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RDC : Attaques du M23, le Rwanda et les combats contre les FARDC et la MONUSCO

En difficulté sur le front militaire face aux FARDC depuis quelques temps et exclus du premier round de discussions avec les groupes armés de Nairobi, les rebelles du M23 ont multipliés leurs attaques. Notamment contre une base des casques bleus de la Monusco dimanche 22 mai 2022 dans la zone de Shangi, territoire de Rutshuru. Les combats qui ont durés de 4h00 à 7h00 du matin se sont soldés par l’échec des assaillants pour reprendre les positions perdues.

Dans sa riposte depuis lundi 23 mai 2022, la force de l’ONU de la Monusco en appui aérien aux FARDC, a procédé au pilonnement des positions rebelles du côté de Bukama vers Tshanzu dans la forêt de Rutshuru.  En débandade, les rebelles se replient vers leurs dernières lignes du côté du Mont Sabinyo dans la région de Shangi près de la frontière rwandaise.

Alors qu’une nouvelle attaque rebelle fauchait une Jeep montée (14.5) des FARDC sur l’axe Bigega-Bunagana, ne laissant aucun survivant parmi les forces loyalistes ; les FARDC n’ont cessé d’infliger un très lourd bilan aux rebelles et leurs alliés à Jomba dans la chefferie de Bwisha.

Reprenant l’initiative de riposte dans les combats depuis lundi 23 mai, les FARDC pilonnant la petite colline du nom « Umugongo Winzovu » à près de 11 km de la cité frontalière de Bunagana où les rebelles du M23 tentaient de se réorganiser et de recevoir du renfort ont fini par être accusé d’avoir bombardé le territoire rwandais.

D’où viennent les armes utilisées par les groupes rebelles dans l’Est de la RDC ?

Poser cette question serait y répondre lorsque l’on sait que du RCD-Goma de Ruberwa au M23 de Makenga en passant par le CNDP de Nkunda Batware, ces rébellions sont soutenues militairement par Kigali et son régime qui y règne depuis 1994.

Toutes ces rébellions-écrans ont et continuent d’opérer et de se replier dans leurs bases-arrières naturelles, la frontière rwandaise -Gikeri- ; un repli stratégique révélateur si besoin en est encore du commanditaire. 

Le lundi 23 mai dernier, à travers un communiqué publié sur son compte twitter, l’armée rwandaise accusait les FARDC d’avoir effectué des bombardements sur son territoire, lesquels ont touché Kinigi et le secteur de Nyange dans le district de Musanze, blessant de nombreux civils. A ce sujet, la RDF a même demandé au mécanisme conjoint de vérification élargi d’enquêter sur la question.

Mais, dans l’opinion, au Nord-Kivu, certains craignent que le Rwanda ait cherché un prétexte pour lancer ses attaques sur le sol congolais. Depuis plus de 2 décennies, Kigali est souvent soupçonné d’alimenter des tensions dans l’Est. Déjà, lors de la prise de Goma par les M23 en 2012, le régime de Joseph Kabila accusait ouvertement le Rwanda d’être derrière des miliciens au Nord-Kivu.

Après l’attaque M23 du dimanche au lundi 28 mars 2022, les autorités militaires du Nord-Kivu avaient pointé d’un doigt accusateur la RDF après avoir capturé 2 de ses éléments : « Les FARDC portent à la connaissance de l’opinion que dans la nuit du 27 au 28 mars 2022, le M23 soutenu par les Forces de défense du Rwanda (RDF) a mené des incursions et attaqué les positions des FARDC de Tchangu et Runyonyi dans le territoire de Rutshuru. Au cours de ces attaques, les FARDC ont mis la main sur 2 militaires rwandais », avait déclaré le général Sylvain Ekenge, porte-parole du gouverneur militaire dans un communiqué ; des faits niés par le Rwanda.

Avec les récents évènements sur terrain pour constater les accusations de la partie congolaise, on a découvert des armes, casque et tenue militaires aux couleurs de la Rwanda Defense Forces (RDF) présentés par les FARDC à la délégation du Mécanisme conjoint de vérification de la CIRGL comme preuve de l’appui du Rwanda au M23.

Plusieurs autres attaques d’hommes armés signalés ont visé des positions militaires congolaises depuis mardi 24 mai 2022 dans la cité de Kibumba, en territoire de Nyiragongo, près de la ville de Goma (Nord-Kivu). « Personne n’a encore ouvert la porte mais les militaires rwandais sont visibles partout vers les localités voisines de la route principale. Ils sont bien armés », alertait tôt le mardi matin, des habitants apeurés de la cité de Kibumba.

Une affirmation corroborée par la société civile de Goma, Marrion Ngavho, son président ; demandant à Kigali de ne plus nier son implication dans cette incursion sur le sol congolais au regard des preuves observables sur le terrain.

« Après leur échec dans le Rutshuru, les RDF viennent d’attaquer Kibumba/Buhumba en territoire de Nyiragongo. Cette fois-ci, le Rwanda ne va pas nier que ce sont ses militaires, car il n’y a pas de M23 de ce côté », expliquait ce responsable de la société civile mardi.

Dans l’entretemps, les FARDC ont repris le Contrôle Du Mont Ruwenzori, l’accompagnement de l’armée rwandaise aux rebelles ne faisant plus mystère par les effets militaires abandonnés dans la fuite.

Pour l’analyste politique Joseph Emmanuel Bunduki Kabeya, « La réplique des FARDC à la triple attaque du M23 allié aux Forces de Défense Rwandaise met du baume au cœur de la population congolaise. En effet, depuis deux décennies, les congolais vivaient avec un complexe d’infériorité face aux rebelles d’obédience rwandaise. Il faut dire que les belligérants, avec leurs taupes infiltrées et la mauvaise foi des dirigeants politiques de l’époque, ne se sentaient nullement menacés. Les velléités des feu Mbunza Mabe ou Mamadou Ndala ont été rapidement étouffées et les précités ont disparu dans des circonstances non élucidées à ce jour ».

Il poursuit : « Cette réaction musclée des FARDC est un signal que sous l’actuelle administration Tshisekedi, le commandement suprême et le gouvernement soutiennent pleinement leur armée. Ainsi, elle redore son blason terni et rappelle sa vaillance oubliée par certains. Déjà la Force Publique avait brillé à Mahenge, Tabora, Assossa, en Abyssinie. Les FAZ ont vaillamment lutté contre les forces de Kadhafi dans la Bande d’Aouzzou disputée avec le Tchad. En 1990, la DSP avait, sous le commandement du général Mahele, repoussé en Ouganda la première incursion du FPR alors commandé par feu Fred Ruigema ».

Sa conclusion est tout aussi claire : « Le dernier succès en date des FARDC sonne comme un air de revanche pour cette armée qui a été publiquement humiliée par ses adversaires à la chute de Mobutu et durant tout le règne des massacres et impunités qui ont endeuillés l’Est de la République depuis plus de 20 ans. Cette vaillance retrouvée a également son fondement dans le fait que la nouvelle génération de militaires a compris que sa bravoure et son sacrifice sont les remparts de l’existence même de la RDCongo qui fait face à toutes les tentatives de balkanisation. Fait que l’actuelle administration a bien comprise. La Défense de la RDCongo à tout prix est une question existentielle. Que ce succès des militaires congolais ne soit pas un one shot mais un début de reconquête qui les feront respecter dans toute l’Afrique et le monde ».

Thaddée Luaba Wa Ba Mabungi

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