RDC : Patriotique soutien aux FARDC face à l’appui affiché du Rwanda aux rebelles de l’Est [EXPLICATIONS]

Jamais réveil patriotique n’a été aussi fort comme aujourd’hui depuis la résurgence des velléités rwandaises par ses multiples rébellions téléguidées dont celle du mouvement terroriste du 23 Mars dit M23 par ses attaques contre les FARDC et les de l’ONU de la Monusco.

Les tensions exacerbées dans le pays et la crispation avec le Rwanda sur cette question rappellent les années 1978 et les attaques des ex-gendarmes Katangais sous la conduite du général Nathanaël Mbumba.

En pleine guerre froide entre américains et soviétiques, soutenus par le régime MPLA (Mouvement Populaire de Libération de l’Angola) d’obédience marxiste, les ex-gendarmes Katangais avaient crus donner un dernier coup de boutoir contre le régime Mobutu pour le chasser du pouvoir.

Occupant le sud-ouest de la région (province) du Shaba notamment Kolwezi, mais c’était sans compter avec la détermination des Forces Armées Zaïroises (FAZ) appuyées par des contingents des forces armées marocaines et la légion étrangère française.

Ce qui se passe aujourd’hui face aux velléités rwandaise rappelle ces lointains souvenirs du temps où face à l’Angola marxiste, les Zaïrois unis comme un seul homme soutenaient leur chef de l’époque ; le général Mobutu au pouvoir depuis 13 ans déjà et les forces armées de l’époque.

Les événements malheureux du 6 avril 1994 au Rwanda avec la mort tragique des Présidents rwandais Juvénal Habyarimana et burundais Cyprien Ntaryamira alors que les rebelles tutsis du Front Patriotique Rwandais (FPR) assiégeaient Kigali et le massacre d’une partie de la population à majorité des tutsis qui s’en suivie n’a pas de commune mesure à ce que subit la RDC depuis 26 ans bientôt.

Sous prétexte de se défendre contre les « présumés » génocidaires, le régime installé à Kigali sous la main de fer de Paul Kagamé s’est coalisé avec l’Ouganda de Yoweri Kaguta Museveni pour se débarrasser de Mobutu et son pouvoir. L’homme tête de pont trouvé pour accomplir ce dessein ne sera autre que Laurent-Désiré Kabila, un ancien rebelle converti en trafiquant de l’or entre l’Est du pays, l’Ouganda et la Tanzanie.

C’est la naissance de L’Alliance des Forces Démocratiques pour la Libération du Congo (AFDL) pour les uns, ou parfois l’Alliance des Forces Démocratiques pour la Libération du Congo-Zaïre pour les autres.  Dans sa visée expansionniste et pour mieux exploiter le géant Congo en lui faisant payer le prix de ce dont il n’avait pas été à l’origine dans son pays, Kagamé n’avait trouvé mieux que d’imposer un rwandais, en l’occurrence le général James Kabarebe à la tête des nouvelles forces armées en qualité de Chef d’Etat-major.

Les armées ougandaise et rwandaise à majorité accompagnées des supplétifs congolais recrutés en cours de route mirent en marche vers Kinshasa qu’ils atteindront 7 mois plus tard. Affaiblie par la maladie et vomi de tous ceux qui l’avait encore hier soutenu au nom de la guerre froide, Mobutu fuira son pays pour le Togo d’Eyadema d’abord avant de finir sa vie au Maroc d’Hassan 2 qui l’avait accueilli au nom de leur longue amitié.

C’est depuis lors qu’une « infiltration » organisée s’était mise en place : de l’administration à l’armée en passant par les renseignements et le reste des services de sécurité l’Etat, le Rwanda a mis sur pied un plan bien conçu. Lorsque Laurent-Désiré Kabila s’en rendra compte et voudra se séparer des rwandais, il sera trop tard pour lui de réagir et corriger l’erreur ; son sort étant déjà scellé. Il sera assassiné dans des circonstances troubles et jamais élucidées jusqu’à ce jour le 16 janvier 2001, presque 4 ans jour pour jour depuis sa prise de pouvoir.

Son remplacement monarchique par Joseph Kabila, un ancien du FPR rwandais ne résoudra jamais les problèmes avec le régime de Kigali depuis la chute d’Habyarimana. De la naissance en 1998 du Rassemblement Congolais pour la Démocratie (RCD-Goma), un groupe rebelle soi-disant congolais actif dans la partie Est du pays, c’est une descente aux enfers pour les populations des provinces du Nord et Sud-Kivu qui paient un lourd un lourd tribut où massacres, tueries et viols sont devenus le lot quotidien.

A cela, il faut ajouter l’exploitation et le pillage des ressources minières et naturelles du Congo comme l’or, le coltan dont le Rwanda est devenu un des grands producteurs mondiaux. Comme si cela ne suffisait pas, les rebellions téléguidées depuis Kigali prendront une autre dimension, celle ethnique pour défendre les rwandophones du Congo, en l’occurrence des tutsis.

