Plus qu’un thème, mieux qu’un concept, le sujet fait débat. Ça se discute, ça ne se chuchote plus, ça se dit tout haut dans tout le pays. Oui, on en parle partout, même autour du feu en ce début de saison sèche !
Les rideaux de la peur, de la honte semblent être baissés. Depuis quelques mois ils sont même tombés. Ça se dit entre amis, frères et sœurs. Ça fait réellement débat. Partisans, opposants et fanatiques se disent des choses, des vérités parfois pas agréables à entendre. Autant monte le ton, autant il descend selon l’acuité de la conversation. Mais un fait est réel, ça se discute.
A la base de cette effervescence d’un sujet qui fait tabac comme si tout le pays l’attendait, un homme plus scientifique que politique crève les écrans, mais aussi les ondes, les lignes des journaux, surtout les réseaux sociaux qui semblent s’être appropriés l’essentiel des échanges.
MAIS QUI EST-IL ?
Il a le verbe convenable, un regard perçant, en dépit de la lourdeur de ses verres épais qui cachent mal le volume des textes qu’il a déjà lus. Il parle sans arrêt, au point où les présentateurs des émissions télévisées se disputent les créneaux horaires de ses rendez-vous ! Parfois avec sa voix monocorde, Il faut absolument l’arrêter pour pouvoir placer un mot lors de l’échange. N’empêche, il y a des intervieweurs qui se font rabrouer. Car, il est devenu plus vedette que les présentateurs eux-mêmes. Disons qu’il crève l’écran !
Cependant, tel un excellent sportif préparant un championnat, il enchaîne des sorties médiatiques autant qu’il multiplie et diversifie des sujets. Tel un bavard plaisant rodé à l’art de la parole. On ne peut le rater quand on l’entend sans le voir. Par son accent pas toujours celui de grandes éloquences, le sien tente de s’imposer dans ce microcosme politique congolais.
Et réellement il se veut comme un véritable politique congolais. La popularité dont il n’a pas pu faire preuve lors de l’élection présidentielle de 2018 est désormais palpable. Il s’affiche en haut des sondages des préférés, même si une bonne partie d’une certaine opinion voit à travers son sujet de prédilection un danger pour son candidat probable aux élections attendues en 2023.
Lui qui a été formé pour l’Economie et les Finances. Bardé de diplômes de prestigieuses universités du monde dont un Doctorat à thèse, il vient d’initier un débat à l’intitulé assez évocateur : « ÊTRE DE MÈRE ET DE PÈRE CONGOLAIS pour diriger le Congo ». C’est à croire qu’Il vient de trouver un créneau pour porter haut son projet.
De NGANDANJIKA AUX USA
Dans cette démarche, on le croirait à la Cour de Cicéron dans la Rome antique ou dans celle de Socrate de la Grèce d’avant Jésus-Christ. Pourtant, n’étant ni l’un ni l’autre, le politique dont il est question ici se réclame de Ngandajika. Oui, vous avez bien lu de NGANDAJIKA : une bourgade congolaise située dans un village perdu au centre du pays et aussi de l’Afrique, à plus de mille lieues d’Athènes et de Rome. Loin, très loin de ces célèbres philosophes aussi bien géographiquement que dans les temps et que les jeunes du coin se plaisent à surnommer « NGAND’AFFAIRES ».
Depuis que le porteur de ce projet en parle, Ngandajika semble intéresser le Congo entier, y-compris les moins curieux. Comment ne pas s’y intéresser, tant que celui qui en parle y donne une valeur ajoutée. A observer ses pieds, c’est à croire qu’il aurait quitté ce coin pour atteindre à pieds le sommet de la science. Revenu au pays presque sur la pointe des pieds, il use de la maïeutique pour se faire entendre et mieux, se chercher une place.
NGANDAJIKA la fleurie, demeure la terre promise du Dr Noël TSHIANI MUADIAMVITA, c’est de lui qu’il s’agit. C’est lui le porteur du concept qu’il propose en forme de loi au peuple congolais. Plus qu’un simple concept, le sujet divise mais pas autant qu’il rassemble. Les esprits éclairés s’y retrouvent. Ceux qui le sont moins, se perdent en conjectures, soit consciemment pour racoler adeptes et partisans, soit inconsciemment par l’absence d’analyse.
LE DEBAT
Le débat est captivant. On peut le constater par l’ampleur, l’enthousiasme et la frénésie avec lesquels il est accueilli dans des salons huppés ou non, tant de la diaspora que ceux de la population congolaise. Tout le monde en parle. Tout le monde y est vivement intéressé. De la crème de l’élite au citoyen lambda, tous discutent de ce que d’aucuns appellent à tort probablement « LA CONGOLITE ».
A tort, parce que cela ne semble pas avoir germé dans la tête de son concepteur et lanceur selon ses propres dires dans différentes tribunes offertes à lui pour sa défense. Il dit que son projet est destiné à verrouiller l’accès à la Présidence de la République à ceux des candidats qui une fois élus, manqueraient de loyauté envers la Nation. Il tient à protéger le pays. Plus clair que cela, il n’y a pas de discussion possible quand on connaît l’appétit glouton des prédateurs des pays voisins entourant la République Démocratique du Congo.
