1ère lecture : Siracide 44, 1-14
2ème lecture : Romains 14, 7-9
Evangile : Matthieu 25, 14- 30
« C’est bien, serviteur bon et fidèle, tu as été fidèle en peu de choses, sur beaucoup je t’établirai ; viens te réjouir avec ton maître » (Mt 25,21).
Excellences Messieurs Les Présidents des Républiques,
Eminences Messieurs les Cardinaux et Chers Frères,
Excellence Monseigneur Le Nonce Apostolique,
Excellences Messeigneurs les Archevêques et Evêques,
Mesdames et Messieurs dans le respect de vos rangs et titres,
Chers Membres de la famille du Cardinal Laurent Monsengwo,
Chers Frères et Sœurs dans le Christ,
1. L’Archidiocèse de Kinshasa a l’habitude se réunir en ce lieu pour des événements de grande joie (la visite du Pape Jean-Paul II et les ordinations épiscopales). En effet, le 4 mai 1980, sur cette esplanade du Palais du Peuple, une foule immense de fidèles chrétiens et autres s’était rassemblée, dans la joie et l’allégresse, pour la messe célébrée par Sa Sainteté le Pape Jean Paul II et au cours de laquelle, l’Abbé Laurent Monsengwo Pasinya recevait l’ordination épiscopale. Aujourd’hui, 41 ans après, voici rassemblée, sur cette même esplanade du Palais du Peuple, une foule immense de fidèles chrétiens et autres, non plus dans la joie et l’allégresse, mais dans la tristesse, dans la peine et les larmes, pour pleurer son Pasteur, Le Cardinal Laurent Monsengwo, qui termine sa course en ce monde et s’en va sur son chemin d’éternité. Nous aurions voulu encore lui parler, l’écouter, lui sourire, lui offrir ce que nous avons et recevoir de lui ce qu’il peut toujours nous donner avec gaité du cœur. Nous ne le reverrons plus avec nos yeux humains. Nous ne partagerons plus avec lui des moments de joie dans cette vie.
2. Tout en vous souhaitant une cordiale bienvenue à cette célébration eucharistique solennelle, et au nom de l’Archidiocèse de Kinshasa, je m’empresse à présenter à toute la famille biologique du Cardinal Laurent Monsengwo, mes condoléances les plus émues, avec l’assurance de mes prières continues pour chacun et chacune de vous.
3. Je tiens avant toute chose, à vous remercier tous pour vos aimables paroles de condoléances et votre présence nombreuse. Nous y trouvons un grand réconfort dans cette circonstance douloureuse. Et en pareilles situations, au-delà des mots humains, la Parole de Dieu nous apporte une grande consolation. Aujourd’hui, elle fixe notre attention sur le témoignage et le sens de responsabilité comme voies qui conduisent à la félicité éternelle.
Ecoute de la Parole de Dieu
Frères et Sœurs,
4. Le témoignage d’une bonne vie, marquée par les bonnes œuvres (service des autres, sens du partage, etc.), rassure sur la destinée après la mort de leurs auteurs et leur présence éternelle dans la vie et les pensées de leurs bénéficiaires. La première lecture montre que les bonnes œuvres que nous accomplissons nous rendent éternels dans les cœurs des humains qui suivront notre exemple : « Mais parlons des hommes de bien dont l’action bénéfique n’a pas été oubliée. Leurs descendants ont hérité de ce bel héritage. Leur race tient fidèlement à l’Alliance, leurs enfants suivent leur exemple. Leur race durera à jamais, leur gloire ne sera pas effacée » (Sir 44, 10-13). C’est donc dans les bonnes œuvres accomplies et les bons souvenirs laissés dans les cœurs des humains que réside la valeur de grands personnages, de grands Pasteurs. Leur beau témoignage de vie plaide en leur faveur auprès de Dieu qui les accueille dans sa Maison céleste. Autrement dit, faire du bien aux autres ouvre à la vie éternelle : « Venez, les bénis de mon Père, prenez possession du Royaume qui est préparé pour vous depuis la création du monde (…) [car] tout ce que vous avez fait à l’un de ces petits qui sont mes frères, c’est à moi que vous l’avez fait » (Mt 25, 34. 40).
Notre cher Frère le Cardinal Laurent peut se reposer de ses labeurs, car ses œuvres si nombreuses accomplies avec abnégation et compassion, sans recherche de l’avoir ni du pouvoir, seulement pour l’amour de Dieu et des hommes, le suivent et parlent en sa faveur dans nos cœurs. Et, avec une vie si riche en témoignage d’amour et de donation totale au Christ et aux autres ses frères et sœurs, le Cardinal Laurent ne pouvait autrement terminer sa vie que dans le Seigneur. Comme le dit Saint Paul : « Nul d’entre nous ne vit pour soi-même, comme nul ne meurt pour soi-même ; si nous vivons, nous vivons pour le Seigneur, et si nous mourrons, nous mourrons pour le Seigneur. Donc, dans notre vie comme dans notre mort, nous appartenons au Seigneur » (Rm 14,7-8). A la suite du Christ, il nous laisse un exemple de vie donnée pour les autres.
5. L’évangile que nous avons entendu met en lumière le sens de responsabilité qui conduit à la vie éternelle : « bon et fidèle serviteur, tu as été fidèle pour une petite chose, je te confierai beaucoup plus ; viens partager la joie de ton maître » (Mt 25, 21). Ce récit des talents nous rappelle tous qu’à chacun de nous, Dieu a confié des talents, et donc de portion de responsabilité, « à chacun selon sa capacité » (Mt 25, 15). Dieu attend que l’exercice des différentes responsabilités puissent concourir à l’épanouissement d’un plus grand nombre de personnes.
