Mgr Tharcisse Tshibangu Tshishiku, 88 ans et Président du Conseil d’Administration des Universités Publiques du Congo est décédé le mercredi 29 décembre 2021 aux Cliniques Universitaires de Kinshasa. Au travers de cet article, nous rendons le témoignage sur le parcours d’un homme issu d’une famille des NOBLES.
Considéré comme un « Maitre » de science pour sa référence en matière d’enseignement universitaire du pays, il l’était aussi en humanité pour avoir donné le plus clair de sa vie à servir dans l’éducation. « Mgr Tharcisse Tshibangu Tshishiku avait un idéal, celui d’une science qui soit lumière. Il a donc servi la Nation comme un éminent homme de science respecté et respectable, non seulement pour la RDC mais aussi l’Afrique, reconnu mondialement. C’est dans ce cadre qu’on le retrouve dans les plus grandes sociétés savantes. Il a été à la commission théologique internationale au Vatican, au niveau africain, à l’UNESCO et de grandes associations intellectuelles », explique l’Abbé Léonard Santedi, Recteur de l’Université Catholique du Congo (UCC).
Un parcours exceptionnel
Mgr Tharcisse Tshibangu Tshishiku est né à Kipushi, dans l’actuelle province du Katanga le 23 avril 1933 ; ses parents sont originaires de Ngandajika, dans la province dans l’ancienne province du Kasaï Oriental mais aujourd’hui dans le Lomami.
De 1939 à 1934, le jeune Tharcisse accompli ses études primaires dans sa ville natale de Kipushi auprès de la paroisse Sainte Barbe. Il poursuit ses études secondaires et les humanités Gréco-Latines au Petit Séminaire de Kapiri-Kakanda dirigé par les pères bénédictins entre 1945 et 1951.
Poursuivant le cursus en vue du sacerdoce, Tshibangu ira étudier au Grand séminaire de Baudouinville aujourd’hui Moba de 1951 à 1957) tenu par les Missionnaires d’Afrique qu’on appelle habituellement Pères Blancs. Il fera la Philosophie et la Théologie.
Avec l’accord de son Évêque, le jeune séminariste Tshibangu va devoir aller à Kinshasa poursuivre ses études universitaires. Ce sera à l’Université Lovanium où il obtiendra une Licence en Théologie (1957-1959).
À l’heure où le Congo-belge se prépare à l’indépendance, Tharcisse est ordonné prêtre le 09 août 1959 pour le compte de l’Archidiocèse de Lubumbashi. C’est aussi en cette époque que le jeune prêtre commença à approfondir la question de la possibilité d’une théologie africaine. Le débat épistémologique avec son professeur, le chanoine belge A. Vannest donna lieu à des recherches approfondies sur la possibilité d’une théologie proprement africaine et scientifique.
Toujours en accord avec son Ordinaire, il va devoir aller en Belgique pour continuer ses recherches théologiques à l’Université Catholique de Louvain. La première étape est le Doctorat en Théologie (1961-1962) avec une thèse sur Melchior Cano : « Melchior Cano et la théologie positive ». La seconde sera « Le Magistère en Théologie », c’est-à-dire l’Agrégation de l’enseignement supérieur (1962-1965). Ces études seront couronnées par une thèse : « Théologie positive et Théologie spéculative, Position traditionnelle et nouvelle problématique ».
Le Pape Jean XXIII nomme le jeune Maître en théologie Expert au Concile Vatican II et plus tard, son successeur, le Pape Paul VI, le nomme son Prélat (août 1966). Ayant découvert les talents du jeune prêtre Tharcisse Tshibangu durant le déroulement du Concile Vatican II, le Cardinal Joseph Albert Malula, ne va pas perdre l’occasion d’avoir à ses côtés, comme proche collaborateur, ce jeune pasteur brillant.
C’est ainsi que le Pape Paul VI va le nommer Évêque Auxiliaire de l’Archidiocèse de Kinshasa. Le 06 décembre 1970, il sera consacré Évêque. Il va s’occuper de la pastorale de la Région Apostolique Kin-Ouest (1980-1991). Après la mort de Tata Cardinal Malula, Monseigneur Tharcisse sera, de 1991 à 1992, le Vicaire Générale ayant tous les pouvoirs sur l’Archidiocèse de Kinshasa. En 1992, le Pape Jean-Paul II le nomme Évêque du diocèse de Mbuji-Mayi.
Il occupera des nombreuses hautes responsabilités au niveau national et international. L’homme des sciences et Pasteur Congolais Tharcisse Tshibangu Tshishiku a reçu plusieurs titres (Doctorat Honoris Causa en 1977 – Université des Sciences humaines de Strasbourg en France) et participé à plusieurs rencontres à caractère scientifique, ecclésiastique et académique.