Chemin faisant, le verrouillage s’étend à d’autres postes clés de responsabilités tels que la présidence du Sénat et celle de l’Assemblée Nationale. C’est justement là qu’il se fait qualifier de nationaliste par les partisans et de discriminatoire dangereux par une partie d’opposants. Mais lesquels opposants manquent cruellement d’arguments pour nous offrir le plus beau spectacle politique de débat d’idées.
Pourtant il ne manque pas de têtes pensantes parmi les opposants à ce projet. Ces derniers ne veulent pas entendre parler de cette loi hautement anxiogène et discriminatoire selon eux. Mais pourquoi cette anxiété latente ? La réponse serait probablement dans les faits du passé sensés reproduire les mêmes effets dans le futur. Ils parlent d’un éventuel danger aux conséquences incommensurables pour le pays.
Quel danger et pourquoi ?
Toutes ces questions semblent trouver réponse dans les causes lointaines des conflits passés entre communautés vivant au Katanga. Une menace à peine voilée pour réduire au silence ceux qui soutiennent la réflexion sur cette proposition de loi. Taisez-vous, si vous osez faire passer cette loi, c’est la partition du pays. Nous allons vous faire la guerre. Voilà où semblent mener les partisans du camp opposé à cette proposition de loi.
Pourtant si cela était pris avec sourire et de manière assez réfléchie, les deux camps pourraient nous offrir le plus beau spectacle intellectuel digne d’hommes politiques intelligents. Un duel cognitif qui n’aurait rien à envier aux habituels débats politiques télévisés lors des présidentielles françaises et américaines. Ceci fait revenir à l’esprit la promesse d’une campagne à l’américaine nous avait-on promis lors de l’élection présidentielle. C’est maintenant le temps du débat.
Où seraient ces hommes et femmes politiques congolais capables d’un tel exploit ? Plutôt que de nous abreuver d’invectives du genre « le nez de Pinocchio » pour persifler sur celui de l’adversaire, les opposants à cette loi nous privent d’un duel intellectuel. C’est en victimes résignées qu’ils s’amènent sur le terrain censé être celui de la confrontation d’idées.
Leurs propos insufflent la peur en distillant la haine. Visiblement à bout d’arguments plausibles à apporter au débat, ils claironnent sans expliquer le supposé danger prétendument occulté par cette loi. Or, la supposée loi n’est pas encore loi. Une simple réflexion fait agiter un groupe d’individus qui ne devraient pas avoir à se reprocher.
De quoi réveiller l’instinct patriotique des uns face à la roublardise des autres. Tel un caillou jeté dans le marigot qui fait coasser grenouilles et crapauds, ils s’agitent. De quoi auraient-ils peur ? Que dire de nos mamans et autres jeunes dames menaçant de se déshabiller, de se dénuder, en formule conjuratoire pour maudire et jeter du mauvais sort à ceux qui empêcheraient leur fils de se porter futur candidat présidentiel. Mélangeant maladroitement les thèmes politiques, sociologiques philosophiques, psychopédagogiques, et même historiques. Pauvres mères de famille instrumentalisées ! Est-ce ça le débat ?
Non, le débat politique congolais mérite d’être ennobli. Les plus téméraires vont jusqu’à jurer que si cette loi était votée elle pourrait emporter tout le monde sur son passage, y-compris l’actuel président de la République. Sans dire clairement comment et pourquoi ? Mais ici l’allusion faite aux origines de la mère du Président est vite comprise. Ce qui est totalement mal compris. La mère du Président est congolaise. L’un de deux camps en face a du mal à comprendre que la loi est toujours impersonnelle.
Chercher à disculper la « congolité » de son champion ne fait qu’augmenter l’intensité de soupçon. Une vidéo sur les réseaux sociaux parmi tant d’autres nous fait découvrir un prétendu responsable d’une association des métis sur un plateau de télé pour fustiger ce projet et son concepteur en des termes aussi belliqueux que stigmatisants. Il appelle les uns « Les noirs » et les autres des métis. Plus que ça, il affirme sa détermination à se donner corps et âme pour se faire entendre. Il soupçonne l’initiateur TSHIANI d’avoir des origines angolaises. Quelle manière de contourner le débat en le brouillant par des sornettes.
A deux ans de la fin de son premier mandat, le président actuel n’aurait visiblement pas besoin de cette loi pour rempiler. Cet argument brandi par ses adversaires semble être, à n’en point douter un réel subterfuge pour noyer leur propre cacophonie. C’est même à se demander pourquoi ils mêlent le Président en exercice à ce débat.
L’argument selon lequel ceux qui ont mis ce pays à genoux sont majoritairement des congolais de père et de mère n’est ni convaincant ni illustratif. Bien plus, ce n’est pas parce que l’un et ou l’autre congolais tel que décrit et défini dans cette assertion, n’auraient pas bien travaillé que la loi devrait être mise de côté. La loi est impersonnelle par définition. Elle protège la Nation. Elle ne devrait pas être abandonnée au seul motif que certains congolais ne l’auraient pas respectée ou ne la respecteront pas.
