samedi, novembre 23, 2024
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RDC : Alain FoKa, première victime collatérale du Congo Hold-up ?

Alors que la publication de la « fameuse » enquête sur le « Congo Hold-Up » se poursuit sur un certain nombre des médias occidentaux dont RFI qui l’emploie, une première victime est en passe de tomber : le journaliste camerounais Alain Foka.

Pendant ce temps, Joseph Kabila qui se mure dans son silence devenu légendaire se pavane dans les rue de Kinshasa à bord de sa voiture sous les acclamations des individus sans mémoire.

Les premiers coups de semonces contre Alain Foka sont partis du puissant syndicat de gauche français de la CGT Médias. Et pour cause, le journaliste serait accusé de « déloyauté » après la diffusion sur sa chaîne YouTube d’une interview réalisée en RDC avec l’Inspecteur Général des Finances, Chef de Service Jules Alingete Key sur l’enquête Congo Hold-Up.

Pour ce syndicat dans un long communiqué, l’interview réalisée par Alain Foka ne « répond pas aux normes déontologiques qui s’imposent à tous les journalistes » car cet entretien a « laissé cette enquête être dénigrée, Alain Foka utilise frauduleusement son image pour salir celle de RFI et demande que la direction se démarque publiquement de la vidéo litigieuse ». Sur instructions de sa hiérarchie, Alain Foka a depuis lors retiré la publication vidéo incriminée de sa chaine YouTube comme pour reconnaître ce que dénonçait.

Déjà dans notre article CONGO Hold-UP : Quand Alingete Jules et l’IGF disculpent Joseph Kabila [DECRYPTAGE], nous soulignons déjà le fait que le logo France 24 apparaissait bien dans le fond de la vidéo sur YouTube ; ce qui pouvait bien prêté à confusion.

Même si le présentateur se posait la même question que tous les congolais, celle de savoir « où sont donc passés les 138 millions de dollars siphonnés dans les caisses de l’Etat ? », Foka avertissait pourtant : « Cet entretien, réalisé à Kinshasa le jeudi 25 novembre 2021, et mis en ligne le 29 novembre 2021, ne l’a pas été dans le cadre d’une émission des chaînes du groupe FMM, RFI ou France24. Il n’a pas été diffusé sur ces antennes, et n’a pas vocation à l’être. RFI est l’un des médias du consortium Congo Hold-up, qui publie depuis le 19 novembre une enquête en plusieurs volets sur de gros détournements de fonds publics en République démocratique du Congo entre 2013 et 2018 ». Après la vaste enquête « Congo Hold-up » réalisée par un consortium des journalistes, qui révèle comment le clan Kabila a pris le contrôle de la banque BGFI et ainsi détourné 138 millions de dollars de fonds public, l’Inspecteur Général des finances, Jules Alingete, le Monsieur anti-corruption du gouvernement, apporte son éclairage et évoque les suites judiciaires » pouvait-on lire sur sa chaine YouTube.

Un soutien mitigé

Dans un deuxième communiqué signé Cécile Mégie, la Directrice de RFI ; c’est un soutien mitigé et pas affirmé qui amène à s’interroger. Vantant « la neutralité et le professionnalisme » d’Alain Foka, Cécile Mégie critique Jules Alingete dont « l’argumentation diffère de ce qui avait pu être déclaré au micro de Christophe Boisbouvier » ; et par la même occasion reconnait «la qualité du travail journalistique irréprochable » et ne lui impute pas non plus les propos de l’Inspecteur Général des Finances congolais.

Point n’est besoin de le rappeler que le détournement d’au moins 138 millions de dollars d’argent public par l’ancien président de la RDC Joseph Kabila et ses proches, révélé par RFI, Mediapart et leurs partenaires de « Congo Hold-up », provoque depuis une semaine une onde de choc en RDC et au-delà. L’Inspecteur Général des Finances Chef de Service, Jules Alingete étant la personne en tête dans la lutte déclarée par Félix Tshisekedi contre la corruption, le blanchiment de capitaux et le détournement de fonds publics.

Selon certaines sources, ce serait devant un refus des chaînes de France Media Monde (FMM) dont RFI et France 24 de diffuser son entretien pour taire certaines vérités qu’Alain Foka, s’était résolu de le diffuser sur sa chaîne YouTube.

Cécile Mégie promet à cet effet de veiller à ce que l’activité de cette chaîne personnelle n’aient pas une exclusivité sur les productions de RFI : « À l’avenir, en concertation avec F24, et avec Alain Foka, nous allons renforcer le processus de coordination autour des éventuelles interviews et magazines qui pourront être réalisés au profit de RFI et/ou F24, ainsi que celui concernant les échanges de contenus entre les environnements numériques de RFI de la chaîne YouTube d’Alain Foka…respectant la priorité de nos médias ».Ce à quoi se demander si Foka serait désormais muselé à la première publication défavorable aux intérêts de la France.

L’analyste Jeff Bunduki Kabeya fait remarquer à ce propos que le journaliste « Alain Foka doit tomber de haut. Il doit se demander si son tort a été d’utiliser du matériel estampillé du logo de son employeur ou s’il y a une ou d’autres raisons inavouées. Comme je l’ai mentionné quand il a réalisé l’interview de Jules Alingete, Alain Foka orientait ses questions dans le but de décrocher un scoop. Des aveux enregistrés et filmés de la part d’un responsable congolais crédible sur la réalité des accusations portées contre Kabila par les initiateurs de Congo hold-up. Mais voilà, il n’a pas eu ce scoop qui l’aurait rendu très célèbre quand bien même son employeur reconnaît son « professionnalisme ».

Et il poursuit « De mon point de vue, ce qui a dérangé dans l’interview c’est que Jules Alingete a affirmé que l’IGF a donné des éléments de son dossier aux enquêteurs de Congo hold-up et que l’IGF n’avait pas le même objectif qu’eux. Diffuser cette vérité sur sa chaîne, c’est, compris comme une manière pour Foka, d’affaiblir « l’enquête des journalistes indépendants occidentaux » et, de ce fait, reconnaître la valeur du travail de l’IGF ».

Jeff Bunduki Kabeya conclut que « Les médias occidentaux ne sont pas prêts d’accepter que d’autres structures anti-corruption africaines soient capables de réaliser un travail impeccable. Voilà le crime d’Alain Foka. Il n’a pas pris la réelle mesure entre le discours affiché et la réalité atavique occidentale ».

Pour sauver le « soldat » Foka, un soutient affirmé pourtant, celui de son ami et confrère Claudy Siar. Sur sa page Facebook officiel sur un éventuel licenciement d’Alain Foka il écrit : « ÇA N’ARRIVERA PAS ! Il n’y a aucune raison à cela ! Juste une rumeur extérieur…Mais … si on fait partir Alain, JE PARS !!! Cependant, je précise ici l’importance de l’enquête CONGO HOLD UP… beaucoup de congolais (et pas seulement) souhaitent savoir pour comprendre… ».

A lire aussi CONGO Hold-UP : Quand Alingete Jules et l’IGF disculpent Joseph Kabila [DECRYPTAGE] https://www.afriwave.com/2021/12/02/congo-hold-up-quand-alingete-jules-et-ligf-disculpent-joseph-kabila-opinion/

Roger DIKU et Thaddée Luaba Wa Mabungi

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