vendredi, novembre 22, 2024
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RDC : Adolphe Muzito, les Catholiques, les Protestants et les autres Laïcs…

La deuxième marche de protestation autorisée du bloc dit « patriotique » du samedi 27 novembre 2021 s’est soldée par une non représentation à cause de la dame pluie qui s’y était invitée pour la deuxième fois consécutives. Pendant ce temps, les deux grandes organisations religieuses que sont la CENCO et l’ECC ont clarifié leur position face à l’opinion.

L’Eglise catholique a annoncé « suspendre sa participation à la plateforme des confessions religieuses, chargée notamment de désigner le candidat président de la CENI » tandis que l’Église protestante « n’entend pas collaborer avec la CENI dirigée par Denis Kadima Kazadi ».

Du côté politique et de plus en plus esseulés dans une « aile Lamuka » jusqu’au-boutiste ; c’est Adolphe Muzito Fumutshi et son parti politique Nouvel Elan qui sont sorti du bois en disant réitérer « la proposition du 16 novembre 2021 invitant les Forces Sociales et politiques à trouver un consensus sur un projet de révision de la loi relative à la CENI en vue de sa de politisation. Ils les encourage à multiplier les actions de rue et à intensifier les pressions diplomatiques en vue de contraindre le régime à choisir entre le consensus sur les réformes électorales à réaliser et l’insurrection pacifique du peuple ».

Voulant de se départir alors que la CENCO et l’ECC semblent s’orienter vers une voie de sortie de crise, Muzito écris  que « Nouvel Ela constate une volonté délibérée du régime Tshisekedi d’entretenir la confusion entre, d’une part, les conflits ou divergences qui l’opposent à l’Eglise (CENCO et ECC) relatifs aux revendications de celle-ci, et d’autre part, ceux qui l’opposent au peuple, concernant sa souveraineté, laquelle passe par des élections transparentes, gage de la vérité des urnes ; élections susceptibles de mettre fin à l’illégitimité » des institutions de notre pays, perpétuée par le chaos électoral de décembre 2018 ».

Constatant à ses dépens le désengagement de l’Église avec des politiques, Muzito et son parti semblent « critiquer » les ecclésiastiques dans leur décision : «  …une entente éventuelle entre le gouvernement et la hiérarchie de l’Église sur quelques désidératas exprimés par cette dernière, laisserait encore entier le problème lié à la souveraineté du peuple (de ses fidèles laïcs), à son devenir et à son destin ; elle ne suffira pas pour l’amener à abandonner sa lutte pour l’autodétermination ; qui passe par une CENI non politique. Ainsi donc pour Nouvel Elan, la lutte du peuple pour sa souveraineté ne prendra fin que quand celui-ci aura à la tête du pays, des dirigeants choisis par lui, d’une manière transparente, libre, démocratique, dans la paix et la cohésion nationale ».

Catholiques et protestants clarifient leur position

Alors que des rencontres ont eu lieu la semaine dernière entre les représentants du pouvoir et les hiérarchies des églises catholique et protestante, ces dernières ont tout de même tenus de « clarifier leur position » face à l’opinion. L’Église catholique dit « suspendre sa participation à la plateforme des confessions religieuses » tandis que celle protestante « n’entend pas collaborer avec la CENI dirigée par Denis Kadima Kazadi ».

« Avec la désignation des animateurs de la CENI, les évêques se sont rendus compte de la grande divergence des doctrines et de perception des valeurs éthiques avec certaines confessions religieuses. C’est pourquoi ils ont décidé de suspendre la participation de l’église catholique dans la plateforme des confessions religieuses » a déclaré l’Abbé Donatien Nshole, SG de la CENCO.

C’est du reste cette dernière qui reste la seule à faire des propositions concrètes en appelant les partis politiques d’opposition à s’assumer dans leurs actions et à ne pas se cacher derrière l’Eglise catholique pour faire entendre leurs revendications.

« Il ne faudra pas que les partis politiques de l’opposition se cachent derrière l’Eglise. Il faudrait que les opposants prennent leurs responsabilités en tant qu’opposants et ce ne sont pas des évêques membres de la CENCO qui vont s’aligner derrière un parti politique. La CENCO est un corps pastorale, ce n’est pas un parti politique, ce n’est pas non plus un corps des militants. Les évêques s’engagent à accompagner le processus par des orientations pastorales », a déclaré l’abbé Donatien Nshole lors de la conférence de presse de ce lundi 29 novembre 2021 au Centre Interdiocésain de Kinshasa où des militants de certains partis politiques ont fait irruption des militants des partis d’opposition dans une salle où abbé Donatien Nshole animé un point de presse.

Face à l’engament laïc, Donatien Nshole explique : « La CENCO n’est pas une opposition. On ne doit pas obliger la CENCO de se comporter comme les laïcs. Elle respecte les laïcs dans leurs positions, elle ne dicte pas aux laïcs ce qu’ils doivent faire. Les évêques d’ailleurs comprennent que comme citoyens, les laïcs ont aussi un mot dire dans la scène. Les évêques encouragent les laïcs dans leur mission citoyenne. Il ne faut pas que les partis politiques se cachent derrière l’église pour demander à la CENCO de faire ce qu’eux-mêmes doivent faire. Il ne faut pas non plus que les laïcs en fassent autant. La CENCO ne s’est pas opposée aux manifestations qui sont organisées, elle les trouve normales et les laïcs sont dans leur rôle citoyen ».

