C’est à dater de ce vendredi 03 juin 2022 que s’ouvre à Kinshasa le procès de François Beya Kasonga dit « Fantômas », l’ancien « securotate » du Chef de l’Etat Félix Tshisekedi devant la Haute Cour Militaire siégeant en matière répressive au premier degré dans l’enceinte de la Prison centrale de Makala, Commune de Selembao où l’accusé sera appelé à « présenter ses dires et moyens de défense sur les faits » lui reprochés.
La première audience qui a été celle des formalités n’aura duré que quelques temps sans la présence de la presse non autorisée. Elle a consisté à l’identification des prévenus, l’enregistrement de leurs avocats-conseils, la lecture des charges retenues et l’écoute des exceptions de la défense ; dont certaines ont été acceptées par le Ministère public.
Vêtu de la veste bleu aux rayures jaunes des prisonniers, François Beya hier encore un homme si puissant a paru serein et en bonne forme contrairement aux nouvelles alarmistes sur son état de santé il y a encore quelques mois. Ses avocats ayant même profiter pour solliciter une remise en liberté provisoire de leur client, avant que la séance ne soit levée pour une semaine avant la reprise du procès au vendredi 10 juin 2022.
Présumé innocent, des charges contre lui et ses coaccusés jusque là tenues secrètes depuis son arrestation du 05 février 2022 à Kinshasa, l’on commence à y voir un peu plus clair. Par contre, selon le document « Citation à prévenu » qui a fuité dans la presse, les charges contre François Beya Kasonga et ses codétenus sont plus que détaillées. A ses côtés le Colonel Cikapa Tite Mokili David, le Commissaire Supérieur Principal Lily Tambwe Mauwa, le Lieutenant-Colonel Kalenga Kalenga et Tonton Twadi Sekele.
Pour le procureur militaire dans son argumentaire d’accusation, il reproché à l’ancien Conseiller à la Sécurité nationale du Chef de l’Etat ; « Comme auteur, co-auteur ou complice, d’avoir formé un complot contre la vie ou contre la personne du Chef de l’Etat » durant la période entre 2020 et le 04 février 2022 avant son arrestation rocambolesque le lendemain.
Par « abus et excès de pouvoir », il est reproché à Beya « sans autorisation du ministère de la Défense et de la Présidence de la République aurait ordonné à un colonel, chef de son protocole, d’acheter du matériel militaire auprès d’une société belge dont trois tenues militaires, un polo militaire, un sac à dos, une paire de bottines et deux ceinturons ». Mais aussi « Le fait d’avoir exercé des fortes pressions sur le Sous-chef d’Etat-Major du renseignement qui avait arrêté le colonel précité, de le libérer ».
Une autre accusation concerne ce lien gardé par François Beya avec son contact physique pris à Harare au Zimbabwe en 2021 avec le Général d’Armée John Numbi Banza Tambo en fuite. L’ancien Inspecteur Général de l’armée comme de la police national reste soupçonné d’être le principal suspect et commanditaire de l’assassinat de deux défenseurs des droits de l’homme, Floribert Chebeya et Fidèle Bazana. John Numbi également cité de « s’activer au recrutement d’anciens éléments Simba, ces miliciens congolais refugiés en Angola et en Namibie pour renverser le régime en place ».
Il serait aussi reproché à Beya « le fait de s’être abstenu, à dessein, de livrer au Président de la république des informations reçues sur des projets ou actes de trahison, d’espionnage ou d’autres activités de nature à nuire à la défense nationale, d’attentats ou de complots contre la sécurité intérieure de l’Etat notamment, les actes préparatoires de déstabilisation du pouvoir de Kinshasa à partir de la Tanzanie suite à la mutualisation des forces entre la RDC et l’Ouganda ». Mais aussi de l’existence d’un réseau d’infiltration des insurrectionnels Bakata Katanga dans le Katanga.
Il y a également ces « propos injurieux et offensants envers la personne du Chef de l’Etat, tenus par Guy Vanda (son Vanda), son assistant, en date du 13 janvier 2022, et publiés sur la page WhatsApp du Commissaire Principal Tambwe Lyly, qualifiant de régime des prévenus, le régime incarné par Monsieur le président de la République » dont Beya n’aurait pas tenu informer le Président de la République au regard de ses fonctions.
François Beya aurait « tenu personnellement, envers le président de la République, les propos injurieux et offensants, en usant des termes tels que « Zoba-zoba, matama, alingi kaka fufu » ; propos tels que rapportés par le nommé Léon Kangudia sur sa page WhatsApp ».
Documents JeuneAfrique
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Roger DIKU et Thaddée Luaba Wa Ba Mabungi