pas passé comme ça au Rwanda; Rwanda: Crimes, mensonges et étouffement de la vérité) ont sérieusement écorné dans le monde l’image de Paul Kagame qui s’est présenté en sauveur des tutsis d’une part.

D’autre part, ses 21 années de pouvoir ne l’ont pas vu amorcer un mouvement de réconciliation nationale entre les Tutsis, les Twa et les Hutus. Tout au Rwanda est dominé par un seul groupe ethnique, les Tutsis.

Sur le plan militaire, depuis l’année 2020, la RDCongo et les FARDC ont corrigé un déséquilibre qui aura des répercussions dans la sous-région des Grands Lacs. En effet, l’embargo sur les armes qui frappait la RDCongo a été levé. Le fait d’avoir un chef d’Etat qui veut la paix à l’Est de son pays et qui met les moyens militaires conséquents à la disposition de l’armée pour remplir sa mission dérange Kigali. L’état de siège qui a été instauré par la partie congolaise en est l’illustration.

Le FPR connaît la valeur de l’armée congolaise quand elle est motivée. Déjà en 1990, à la demande du feu président Habyarimana, la Division Spéciale Présidentielle (DSP) commandée par feu le général Mahele, avait renvoyé le FPR commandé à l’époque par Fred Ruigema en Ouganda.

L’histoire montre que, quand il le faut, l’armée congolaise sait se couvrir de gloire. Il suffit de se remémorer les noms de « Mahenge », « Tabora », « Abéché », « Faya-Largeau », « la bande d’Aouzzou » pour connaître les lieux où l’armée congolaise a inscrit son nom avec des lettres de sang.

Le réarmement de l’armée congolaise perturbe Paul Kagame car, à terme ; le rapport de forces militaires va s’inverser en faveur de Kinshasa. Sur le plan diplomatique, les démarches de Félix Tshisekedi sont en train de convaincre les sponsors de Kigali que la voie qu’ils suivent est mauvaise pour tout le monde. La volonté d’avoir une coopération directe gagnant-gagnant prive Kigali d’une manne et d’un sentiment de puissance.

Le fait que Kagame nie les tragédies que l’armée rwandaise du FPR ont commis en RDCongo depuis 1994 est une fuite en avant. La demande du président congolais de voir les auteurs des crimes causés en RDCongo punis est un pieu qu’il enfonce dans la poitrine de Kagame.

Le rapport Mapping de l’ONU est une épée de Damoclès suspendue au-dessus de la tête des autorités rwandaises. Tôt ou tard, les crimes se paient. Kagame qui se croyait intouchable en fait maintenant le douloureux apprentissage du contraire.

Jeff Bunduki Kabeya

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