À côté de cette vie intellectuelle riche et profonde, Monseigneur Tshibangu est un grand homme spirituel. Depuis déjà le séminaire, il pensait à une forme de vie de consécration dans le monde. Les années passées à côté de ses aînés Joseph Albert Malula et Eugène Moke Motsuri (l’autre Évêque Auxiliaire de l’Archidiocèse de Kinshasa), ont été pour lui, un temps d’approfondissement de l’intuition de cette forme de consécration séculière.
Aux contacts avec des prêtres, frères, sœurs et des nombreux laïcs (jeunes et adultes), il eut l’occasion d’échanger, de partager avec eux cette forme de consécration. Le Concile Vatican II, va donner à cette nouvelle forme de consécration, sa configuration juridique : Perfectae caritatis 11 : « Les instituts séculiers, bien qu’ils ne soient pas des instituts religieux, comportent cependant une profession véritable et complète des conseils évangéliques dans le monde, reconnue comme telle par l’Eglise.
Cette profession confère une consécration à des hommes et à des femmes, à des laïques et à des clercs vivant dans le monde. Par conséquent, il faut qu’ils tendent avant tout à se donner entièrement à Dieu dans la charité parfaite et que leurs instituts gardent le caractère séculier qui leur est propre et spécifique afin de pouvoir exercer partout et efficacement l’apostolat dans le monde et comme du sein du monde, apostolat pour lequel ils ont été créés. Qu’ils sachent bien cependant qu’ils ne pourront accomplir cette tâche que si les membres reçoivent une solide formation dans les choses divines et humaines afin d’être vraiment dans le monde un levain pour la vigueur et l’accroissement du Corps du Christ. Que les supérieurs veillent donc sérieusement à ce qu’une formation, surtout spirituelle, leur soit donnée et se poursuive ultérieurement » et les canons 710-730.
Institut ad experimentum
Le 25 mars 1984, initia l’expérience ad experimentum de l’Institut Séculier Saint Jean-Baptiste dans l’Archidiocèse de Kinshasa, avec la bénédiction de Son Éminence le Cardinal Joseph Albert Malula. Cet Institut est sacerdotal et laïcat. Il compte deux branches : masculine et féminine, et un groupe des membres Associés. Monseigneur est aujourd’hui le Fondateur et Modérateur Suprême de cet Institut, érigé canoniquement dans le diocèse de Mbuji-Mayi. Un des grands collaborateurs (Modérateur-Adjoint) de Mgr Tharcisse, dans cette œuvre de Dieu, lavait précédé très tôt. Il s’agit du Révérend Père Jésuite René De Haes, d’heureuse mémoire. En 2009, l’Institut avait totalisé 25 ans de vie depuis sa fondation.
Évêque émérite du diocèse de Mbuji-Mayi (depuis le 1er Août 2009, Mgr Tharcisse continuait encore, à servir fidèlement, avec le sens de responsabilité qui l’a toujours caractérisé son pays la RDC et l’Afrique. Il est comme l’homme dont nous parle le psaume 1 : « Heureux l’homme qui ne prend pas le parti des méchants, ne s’arrête pas sur le chemin des pécheurs et ne s’assied pas au banc des moqueurs, mais qui se plaît à la loi du Seigneur et récite sa loi jour et nuit ! Il est comme un arbre planté près des ruisseaux : il donne du fruit en sa saison et son feuillage ne se flétrit pas ; il réussit tout ce qu’il fait ».
Mgr Tharcisssius Tshibangu Tshishiku est décédé le 29/12/2021 à 15h00 aux Cliniques Universitaires de Kinshasa. L’élite Congolaise, la Communauté internationale des intellectuels Congolais et Africains sont en deuil. Il était un modèle, une bibliothèque et une grande source d’inspiration pour la plupart des cadres et des Scientifiques Congolais formés sur la Colline inspirée.
Un récapitulatif de Dieudonné Kamba, un membre de la famille :
Bien avant sa mort, Mgr Tharcisssius Tshibangu wa Tshishiku disparu avait appelé Les Congolais à répondre à une Union Sacrée pour affirmer les Institutions.
Un « Kasala », ce chant de louange est entonné en sa mémoire « Né de Ntita Tshishiku Boniface Originaire de Bakua Mulumba Bena Ntita Bena Mushiya Bena Nzeba, Bena Mbuyi Bena Kayowa, Bena Ilunga Bena Nkongolo Bena Kalenda Bena Muadiamvita Mulumba Wa Kamba Mulanda Wa lela Mpeta, dans le Territoire de Ngandajika dans la Province de Lomami dans le grand Kasaï. Et de Mua Mukalenga Wa Bena Kalambayi Bena Tshibangu. Kalambayi Mukua Mukenyi Wa Lubombu, Wa Badila Mpasu ni masala, Bitondolu ekutola ».
