L’Abbé Aimé Lusambu, curé de la paroisse Saint François de Sales de Kintambo dans la ville de Kinshasa a été réhabilité après enquêtes, dans ses fonctions samedi 07 mai 2022 par le Cardinal Fridolin Ambongo Besungu, Archevêque de Kinshasa.
Le Doyen du Doyenné de Saint François de Sales avait été éloigné de ses offices ecclésiastiques après qu’une vidéo de lui visiblement éméché ait fuité sur les réseaux sociaux, dans laquelle on le voit tenir une bouteille de bière en main ; menaçant quiconque oserait un jour prendre l’initiative de lui ôter sa soutane.
Le début de la réconciliation entre les deux hommes d’église a eu lieu au cours d’une concélébration eucharistique particulière le dimanche 08 mai 2022 à la paroisse Saint François de Sales à Kintambo au cours d’une messe dite par le Cardinal Fridolin Ambongo avec la participation du curé Aimé Lusambo qui avait été suspendu de ses fonctions par l’Archevêque de Kinshasa.
Une occasion saisie par le Curé pour présenter ses excuses au Cardinal ainsi qu’à l’assemblée chrétienne présente : « C’est avec humilité, un cœur contrarié et repentant que je prends la parole au sujet de la vidéo dans laquelle je faisais une blague en face de moi. J’avoue en âme et conscience et je reconnais devant tata Cardinal que cette blague était de mauvais goût. Pour s’en rendre compte, il suffit de voir combien il vous a heurtés et scandalisés plus d’un. Je sollicite vos prières pour qu’une telle imprudence ne se reprenne plus dans ma vie de prêtre. Une fois de plus, pardon, pardon et pardon ».
Une repentance acceptée par le Cardinal a accepté tout en fustigeant son attitude en spécifiant pour la réhabilitation complète du Curé : « Un prêtre ne s’exprime pas de la sorte. C’est une offense à notre foi, à notre honneur. C’est un acte grave. Cependant, quand un pécheur, reconnaît ses péchés et demande pardon, on le lui accorde. Nous prenons acte de sa demande de pardon. Nous ne disons pas qu’il est réhabilité. Il a reçu un décret de mesure conservatoire. Tant qu’il n’a pas reçu un autre décret suspendant le premier, il n’est pas réhabilité ».
Et d’ajouter que « le service du vicariat judiciaire a mené des enquêtes. Les évêques ont interrogé certains membre de cette paroisse et dans ses charges précédentes, aucune preuve qu’il a eu des enfants ».
Dans une vidéo devenue virale sur les réseaux sociaux, le Curé Lusambu fustigeait à sa manière la proposition de la Conférence Episcopale Nationale du Congo (CENCO) qui s’inscrit dans l’idée de permettre aux prêtres qui ont des enfants d’assumer leurs responsabilités de parents en quittant le sacerdoce.
« On veut me retirer la soutane. Où veulent-ils donc que j’aille alors que toute ma jeunesse et ma vie je les ai consacrées à Dieu ? Si j’ai 4 ou 5 enfants, comment vais-je les élever dans la mesure où le décompte final n’existe pas dans ce que nous faisons ? Je connais l’un parmi eux qui a 4 enfants. A-t-il été suspendu ? Peut-être il faudra à notre tour qu’on écrive au pape pour qu’il le suspende. Tout celui qui va oser toucher à ma soutane, nous allons nous mêler les pinceaux », ricanait-il dans un état second dans cette vidéo qui a fait le buzz.
Dans le document qui le suspendait daté du 21 avril 2022 l’on pouvait lire : « La Chancellerie de l’Archidiocèse de Kinshasa informe le peuple de Dieu que Monsieur l’Abbé Aimé Lusambu, Curé de la paroisse Saint François de Sales et Doyen du Doyenné qui porte le même nom, est provisoirement éloigné de ses offices ecclésiastiques. En attendant l’aboutissement des enquêtes, le peuple de Dieu est invité à porter Monsieur l’Abbé Aimé Lusambu dans ses prières ».
Pour rappel, cette affaire tire sa genèse de la session ordinaire de l’Assemblée plénière de la Conférence Épiscopale Nationale du Congo (CENCO), tenue à Kinshasa du 2 au 3 mars 2022. A l’issue de cette rencontre, les évêques étaient montés au créneau concernant le cas des prêtes qui ont des enfants, en violation du droit canonique.
Pour l’analyste Joseph Emmanuel Bunduki Kabeya, « Cette réhabilitation ne nous dit pas si l’abbé qui avait été suspendu a été innocenté ou sa non condamnation est le refus d’ouvrir une boîte de Pandore d’une situation hypocritement tue. Le fait que certains prêtres toutes fonctions ou titres confondus seraient en situation de cessation d’activité à leur plus grande honte. En demandant aux prêtres géniteurs de progénitures avec des femmes de quitter leur sacerdoce, la Cenco a touché une corde sensible. Une corde qui pourrait également l’éclabousser. Est-elle sans péché ? Dieu seul le sait ».
Et il poursuit : « Cette volonté de la Cenco de se séparer des prêtres, pères de famille, relance la question du célibat des prêtres. Doivent-ils rester célibataires et sans enfants dans des sociétés où quitter la terre sans descendance est difficilement acceptable ? Comment des enfants ou des adolescents qui se destinent à la prêtrise peuvent-ils si jeunes appréhender et comprendre le sens de ce sacrifice élevé de ne pas avoir d’enfants pour le service du Seigneur ? Comment ne pas désirer avoir ses propres enfants quand ils s’occupent de ceux des autres ou des membres de leur famille ? Faudrait-il leur jeter la pierre s’ils chutent ? Cela restera un problème que l’Eglise catholique doit expliquer sereinement et calmement à tous ses postulants et à tous les consacrés car comme le dit la Bible « l’ennemi rôde rugissant cherchant qui dévorer ».
A lire aussi : RDC : Les prêtres ayant des enfants doivent quitter le sacerdoce [CENCO] https://www.afriwave.com/2022/04/06/rdc-les-pretres-ayant-des-enfants-doivent-quitter-le-sacerdoce-cenco/
Thaddée Luaba Wa Ba Mabungi