La crise est loin de se terminer au Front commun pour le Congo (FCC) qui fait des vagues dévastatrices jusqu’au PPRD de l’ancien président Joseph Kabila. Les vocables destitution, exclusion et suspension y sont couramment utilisés depuis quelques jours. Tentatives d’explications.
Depuis la gifle, mieux le débauchage massif de ses ex-cadres ayant adhérés âmes, corps et bagages pour une survie temporaire à l’Union Sacrée de la Nation voulue par le Chef de l’Etat Félix Tshisekedi, le Front Commun pour le Congo et son ancien parti majoritaire ; le Parti du Peuple pour la Reconstruction et la Démocratie (PPRD) tentent de résister au tsunami sans convictions en espérant des jours meilleurs.
Le silence considéré comme abandon de son « autorité morale » et la fronde des jeunes dits « Réformateurs » contre les vieux considérés des « caciques » ont fini par révéler au grand jour les dissensions qui minent la plateforme électorale et le parti de Kabila. L’heure est arrivée pour les règlements des comptes à coup des suspensions, radiations.
Les hostilités sont-elles lancées le mardi 2 novembre 2021 contre les « vieux » par Constant Mutamba, ce jeune avocat qui avait poussé son « mimétisme » à copier Joseph Kabila dans une coiffure touffue et sa tenue militaire verte olive sauf la barbe poivre-sel qu’il n’a pas laissé pousser.
Dans la foulée, il annonce la dissolution du Comité de crise du FCC mis en place au lendemain de la naissance de l’Union Sacrée de la Nation et dirigé par l’ancien ministre Raymond Tshibanda Ntungamulongu. Dans une lettre, le groupe de Mutamba accuse certains « caciques » dudit Comité de vouloir déstabiliser le FCC et son autorité morale en négociant avec l’Union Sacrée de la Nation pour leurs propres intérêts et sans l’aval de la conférence des présidents. Ils décident par conséquent de le suspendre et de les ester en justice pour notamment injure publique.
Dans une déclaration politique datée du 4 novembre 2021, les frondeurs déclaraient : « Tirant conséquence de cette machination politique dont l’objectif était de déstabiliser la famille politique le FCC et son autorité morale Joseph Kabila. Traités des plaisantins, la conférence des présidents décide de porter plainte contre les auteurs de ces forfaitures pour injures publiques, imputations calomnieuse et faux en écriture. La conférence des présidents décide de suspendre à dater de ce jour, tous les camarades et auteurs de ces actes qui ont gravement porté atteinte à la cohésion du FCC ».
Promettant de saisir Joseph Kabila afin de mettre en place une Commission de discipline chargée d’enquêter sur les allégations des uns et des autres ; la Conférence des présidents « aile » Mutamba « décide de de suspendre à dater de ce jour, tous les camarades et auteurs de ces actes qui ont gravement porté atteinte à la cohésion du FCC ».
La réaction de Raymond Tshibanda ne s’est pas fait attendre en réunissant à son tour la conférence des présidents mercredi 3 novembre 2021. Dans leur communiqué, ils annoncent carrément l’exclusion du FCC de Constant Mutamba, Agée Aje Matembo Toto, Président de l’ANADEC, ancien vice-ministre des Affaires étrangères et les autres.
La vague jusqu’au PPRD
La déflagration au sein du FCC a fait vague jusqu’au sein du PPRD, le parti politique de Joseph Kabila ; et ce toujours au sujet de la politique de la « chaise vide » prônée par les caciques à propos de la Commission Electorale Nationale Indépendante (CENI).
Le député national Didi Manara Linga, révoqué de la Présidence du Groupe parlementaire PPRD et Alliés à l’Assemblée nationale a été radié définitivement du parti selon un communiqué signé par le Secrétaire permanent du PPRD Emmanuel Ramazani Shadary.
Sa faute est d’avoir prôné de « savoir lire les signes de temps » en ne laissant pas vide les 3 postes réservés à l’opposition dans le Bureau de la CENI. Par ailleurs, il lui est demandé de restituer, conformément aux articles 12 et 13 du règlement intérieur, tous les effets du Parti en sa possession.
L’élu de Kasongo dans le Maniema a pris la tête d’un groupe d’élus nationaux du FCC, la plateforme électorale de l’ancien président Joseph Kabila ayant décidé de prendre place dans la nouvelle équipe de la CENI, contrairement à sa famille politique qui s’y oppose, sous prétexte d’une politisation de cette structure citoyenne par le régime au pouvoir.
Toutes choses restant égales par ailleurs, surtout que la politique n’étant pas toujours un long fleuve tranquille au Congo de Lumumba, les puissants d’hier sont les proies à la mort d’aujourd’hui. Le FCC comme le PPRD l’apprenant à leur dépend.
Thaddée Luaba Wa Ba Mabungi