6. Nous rendons grâce à Dieu de nous avoir donné ce grand homme comme Pasteur de notre Eglise. Nous remercions aussi le Cardinal Monsengwo d’avoir accepté de fructifier les dons que Dieu lui avait donnés pour le bien de ses frères et sœurs. Dans la foi, nous le confions en la miséricorde du Seigneur.
Frères et Sœurs,
7. Maintenant que cet éminent Pasteur est parti, il nous laisse un lourd héritage. Le meilleur chemin pour honorer la mémoire du Cardinal Monsengwo, c’est de continuer son combat et d’accomplir l’œuvre de Dieu pour notre humanité, dont il n’a été que l’humble serviteur. L’œuvre de Dieu dans la situation actuelle de notre pays, c’est de voir le Congo debout, uni et prospère. C’est de voir les fils et les filles de ce grand pays, sans distinction de langues, de tribus, de religions, de classes sociales, se donner la main pour faire reculer les frontières de l’injustice, de l’égoïsme, de l’exploitation des pauvres et s’engager à bâtir dans la paix ce Congo de nos rêves, ce Congo plus beau qu’avant tel que nous chantons dans notre hymne national. L’œuvre de Dieu pour la renaissance du Congo mais aussi du continent africain, c’est de voir nos dirigeants ne pas se considérer comme des propriétaires de nos pays mais comme des humbles serviteurs de la nation pour le bien et le bonheur des populations. La meilleure façon d’honorer la mémoire de ce personnage, c’est de s’engager résolument pour que les richesses immenses dont Dieu a doté notre pays servent réellement au bien de nos populations et non à un petit groupe de privilégiés. On ne peut rendre hommage à la mémoire du Cardinal Monsengwo si on laisse la population croupir dans la misère alors que les gouvernants vivent dans l’opulence et l’impunité. Honorer la mémoire du Cardinal Monsengwo, c’est aussi devenir des artisans de paix, de la justice, de l’instauration de l’Etat de droit, pour que le vivre ensemble dans la paix et la réconciliation nationale soit possible au Congo.
8. Avec une foi inébranlable en Dieu qui est le Maître des temps et de l’histoire et une ferme espérance en l’avenir, écoutons la voix du Cardinal Monsengwo, retentir du haut de la tribune de la Conférence Nationale souveraine et nous dire : Le Zaïre peut s’en sortir, le Zaïre doit s’en sortir. Le découragement n’est pas le fait du chrétien. Dieu nous demande à chacun de faire de notre mieux. Et si chacun de nous le fait, Dieu fera le reste.
Mon rêve affirmait fermement le Cardinal Monsengwo est que le Congo devienne un état de droit, où la dignité humaine est reconnue et respectée. Que Le Congo devienne une Nation admirée et respectée à travers le monde.
Frères et Sœurs,
9. Maintenant que cet éminent Pasteur est parti, il nous laisse un lourd héritage. Le meilleur chemin pour honorer la mémoire du Cardinal Monsengwo, c’est de continuer son combat et d’accomplir l’œuvre de Dieu pour notre humanité, dont il n’a été que l’humble serviteur. L’œuvre de Dieu dans la situation actuelle de notre pays, c’est de voir le Congo debout, uni et prospère. C’est de voir, grâce au sens de responsabilité de chacun, les fils et les filles de ce grand pays, sans distinction de langues, de tribus, de religions, de classes sociales, se donner la main pour faire reculer les frontières de l’injustice, de l’égoïsme, de l’exploitation des pauvres et s’engager à bâtir dans la paix ce Congo de nos rêves. L’œuvre de Dieu pour la renaissance du Congo mais aussi du continent africain, c’est de voir nos dirigeants ne pas se considérer comme des propriétaires de nos pays mais comme des humbles et fidèles serviteurs pour le b bonheur de leurs populations. La meilleure façon d’honorer la mémoire de ce personnage, c’est de s’engager résolument pour que les richesses immenses dont Dieu a doté notre pays servent réellement au bien de nos populations et non à un petit groupe de privilégiés. Honorer la mémoire du Cardinal Monsengwo, c’est aussi devenir des artisans de paix, de la justice, de l’instauration de l’Etat de droit, pour que le vivre ensemble dans la paix et la réconciliation nationale soit possible au Congo.
10. Durant sa vie, son ministère, sa maladie jusqu’à sa mort, le Cardinal Laurent Monsengwo a bénéficié de marque d’attention, d’affection et de soutien divers de la part de vous tous. Je voudrais vous en remercier très sincèrement. Que vos prières continuent à l’accompagner dans sa marche vers le Royaume de lumière qui ne s’éteint jamais.
Cher Frère Laurent Cardinal Monsengwo,
11. Nous te confions au Seigneur de la vie qui t’a rappelé à Lui justement le jour du Seigneur, le jour où la communauté chrétienne réunie célèbre solennellement le grand mystère de la mort et résurrection du Seigneur Jésus. Mystère que tu aimais célébrer avec vivacité et amour au milieu du peuple de Dieu.
Puisse ce même Seigneur, te posséder pleinement dans son Royaume et faire briller sur toi sa lumière de la vie éternelle. Et que l’intercession de la Vierge Marie essuie nos larmes, accueille nos prières et nous ouvre à la grande espérance qui nous convainc que : « ni la mort ni la vie, ni les anges ni les dominations, ni le présent ni l’avenir, ni les puissances, ni les forces de hauteur ni celles des profondeurs, ni aucune créature, rien ne pourra nous séparer de l’amour de Dieu manifesté en Jésus-Christ notre Seigneur » (Rm 8, 38-39). Amen !
Fridolin Cardinal AMBONGO, ofm cap,
Archevêque Métropolitain de Kinshasa