Il y a dans cet argumentaire, l’idée de vouloir dire : « Le congolais est habitué à détruire, à voler ou à violer, il ne pourra jamais changer ». Ceci serait déplorable et aussi une faiblesse. Selon TSHIANI, le verrouillage qui ne concernait que la fonction de Président, vient de s’étendre à d’autres, toutes considérées comme de souveraineté.
Cette loi s’avère discriminatoire et rétrograde affirment les opposants sans argument explicatif. Le serait-elle parce qu’elle écarterait entre autres leur candidat ou ceux qui sont dans la même situation que lui à travers leurs données de l’état-civil ? Ça, on pourrait le comprendre. Mais ce que les autres ne pourraient pas comprendre ou ne comprennent pas : Pourquoi le champion d’en face semble-t-il tenir absolument à être président de ce pays sans conditions ? Est-ce une ambition légitime qui en cacherait une autre ? Il y a de quoi redouter de déceler plusieurs non-dits. Qu’on se comprenne, on ne peut réclamer ce que l’on a nié et ou renié.
Randy-Daniel est métis. Il refuse de faire partie de cette association des métis congolais. Il souhaite que cette proposition de loi soit votée. Il reste attaché au Congo pays de son père et aussi à la Belgique pays de sa mère tout en respectant scrupuleusement les lois respectives. Y-compris celle en gestation. Il n’en serait pas moins congolais.
Est-il besoin d’insister que la loi reste impersonnelle pour l’avancement d’une organisation et ou d’un pays dans le cas ci-présent ? Mon petit œil voit les poux que les opposants cherchent sur la tête chauve et dégarnie du Président. Pourquoi toujours le voir et le mêler à ce débat ? C’est tout le mal d’un certain raisonnement.
Cette loi s’adapte à la vie politique de notre pays comme l’est le code de la route qui a évolué depuis l’invention de l’automobile. On ne conduit plus comme à la première année de l’invention de cet engin. Plus il y avait des accidents plus la loi se durcissait pour les éluder et diminuer des pertes en vies humaines. Nous en sommes à plus d’un millième accident de l’histoire politique de notre pays. La loi TSHIANI peut ne pas passer aujourd’hui, mais rassurons-nous qu’elle revienne un autre jour si les congolais constatent que les mêmes maux continuent à produire les mêmes malheurs.
Les congolais ne semblent pas prêts à oublier le pillage et la guerre qui leur ont été infligés, imposés par des prédateurs de tous bords. Notamment ces voisins envieux. Ce n’est pas de la discrimination. Ce sont eux qui ont mis le pays à genoux par un pillage éhonté dans un passé récent. James KABAREBE avait été parachuté Général de l’armée congolaise. Après le conflit avec le feu Président Mzée Laurent Désiré KABILA, il redevient rwandais et retourne dans son pays d’origine.
Les exemples sont légion et les Congolais se refusent à avoir la mémoire courte d’où le soutien inconditionnel à cette loi pour certains. Le rapport Mapping qui aboutira à la création d’un tribunal spécial pour la RDC nous éclairera davantage. Il y en a qui perdront le sourire pour le reste de leur vie. La loi doit rester impersonnelle et frapper tout le monde. Il y a de quoi rêver de l’organisation d’un débat télévisé et radiodiffusé pour que les uns et les autres fassent tomber leurs masques et nous convainquent de leur position, mais surtout de l’honnêteté de leur prise de position.
A en croire leurs déclarations respectives, les deux camps ont tous juré de ne point abandonner ni de se laisser faire. Un duel en perspective est en attente. Avec espoir qu’ils nous offriront tous les deux un beau spectacle lors d’un probable débat télévisé. Tous sont sportifs. On a vu l’un en kimono au cours d’un entraînement de judo ou de karaté. Il ne pourrait impressionner l’autre qui est footballeur.
Ce dernier semble maîtriser dribbles et passes en or. Le combat sera dur. D’après le lexique des noms luba par madame MPUNGA Wa Ilunga, le nom Muadiamvita signifie : Le courageux, le vaillant combattant, le général de l’armée. Un Nom composé de Muadi qui signifie l’accueillant et de Mvita qui veut dire « le combat », Muadiamvita est celui qui attend avec vigilance.
Dans l’organisation politique de l’empire luba, le Muadiamvita était le commandant en chef de l’armée, il avait dans ses attributions la sécurité intérieure et extérieure. Ce nom peut être donné en souvenir d’un vaillant guerrier.
Le véritable guerrier né de mère et de père congolais se bat pour sa patrie. Tandis que l’autre se bat parfois pour sa poche s’il ne peut se battre pour l’un au détriment de l’autre de ses parents. C’est ce que, « initiateur et partisans » du projet semblent entendre par loyauté partagée. Oui partagée !
Zadain KASONGO
LAUTREINFO, BELGIQUE
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