Face au comportement de certains politiques qui veulent jouer de la récupération, Nshole avertit et dénonce en même temps : « Ce qui arrive souvent c’est quoi ? Quand la prise de position de la CENCO arrange les intérêts d’un parti politique, en ce moment-là, la CENCO est applaudie, quand ça n’arrange pas leurs points de vue, ils crachent sur la CENCO et quand ils prennent le pouvoir, ils se retournent contre la CENCO, plus jamais ».

Et il poursuit : « La CENCO est un corps pastorale, ce n’est pas un parti politique, ce n’est pas non plus un corps de militants. Les évêques s’engagent à accompagner le processus par des orientations pastorales. Comme corps pastoral, la CENCO ne doit pas avoir une même attitude que les militants et les opposants politiques ».

Entre autres propositions faites au Chef de l’Etat, il y a cette demande « d’opérer des réformes consensuelles sur la loi électorale pour qu’on arrive à avoir une CENI avec des mécanismes qui rassurent toutes les parties prenantes. Si ces réformes rassurent, avec ou sans Kadima ; le problème serait résolu »

Une deuxième recommandation des Evêques est de « certifier, d’avoir la garantie d’accréditation pour les missions d’observation capables de rassurer la population. Nous sommes déjà contents que le Chef de l’État entrevoit les choses dans cette direction, il a annoncé l’ouverture à la mission d’observation internationale ; même si nous savons que cette mission d’observation internationale a des limites qui peuvent être complétées par des missions nationales ».

Les catholiques insistent sur « La dépolitisation de la CENI et le renfoncement de l’indépendance des membres du Bureau ainsi que la désignation des personnes apolitiques dans l’administration de la CENI » dont le Secrétariat Exécutif national, les Secrétariats Exécutifs provinciaux et les antennes locales.

De leur côté et malgré la rencontre entre les émissaires du pouvoir et son président, le pasteur Bokundoa, l’Eglise du Christ au Congo (ECC) n’entend pas collaborer non plus avec la CENI dirigée par Denis Kadima Kazadi : « L’Église du Christ au Congo (ECC) n’entend pas collaborer avec le nouveau Bureau de la Commission Electorale Nationale Indépendante (CENI) dans la configuration actuelle, nous l’avons dit et je le répète. Nous interpellons le Chef de l’État de savoir que l’institution dont il a eu la responsabilité de contribuer à la mise en place ne reflète pas la volonté de la large opinion et enfreint les lois. Pour nous, il faut vite trouver les mécanismes de renforcer le contrôle de la CENI. Ceci permettrait de reconstruire la confiance parce que l’élément important, ce n’est pas la tête de Kadima, mais l’enjeu ici, c’est la confiance des parties prenantes et la souveraineté populaire » explique le porte-parole, le pasteur Eric Senga.

Pour notre analyste Jeff Bunduki Kabeya, « L’attitude de bravade de Muzito et de l’ECC ressemble à un baroud d’honneur pour faire croire à leurs troupes et à une certaine opinion que s’ils sont tombés, c’est avec les armes à la main. Il n’y a que les esprits faibles, les naïfs ou les militants irréductibles pour les croire ».

Et de poursuivre : « La visite chez le Cardinal, au-delà des discours protocolaires pour le public a sonné un glas. La fin des velléités de la Cenco de vouloir jouer dans la Cour du pouvoir politique. En effet, les personnes averties se sont posées la question de savoir qu’est ce qui justifie que le Premier ministre, les présidents de l’Assemblée nationale et du Sénat ainsi que le Conseiller spécial du Chef de l’Etat en matière de Sécurité se rendent en personne chez le prélat. Ce n’était ni pour boire une tasse de café ou de thé ni pour une messe pour 5 personnes. Cela veut dire qu’il y a ou avait un problème de fond sérieux qui relève sans doute de la sécurité de l’Etat qui est en jeu. Quelles preuves ont-elles été mises sous les yeux du prélat ? Personne ne le sait sauf l’intéressé. Quand on voit la posture de soumission du Cardinal durant la conférence de presse, cela montre que le prélat s’est retrouvé « coincé ». Quand il dit qu’il faut « repartir sur de nouvelles bases », c’est un signe de défaite totale ».

Joseph Bunduki explique qu’il « faut comprendre que cette visite des corps constitués de l’Etat n’avait rien d’amicale. La rencontre des mêmes protagonistes autour du chef de l’Etat et du Nonce apostolique doit être comprise comme un rappel cinglant de Rome de la séparation des pouvoirs entre l’Eglise et l’Etat. De la même manière que Jean-Paul II avait demandée, lors de sa visite au Nicaragua, la démission sans délai des prêtres présents dans le gouvernement sandiniste au Nicaragua. L’église a sa place dans la société mais ne doit pas jouer un rôle politique ».

Et il conclut que « N’en déplaise à Muzito, à l’ECC et aux autres groupuscules, ils ont perdu un « allié » qui leur donnait une caution devant l’opinion internationale. Maintenant que faire ? Il leur faut revoir leur stratégie car l’Eglise catholique est sans la position d’un enfant fautif que l’on tient à l’œil. Ni Lamuka ni l’ECC n’ont des capacités mobilisatrices des forces vives de la Nation. Ce problème réglé, il y a lieu de penser que l’on va doucement en cette fin d’année 2021 se préparer à l’entrée en campagne électorale. Une campagne qui courra sur 1 an et qui se terminera par les élections de 2023. Le résultat de ces élections sera-t-il contesté ? On peut imaginer que le leitmotiv de « la vérité des urnes » a déjà trouvé 2 héritiers. Lamuka et l’ECC. Mais n’anticipons pas. Wait and see ! ».

Thaddée Luaba Wa Ba Mabungi

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