Texte par : RFI
À quatre jours du second tour de la présidentielle française, Emmanuel Macron et Marine Le Pen ont enchaîné les échanges sur la Russie, l’économie ou encore l’Europe, le climat et le voile, au cours d’un débat télévisé dense et acerbe, mais dans l’ensemble courtois.
La stratégie d’Emmanuel Macron était claire : il ne fallait pas laisser passer la moindre erreur de Marine Le Pen, la pousser dans ses retranchements et montrer ce qu’elle était. Après de premiers échanges policés, le président sortant a donc rapidement déclenché les hostilités. « Vous dépendez du pouvoir russe. Quand vous parlez à la Russie, vous parlez à votre banquier », a-t-il lancé à la candidate du Rassemblement national, en faisant allusion à un prêt de 9 millions d’euros contracté en 2017 par le parti d’extrême droite auprès d’une banque russe.
Apparemment déstabilisée, Marine Le Pen s’est vite reprise. Malgré les coups de boutoir, la candidate du Rassemblement national est ainsi parvenue à conserver la posture adoptée pendant la campagne : celle d’une candidate solide, calme, n’entrant pas dans l’invective. À l’opposé de celle de 2017 et du débat qu’elle avait totalement raté.
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Le président sortant, lui, s’est montré à l’aise. Mais à trop vouloir montrer sa maîtrise des dossiers, il est parfois apparu professoral. Face à son argumentaire bien ficelé, mais pouvant paraître à certains moments déconnecté des réalités des Français, Marine Le Pen s’est au contraire attachée à rester extrêmement concrète.
Au chapitre économique, la priorité des électeurs français, le pouvoir d’achat, a été le premier thème abordé par les deux candidats. Et s’ils veulent bien sûr tous les deux l’améliorer, le débat leur a permis de souligner leurs faiblesses réciproques. Avec dans un premier temps, un avantage pour le candidat président. Emmanuel Macron reproche à Marine le Pen d’avoir voté contre le bouclier énergétique mis en place pour faire face à la flambée du prix du gaz et de l’électricité. Son chèque alimentaire destiné aux ménages les plus pauvres est plus équitable, fait-il valoir que la TVA à 0 % proposée par sa rivale sur les produits de première nécessité.
La leçon du président glisse sur la candidate du Rassemblement national. Marine Le Pen déroule son argumentaire avec des chiffres concrets pour les ménages, un gain de pouvoir d’achat de 150 à 200 euros par mois. Même opposition frontale sur les retraites. Marine Le Pen défend un départ entre 60 et à 62 ans, l’âge actuel. Emmanuel Macron veut le retarder à 65 ans pour dit-il « conserver ce trésor du système par répartition ». Pour la candidate de l’extrême droite, la retraite à 65 ans est une « injustice insupportable ». Dans la foulée, Marine Le Pen se fait, elle aussi, donneuse de leçon pour dénoncer le bilan économique du président. Très mauvais, dit-elle, pour un « Mozart de la finance ».
Emmanuel Macron est parvenu à faire de son bilan une force, en étant le plus percutant. Marine Le Pen a encaissé les coups sans s’énerver, mais sans prendre non plus le dessus sur son rival, en donnant davantage l’impression d’esquiver le combat et de subir cette confrontation. Plus sereine qu’en 2017, elle trouve parfois la bonne répartie : accusée d’être « climatosceptique », elle traite Emmanuel Macron de « climatohypocrite ».
Cinq ans après leur premier débat qui avait tourné à la foire d’empoigne, celui de ce mercredi a finalement été ferme, mais sans dérapages. Un débat présidentiel où deux France se sont fait face.
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