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CONGO Hold-UP : Quand Alingete Jules et l’IGF disculpent Joseph Kabila [DECRYPTAGE]

« Sur le dossier BGFIBank, personne ne dispose de preuves que ces fonds sont arrivés entre les mains de Joseph Kabila » ainsi s’est exprimé Jules Alingete Key, Chef de Service de l’Inspection Générale des Finances (IGF) dans un entretien accordé un confrère journaliste le 25 novembre 2021 et mis en ligne le 29 novembre 2021.

Un entretien « qui n’est pas et n’a pas vocation à être diffusé sur les antennes des chaînes du groupe FMM, RFI ou France24 » malgré la présence du logo France 24 dans le fond. RFI étant l’un des médias qui fait partie du « consortium Congo Hold-up, qui publie depuis le 19 novembre une enquête en plusieurs volets sur de gros détournements de fonds publics en République démocratique du Congo entre 2013 et 2018 ».

Et pour cause s’explique le présentateur qui se pose la même question que tous les congolais, celle de savoir « où sont donc passés les 138 millions de dollars siphonnés dans les caisses de l’Etat ? ».

« Cet entretien, réalisé à Kinshasa le jeudi 25 novembre 2021, et mis en ligne le 29 novembre 2021, ne l’a pas été dans le cadre d’une émission des chaînes du groupe FMM, RFI ou France24. Il n’a pas été diffusé sur ces antennes, et n’a pas vocation à l’être. RFI est l’un des médias du consortium Congo Hold-up, qui publie depuis le 19 novembre une enquête en plusieurs volets sur de gros détournements de fonds publics en République démocratique du Congo entre 2013 et 2018 ». Après la vaste enquête « Congo Hold-up » réalisée par un consortium des journalistes, qui révèle comment le clan Kabila a pris le contrôle de la banque BGFI et ainsi détourné 138 millions de dollars de fonds public, l’Inspecteur Général des finances, Jules Alingete, le Monsieur anti-corruption du gouvernement, apporte son éclairage et évoque les suites judiciaires » peut-on lire sur sa chaine YouTube.

Vidéo et droits d’images Alain Foka sur YouTube

Un timing trouble…

Comme si l’on cherchait à sauver la tête d’un individu au nom d’une certaine redevabilité, la sortie médiatique trouble de Jules Alingete Key coïncide comme par hasard avec une autre, celle du ministre des Finances Nicolas Kazadi pour qui l’intérêt du pays « N’est pas de tuer de banques [la BGFI en l’occurrence NDLR], parce que quand on tue une banque, on tue les épargnants. Ce n’est pas responsable, ce n’est pas protéger l’intérêt général que de précipiter la chute d’une banque comme cela a été fait par nos prédécesseurs avec la BIAC ».

Tout en pointant du doigt la BGFIBank et ses pratiques presque « maffieuses », le ministre des Finances Kazadi tente de s’expliquer : « Mais ce qui était répréhensible, ce que ce groupe se soit laissé entraîner par des pratiques liées à un contexte politique donné. Mais dès lors que le groupe a tout fait pour sortir de cette pratique, nous ne pouvons qu’accompagner positivement cette mutation sans préjuger de ce que la justice pourra décider de faire des individus. Si la justice veut les poursuivre, qu’elle le fasse ».

Une justice à deux vitesse…

Comme partout ailleurs dans le monde, l’on se rend compte qu’en RDC ; il existe aussi cette justice à deux vitesses qui demeure impitoyable et sévères contre les faibles et petits délinquants. Au même moment, elle ne dit mot contre les puissant détourneurs en col blanc puissants.

Sinon, comment ne pas comprendre ce que démontre noir sur blanc cette vaste enquête ; documents à l’appuis, du système mis en place entre 2013 et 2018 avec la complicité d’une banque étrangère dans un pays (La RDC, NDLR) et des multitudes d’autres à travers le monde, avec parfois dans les paradis fiscaux. Un système qui a fonctionné au profit d’un « clan » dont le chef Joseph Kabila était à la tête du pays entre 2001 et 2019.

Que peut-on encore démontré aux congolais paupérisés depuis 21 ans des régimes Laurent-Désiré Kabila (4 ans de 1997 à 2001) et Joseph Kabila (18 ans de 2001 à 2019). Surtout lorsque l’on se souvient qu’à leur arrivée au pouvoir en 1997 grâce aux interventions militaires de l’Ouganda, du Rwanda et du Burundi coalisés ; le clan Kabila ne possédait aucun patrimoine ni économique ni financier connu.

Du frère adoptif à la petite sœur en passant par ses autres membres, le clan Kabila a dépassé au loin en 21 ans de pouvoir ce qu’avait réalisé celui de Mobutu en 32 ans de règne en termes de corruption et de détournements des deniers publics. Les exemples en sont pourtant connus comme visibles.

Qui ne se souvient pas que du permis de conduire aux plaques d’immatriculation des voitures en passant par l’impression des passeports du pays, de l’importation-vente des produits surgelés à la production du pain ; tout était et serait encore en partie possession du « clan ».

La jubilation dans le camp Kabila ne peut-être que légitime aujourd’hui en donnant raison à ses proches qui clamait tout haut qu’il n’avait rien à voir avec cette « pseudo » enquête internationale.

Une chose est certaine et loin de jeter un « discrédit » généralisé sur l’ensemble de son corps, la justice congolaise est pourrie de la tête aux pieds ; c’est de là qu’il faut commencer des fortes reformes.

L’incompréhension et les troubles demeureront dans une opinion congolaise désabusée après autant des révélations concordantes qui mènent vers un seul homme à savoir Joseph Kabila aujourd’hui en passe d’être disculpé de tous soupçons et charges.

Même si des fortes présomptions pèsent sur la personne de Joseph Kabila, l’analyste Jeff Bunduki Kabeya note que la position prise par M. Alingete dans le dossier « Congo Hold-Up » est « à mon sens logique. Il dit bien qu’il ne peut parler que du dossier de la BGFI que ses services ont instruit. Il se refuse à parler des insinuations des médias qui ont publié le dossier. Évidemment, tout le monde voudrait savoir qui a ordonné le décaissement de ces millions de dollars. Qui en ont joui de manière illicite. Malheureusement, ce n’est pas Alingete qui va donner une réponse claire et précise. Il n’est pas habilité à le faire. C’est à la justice de le faire ».

Jeff Bunduki fait par contre remarquer que « La manière dont M. Foka a orienté ses questions amène le public à penser que l’IGF protégerait le clan Kabila mis explicitement en cause. Foka n’a pas posé la question à Jules Alingete de savoir si ces révélations de « Congo Hold-Up ne venaient pas gêner les enquêteurs de l’IGF dans leur travail de recherche des fonds détournés. Il n’a n’as non plus demandé à L’IGF si les éléments publiés pouvaient être utilisés par cette institution pour avancer dans son travail ».

Jeff Bunduki Kabeya conclut que « La seule chose qui transparaissait de cette interview c’est d’avoir de la bouche de Alingete l’aveu du vol d’argent par Joseph Kabila. Si cette enquête publiée entrave le travail de l’IGF, les Congolais se plaindront-ils si ces fonds disparaissent via des constructions financières opaques ? Les congolais ne sont-ils pas habitués aux déclarations péremptoires qui citent tel ou tel comme voleur, mais très peu apportent de réelles preuves de leurs accusations. Et un principe de droit dit que le doute profite à l’accusé. Aux accusateurs d’étayer leurs argumentations en y adjoignant les preuves irréfutables qui feront condamner les coupables ».

Thaddée Luaba Wa Ba Mabungi

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