Ainsi naitront successivement en janvier 2006 le « Congrès National pour la Défense du Peuple » (CNDP) de Laurent Nkundabatware Mihigo, un soldat rwandais intégré par brassage dans les forces congolaises et bombardé général. Ce criminel de guerre en fuite a disparu de tous les radars depuis plus de dix ans. Il se fait discret dans au Rwanda, son pays d’origine dans lequel il a trouvé refuge et bénéficie d’une impunité notoire.

Selon le rapport Mapping dans sa partie rendue public, le général Laurent Nkundabatware Mihigo a sévi dans les provinces du Nord et du Sud-Kivu de la RDC entre 1998 et 2009. Sa carrière militaire commence au Rwanda où il rejoint le Front Patriotique Rwandais (FPR) en 1992, un mouvement rebelle formé par des Rwandais tutsis exilés qui s’empare du pays en juillet 1994 après avoir mis fin au génocide.

Deux années plus tard, le chrétien adventiste du 7ème Jour rejeté par son église Nkundabatware réapparait au sein l’Alliance des forces démocratiques pour la libération du Congo (AFDL) dans sa prise du pouvoir au Zaïre. En 1998, l’alliance passée entre le Rwanda et l’AFDL se brisant, Laurent Nkundabatware rejoint le Rassemblement Congolais pour la Démocratie (RCD-Goma), un nouveau groupe armé soutenu par le Rwanda.

Toujours selon le Rapport Mapping, les premiers crimes connus imputables à Laurent Nkundabatware remontent à mai 2002, alors qu’il est envoyé à Kisangani pour mater une mutinerie. Plus de 160 exécutions sommaires seront commises par ses hommes. En 2003, avec la fin de la guerre, le RCD-Goma fusionne avec l’armée nationale. Nommé général de brigade à Kinshasa, Laurent Nkunda refuse cette affectation et prend le maquis dans le Nord-Kivu. En juin 2004, lui et ses hommes commettent des crimes de guerre lors de la prise de Bukavu.

La justice congolaise émet, en 2005, un mandat d’arrêt international contre Laurent Nkundabatware pour « crimes de guerre et crimes contre l’humanité » mais il ne fait l’objet d’aucune tentative d’arrestation. Au cours de la même année, les Nations unies le mettent sur la liste des personnes faisant l’objet de sanctions. Cela ne l’empêche nullement de circuler librement au Rwanda et en Ouganda.

En janvier 2006 lors de la création de son nouveau groupe armé le CNDP, Nkundabatware reçoit un soutien militaire et logistique du Rwanda, comme le relèvent les Nations unies en 2008. En menaçant de prendre le pouvoir à Kinshasa, il va trop loin et la pression internationale s’accentue sur le Rwanda pour que les autorités lui retirent leur soutien.

Le CNDP connaît alors des dissensions internes. Début janvier 2009, Laurent Nkundabatware est démis de ses fonctions ; il fuit au Rwanda où il est officiellement arrêté le 22 janvier 2009 et assigné à résidence, sans motif rendu public, dans un lieu gardé secret à Kigali. En mai 2009, le Rwanda répond par la négative à la demande d’extradition de la RDC, au motif que le pays demandeur pratique la peine de mort.

En mars 2010, la Cour suprême du Rwanda décide que, ayant été capturé par l’armée, il doit être jugé devant un tribunal militaire. Ce sont les dernières informations à ce jour. Que devient Laurent Nkundabatware aujourd’hui au Rwanda alors que son compère Bosco Ntaganda est incarcéré à la Cour Pénale Internationale (CPI) de La Haye aux Pays-Bas ? Quelles sont les démarches judiciaires intentées par la RDC à ce jour pour ce criminel devenu un fantôme… qui continue de hanter les Congolais ?

Et puis vint le M23, toujours soutenu par le Rwanda

La rébellion aujourd’hui considéré comme un mouvement terroriste dite Mouvement du 23 Mars (M23) est une continuation du combat qui a pris place au Nord-Kivu, depuis la fin formelle de la guerre du Kivu de 2004 à 2009. Le 23 mars 2009, le gouvernement congolais de l’époque signe un accord de paix avec une milice pro-Tutsi, les combattants du M23 se nomment ainsi en référence à cet accord.

Né en Mai 2012 de la mutinerie d’anciens rebelles du CNDP de Nkundabatware contre le gouvernement congolais, le M23 se situe dans la prolongation directe du RCD-Goma son ancêtre. Entre nnovembre et décembre 2012, ses combattants occupent brièvement Goma, la capitale du Nord-Kivu, pendant une dizaine de jours avant d’être chassé du pays en décembre 2013.

Essentiellement composé des anciens soldats intégrés dans l’armée congolaise dans le cadre de brassage et qui se sont de nouveau rebellés ; accusant le gouvernement de marginaliser leur minorité ethnique en l’occurrence les « tutsis congolais » qui n’ont jamais existés en réalité.

Plus précisément, « la plupart viennent de communautés rwandophones congolaises du nord », comme le détaillait Pierre Boisselet, chercheur au Groupe d’Etudes sur le Congo dans le Journal Afrique du 4 avril 2022 sur TV5MONDE selon qui, les rebelles du M23 « voudraient reprendre les terres qu’ils estiment leur appartenir et aussi une meilleure représentativité à l’intérieur des autorités du Nord-Kivu ».

