15 février 1982 -15 février2022, 40 ans déjà que naissait l’Union pour la Démocratie et le Progrès Social (UDPS), le premier parti politique d’opposition au Zaïre de Mobutu dominait à l’époque par l’unique parti-Etat, le Mouvement Populaire de la Révolution (MPR). Lutte, résilience, résistance et conquête ; quel bilan pour quel héritage de ce parti aujourd’hui écartelé en plusieurs tendances ?
Aujourd’hui divisé en quatre factions : UDPS/Tshisekedi la plus en vue, UDPS/Kibassa en passe d’être avalée par la première, UDPS/Le Peuple de l’ancien conseiller d’Etienne Tshisekedi Valentin Mubake, et UDPS/Tshibala qui détient le label après une décision de justice controversée ; tous se réclament détenteurs de l’idéologie des pères fondateurs, les 13 Commissaires du peuple (Parlementaires NDLR) et deux membres du Comité Central du MPR à la base de la création de l’Union pour la Démocratie et le Progrès Social.
Tout était parti de la fameuse lettre ouverte du 1er novembre 1980 adressée au président Mobutu dans laquelle 13 Commissaires du peuple (parlementaires) élus du parti unique, le MPR ; dans une analyse critique, rigoureuse et globale contestaient pacifiquement l’ensemble du système politique instauré 15 ans plutôt après le coup d’Etat militaire du 24 novembre 1965.
Par la même occasion, ils remettaient également en question le régime Mobutu dans son ensemble, car pour eux ; il était grand temps que le pays s’oriente à l’avènement d’un État de droit souverain, démocratique, pluraliste, moderne et prospère. Leur action étant basée conformément au Manifeste de la N’Sele, document fondateur du MPR qui, dans sa conception, faisait du MPR un parti politique démocratique à côté d’un deuxième parti politique dont la création était prévue à l’article 4 de la Constitution du 24 juin 1967.
Cette lettre se terminait par 10 propositions invitant le Président Mobutu à démocratiser le système politique, conformément aux aspirations profondes et légitimes de la population. Il s’en suivra une féroce répression contre les 13 parlementaires et leurs familles, notamment les arrestations-emprisonnements répétés, les traitements cruels, inhumains et dégradants, les tortures et bannissements par la relégation dans leurs villages d’origine et finalement la déchéance de leurs droits civils, politiques et sociaux.
Trois rédacteurs s’étaient chargés de cette lettre : Anaclet Makanda Mpinga Shambuyi du Kasaï Oriental, Joseph Ngalula Mpanda Njila du Kasaï Oriental et Étienne Tshisekedi wa Mulumba du Kasaï Oriental. Avant même sa publication officielle, la lettre fut saisie au domicile de Joseph Ngalula après un premier acte de traîtrise au sein du groupe.
Les signataires en étaient : Etienne Tshisekedi, Anaclet Makanda, Protais Lumbu, Kasala Kalamba, Gabriel Kyungu wa Kumwanza, Paul Kapita, François Lusanga, Isidore Kanana, Charles Dia Onken, Ngoy Mukendi, Biringanine Mugaruga Gabriel, Joseph Ngalula et Mbombo Lona.
Bénéficiant d’une « grâce présidentielle » à leur retour à Kinshasa en 1981, et rejoints par d’autres Zaïrois, les 13 parlementaires se réunirent et décidèrent de créer leur propre formation politique le 15 février 1982, en vertu de la constitution de 1967 ; qui devenait ainsi le premier parti politique d’opposition au Zaïre : l’Union pour la Démocratie et le Progrès Social (UDPS).
Arrêtés en mars 1982, les principaux membres du nouveau parti sont condamnés à 15 ans de prison. Mobutu décide de leur exil dans leurs provinces respectives et de la déchéance de leur mandat de commissaire du peuple.
Malgré une nouvelle forte répression des dissidents, plusieurs Zaïrois se décideront de rejoindre les 13 Parlementaires dans la lutte « clandestine » qui ébranlera le régime de Mobutu avec la proclamation du multipartisme intégral le 24 avril 1990 et la tenue de la Conférence Nationale Souveraine (CNS). A la fin de ses travaux en 1991, Étienne Tshisekedi, l’un des fondateurs de l’UDPS ; sera élu Premier ministre de la transition même s’il ne dirigera jamais longtemps le gouvernement du pays.
40 ans plus tard après la création du parti, c’est son fils et héritier politique Félix Tshisekedi Tshilombo qui dirige le pays en qualité du Président de la République. L’UDPS dans ses factions avec l’aile Tshisekedi restant le parti le plus populaire et visible du microcosme politique congolais.
La lettre ouverte à Mobutu demeure d’actualité que ses propositions poursuivent le pays depuis 40 ans pour l’accession au bien-être de la population.
Les 13 parlementaires frondeurs et fondateurs de l’UDPS sont : Gabriel Biringanine Mugaruga du Kivu, Charles Dia Oken-a-Mbel de Bandundu, François Lusanga Ngiele du Katanga, Paul-Gabriel Kapita Shabangi du Kasaï Occidental, Walter Isidore Kanana Tshiongo a Minanga du Kasaï Oriental, Célestin Kasala Kalamba ka Buadi du Kasaï Occidental, Oliveira da Silva Antoine Gabriel Kyungu wa ku Mwanza du Katanga, Protais Lumbu Maloba Ndibu du Katanga, Anaclet Makanda Mpinga Shambuyi du Kasaï Oriental, Symphorien Mbombo Lona du Kasaï Occidental, Joseph Ngalula Mpanda Njila du Kasaï Oriental, Edmond Ngoyi Mukendi Muya Mpandi du Kasaï Occidental, Etienne Tshisekedi wa Mulumba du Kasaï Oriental.
A ce groupe on ajoutera Frédérique Kibassa Maliba du Katanga et membre du Bureau Politique du MPR ainsi que le Professeur Marcel Lihau Ebua de l’Equateur.
Roger DIKU et Thaddée Luaba Wa Ba Mabungi
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