Selon Dieudonné Kamba, Spécialiste en Sociologie de Famille et Population qui vit à Paris en France, Mgr Tharcisse Tshibangu est descendant d’une famille royale : « Mgr Tharcisssius Tshibangu Tshishiku était d’Origines noble né Ntita Luabanya makalenga wa Muadiamvita Mulumba wa Kamba Mulanda wa lela Mpeta dans la Collectivité de Bakua Mulumba dans le Territoire de Ngandajika. Bobo bina ki bakulumpa kuetu kua Ntita. À Bakua Mulumba 2 familles Bena Ilunga Luhaka et Bena Ntumba wa Tshilumba dirigent la Collectivité à tour de rôle. Et la 3ème familles c’est celle des Ntita où Mgr Tshibangu était d’Origines noble « Ntita Mgr Tharcisssius Tshibangu Tshishiku ». Ces sont des » Ntitas de Muadiamvita Mulumba wa Kamba Mulanda wa lela Mpeta » qui désignent laquelle des 2 familles qui doit diriger la Collectivité. Et Chez les Bena Ntita les Mgr Tharcisssius Tshibangu Tshishiku, Tshishiku Tharcisse et le Prof Dikonda wa Kalala Lumanyisha sont des enfants de l’aîné (Bana Ba Mukulumpa ».
Il nous apprend également que « Mgr Tharcisse Tshibangu, les Prof. Dikonda wa Kalala Lumanyisha, Alfred Mbuyi Mizeka (le Psychologue), Justin Kankonda Mbaya, Eugène Mbuyi Mukendi et Mukoka François, Ingénieurs Valentin Baseka de la Gécamines et Mpunga wa Mpunga Sesuka, Victor Hutu Mukela, Tshishiku Tharcisse, Kabala Ngomba Luakadia Binunu et Mulumba Shambuyi, Commandant Ilunga, les Docteurs Tshiani et Biayi etc., sont tous des nobles des Ntitas Luabanya makalenga ».
Dans le même registre de témoignage d’hommages ; c’est un petit fils direct qui livre des anecdotes de ce grand grand-père affable et aimant : « Amen… 88 ans ! Mashi anyi (Mon sang NDLR) qu’il voyait « souvent près de la Porte de Namur à Matonge d’Ixelles où Mgr logeait dans un couvent catholique lors de ses passages en Belgique pour parler famille en n’oubliant pas de lui soutirer un peu des sous pour soutenir ses années d’Etudes à Louvain-La-Neuve. Notre Kaku a étudié en Belgique à l’Université Catholique de Louvain (où j’ai étudié aussi), et a œuvré presque toute sa vie dans le milieu universitaire de la RDC. Que notre Kaku repose en paix ».
Et ce petit-fils de poursuivre : « Celui qui vient de nous quitter aujourd’hui, Tharcisse Tshibangu Tshishiku, est notre Kaku (Grand-père NDLR) au même rang que Mukendi Daniel et Mpiana Mukwamputu. Son père s’appelle Luambua Etienne qui est mwanabu (frère NDLR) ni ba Kayoka Luendu. Luambua Etienne est fils de Mbuyi Kashatuka Mukalama, fils de Tshishiku Tshimuanga, fils de Mpiana Tshionu, fils de Mbuyi Kahebua, fils de Mukela Musangu, fils de Kayowa, fille de Mushiya wa Ntita Luambua wa Mulumba, le fondateur du clan des Bakua Mulumba ».
Issu de la 3ème famille, celle de Bena Ntita Bena Mushiya Bena Kayowa. Parlant de son arbre généalogique qu’il finit de reconstituer jusqu’avant l’arrivée des belges au Congo, le petit-fils conclu : « Feu Jean-Baptiste Kabuya qui nous a quitté aussi cette année était aussi Ntita. Maître André Kayoka, mon Tatu Mukulu (l’ainé de mes oncles NDLR), a été un grand dans le Diamant au Kasaï dans les années 1980 avec sa société APLANZA (Alimentation et Plantation du Zaïre). Il a assisté aux premières heures de l’UDPS et fut ami de Papa Etienne Tshisekedi Wa Mulumba. Il est décédé en 1990 à cause des tracasseries politiques par l’ANR après avoir fuir en Angola et avant d’y revenir malade. Un autre de ma famille qui fût très grand dans le Commerce à Lubumbashi dans les années 1940 jusque dans les années 1980, chez qui Kaku Mgr Tharcisse Tshibangu a aussi vécu comme aussi mon père, c’est Ilunga Mulumba Paul ; qui avait des magasins d’alimentation en ville et dans les faubourgs à Katuba. En grande partie nous sommes une famille des grands commerçants (Hutu Victor, Vedaste Mutshindo, Kayoka André etc.) et d’autres orientés vers les études poussées (professeurs) comme Papa François Mukoka Nsenda. Il m’a envoyé récemment ce livre que je dévore sur les Bakwa Mulumba, écrit par Bruno Miteyo Nyenge [Chef de la Maison Civile du Chef de l’Etat Félix Tshisekedi NDLR] que tu connais… 😉) ».
NDLR : Le texte de ce long article a été rédigé grâce aux publications de Dieudonné Kamba, Spécialiste en Sociologie de Famille et Population qui vit à Paris et glané sur internet. Mais aussi des personnes direct comme ce petit fils qui vit entre la Belgique et le Congo.
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