Depuis la fin du mois de mars 2022, des affrontements entre l’armée congolaise et les rebelles du M23 font rage sans que l’on explique cette résurgence jusqu’à ce qu’aujourd’hui la RDC et le Rwanda s’accusent mutuellement avec risques d’entrée en guerre entre les deux pays. Les 28 et 29 mars 2022, ils sont sortis de leurs bastions d’altitude pour attaquer des positions de l’armée, notamment à Runyoni et Tchanzu, région où huit soldats de l’ONU sont morts dans le crash de leur hélicoptère le 29 mars, encore inexpliqué jusqu’à ce jour.

C’est depuis janvier 2017 que des témoins faisaient état de la présence d’ex-combattants du M23 dans la région de Rutshuru avant de lancer leurs premières attaques contre les positions de l’armée dans le territoire du Rutshuru en novembre 2021. Et ce, depuis leurs défaite et dissolution en tant que groupe armé dans le cadre d’un accord de paix régional signé à Nairobi en décembre 2013. Les rebelles du M23 étaient censés désarmés et placés pour la plupart dans des camps en Ouganda.

Selon toute vraisemblance, la nouvelle résurgence du M23 se cadre avec deux volontés affichées de Kigali désormais accusé de soutien avéré aux rebelles : posséder une force négative aux frontières du Congo pour s’assurer une paix intérieurs face aux boutades de Forces Démocratiques pour la Libération du Rwanda (FDLR), composées des rebelles hutu rwandais présents dans l’Est de la RDC depuis 1994.

Mais aussi de mettre un coup de pression sur le gouvernement pour qu’il accepte leurs revendications, notamment la démobilisation, le désarmement et la réinsertion des combattants ; les rebelles souhaitant qu’ils soient de nouveau réintégrés au sein des FARDC », ou qu’ils puissent revenir sur les terres qu’ils revendiquent. Cependant comme l’a dit assez clairement le représentant du Chef de l’Etat Félix Tshisekedi aux négociations de Nairobi, le gouvernement congolais « ne veut plus de la réintégration collective des rebelles au sein de l’armée » ; une position soutenue par la communauté internationale, qui pourrait financer le prochain programme de démobilisation attendue.

Christophe Lutundula, Vice-premier ministre et ministre des Affaires Etrangères congolais n’y est pas allé d’une main morte en accusant clairement devant l’Union Africaine : « le Rwanda, je le dis sans hésitation, a attaqué le camp de Rumangabo », une importante base des FARDC à une quarantaine de kilomètres au nord de Goma avant d’ajouter que « le M23, soutenu par le Rwanda, a attaqué les troupes internationales » de l’ONU. « Alors qu’il serait légitime que le Rwanda réponde aux attaques des FARDC sur son territoire, il n’est pas impliqué dans les combats en cours » retorquait pour sa part Yolande Makoko, porte-parole du gouvernement rwandais d’origine en partie congolaise

Pour le Rwanda, il s’agit d’un « conflit intra-congolais » Kigali accusant l’armée congolaise d’avoir tiré des roquettes vers le Rwanda, blessant plusieurs civils en date du 23 mai 2022. Une enquête a été demandée au Mécanisme de vérification conjoint élargi (MCVE), un organisme régional qui surveille et mène des enquêtes sur les incidents de sécurité dans cette région volatile des Grands Lacs.

Il faut tout de même le dire qu’entre Kigali et Kinshasa, il s’est toujours assagi d’une relation sous tension permanente.  Pour mieux comprendre les divergences entre les deux pays sur la rébellion du M23, il faut aussi remonter au génocide des Tutsi au Rwanda, en 1994. Cette tragédie est à l’origine d’un exode massif en RDC de Hutu rwandais, accusés d’avoir massacré. Depuis lors dans sa quête d’une paix intérieure, le Rwanda est régulièrement accusé par Kinshasa d’incursions au Congo et de soutien à des groupes armés qui pullulent dans l’Est du pays.

Les dernières preuves d’appui de l’armée rwandaise et la capture de ses soldats sur le sol congolais ont fini par faire tomber les masques. Les autorités congolaise ont fini par réaliser une chose : « Soit c’est la guerre totale contre ces rebellions téléguidées, soit c’est la paix totale, car la paix avec le Rwanda n’est pas un aveu de faiblesse ou une naïveté ».

Les victoires des FARDC en délogeant le M23 de positions conquises et les renforts des nouvelles unités combattantes à l’instar du 211ème Bataillon commando venu de Lubumbashi pour le Nord Kivu est une preuve de détermination du chef de l’État Félix Tshisekedi pour remettre la paix par la « sacralité de la mission de protéger l’intégrité territoriale et les populations congolaises et leurs biens contre tous les ennemis ».  

A lire aussi : RDC : Mise en garde contre le Rwanda, le M23 désormais mouvement terroriste ! https://www.afriwave.com/2022/05/28/rdc-mise-en-garde-contre-le-rwanda-le-m23-desormais-mouvement-terroriste/

Roger DIKU et Thaddée Luaba Wa Ba Mabungi

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Rédaction

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